Nouvelles en vrac

Une rencontre - Partie 3

- Salut tonton ! T'es ouvert finalement ?" Elle aperçu Leila et son sourire s'effaça un instant avant de réapparaître "Tu as trouvé un appeau à touristes ?
- Shhh, fillette ! Madame... Oh, j'ai oublié de demander votre nom !
- Asfour. Mais appelez-moi Leila."

Le tenancier ne fit aucun commentaire, même muet, à l'annonce de son nom. Elle en fut surprise, ce n'était pas la réaction habituelle dans ce genre de lieux.

- Leila ici présente n'a plus de moyen de transport et aurait besoin d'un coup de main pour rejoindre la civilisation. Tu pourrais lui faire un brin de conduite ?
- Bien sûr que je peux !" Son sourire s'agrandit encore. "Je ne souhaite à personne de rester coincé dans ce trou plus de quelques heures.
- Un peu de respect, friponne !" Ri le vieil homme
- Ta cuisine est exceptionnelle tonton, mais tu es bien le seul charme des environs, et tu le sais.
- Mange au lieu de raconter des sottises, flatteuse. Ton omelette va refroidir, et j'y ai mis des cèpes."

Il avait joint le geste à la parole, servant à sa nièce une généreuse portion. Celle-ci fut dévorée à une vitesse impressionnante, laissant Leila bouche bée. Elle n'avait jamais vu quelqu'un manger aussi vite. Le temps qu'elle termine sa part de tarte, Aurore avait avalé son omelette, une portion de frites, une tartine de fromage et son propre dessert.

- Vous prenez du café, m'dame ? Tonton en fait un très bon.
- Oh, je ne voudrais pas vous retarder !
- Je peux vous faire une tasse à emporter, j'ai l'habitude avec la petite." glissa le vieil homme. "Ou d'autre chose, si le café ne vous tente pas.
- Je gouterais volontiers votre café, dans ce cas."

Le tenancier prépara deux cafés dans des tasses isothermes qu'il remis aux jeunes femmes. Leila insista pour régler les cafés et son repas, malgré l'insistance du vieillard, décidé à les lui offrir. Aurore les regarda batailler d'un air inquiet et leva un sourcil surpris lorsque que sa passagère fini par l'emporter.

- Vous m'impressionnez m'dame, c'est pas souvent que mon oncle cède quand il a une idée en tête. Moi j'ai arrêté d'essayer de lui payer mes repas depuis longtemps !" lui dit-elle quand elles eurent quitté l'établissement.
- J'ai été commerciale itinérante pendant des années, j'ai l'habitude de traiter avec des gens têtus. La seule différence entre votre oncle et mes anciens clients c'est que normalement, c'est moi qui touche l'argent."

Aurore éclata de rire et entra dans sa voiture. C'était un ancien modèle de Clio d'un rose surprenant, un peu fané, plus commun sur les tapisseries que sur les voitures. Leila s'en étonna.

- Ah oui ! Elle appartenait à une vieille dame avant, c'est elle qui a choisi la couleur. Apparemment ça ne plait pas beaucoup, parce que je l'ai eu pour pas cher. Moi j'aime bien, et puis elle est facile à retrouver sur les parking au moins."

L'intérieur de la voiture était d'un gris beaucoup plus banal, mais qui ressortait agréablement par rapport à la carrosserie. Il sentait la cannelle, le pain frais et une substance beaucoup moins légale.

- Vous êtes boulangère ?" questionna Leila, en se demandant ce qu'elle ferait si sa conductrice lui proposait un space cake.
- Non, mais je cuisine un peu et je fais pas mal de livraisons pour dépanner mon grand-oncle. Il a failli être pâtissier, vous savez ?
- Il n'en a pas parlé. Qu'est-ce qui lui est arrivé ?
- La même chose qu'à tout le monde à l'époque, la guerre. Il en est rentré... Changé. Il a fait pas mal de boulots, et un jour il a annoncé à tout le monde qu'il reprenait un resto dans un village paumé. Tout le monde a cru qu'il était devenu fou, mais il s'en sort.
- Vous avez une grande famille ?
- Plus trop. Ma grand-mère, sa sœur cadette, n'a eu qu'un enfant, mon père. Leur petit frère est mort à la guerre. La dernière sœur a eu une grande famille, mais aux États-Unis. Elle est morte il y a un moment déjà, ses enfants ne parlent qu'anglais et Tonton n'a jamais réussi à apprendre une autre langue. Et puis lui n'a pas eu d'enfants, bien sûr.