Chapitre 11 partie 1 - Léo

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Au milieu de l'après-midi, mon état s'arrange. La nausée et le tourni passent, laissant la migraine pour seule compagne. Après une courte hésitation, je me lève du lit et m'approche de la porte. Ashton l'a vraiment laissé ouverte.

Des voix étouffées me parviennent de la gauche, depuis la cuisine et le salon. Mais j'ai décidé de partir explorer le chalet, au risque de tomber sur d'autres loups. Alors je pousse doucement la porte, tout en m'assurant de rester hors de vue des hommes se trouvant à gauche, et tourne à droite.

Un grand couloir me fait face. Je ne connais que la porte de la salle de bain en face de moi. Mais ce n'est pas ça qui m'intéresse. Alors je m'éloigne rapidement, mais en silence. Le couloir s'allonge sur une demi-douzaine de portes de chaque côté, puis une baie vitrée s'ouvre sur une cour intérieure carrée. Plusieurs arbustes poussent librement, au milieu d'une prairie fleurie. Un chemin en gravier quadrille la cours. Je ne vois pas d'ouverture pour aller s'y aventurer. Un escalier se trouve sur ma droite.

Je l'emprunte à pas de loup.

Il n'y a visiblement qu'un seul étage. Je me retrouve face à un couloir qui retourne en direction de la cuisine, et un qui fait le tour de la cour, pavé de baies vitrées. Dans d'autres circonstances, je pourrais apprécier l'architecture de ce lieu. Elle est époustouflante.

Mais j'ai une mission, donc je me dirige vers le couloir. Mes sens me permettent de flairer les loups, et j'ouvre uniquement les portes qui ne sentent rien. Je tombe alors sur une chambre d'adolescent. Mon coeur se serre quand je reconnais l'odeur de pins qui flotte ici. Ça doit être la chambre du petit frère d'Ashton.

Rien n'a été déplacé. J'ai le sentiment de pénétrer dans une pièce que le jeune homme viendrait de quitter. Inconsciemment, je serre mes bras autour de moi-même. Je ne peux même pas imaginer combien ça a dû être difficile pour le loup... bien que ça n'excuse en aucun cas son comportement. Perdre un frère...

Je secoue la tête. Je suis fille unique, mais Dani, ma bêta est comme ma soeur. Nous avons grandit ensemble, fait les quatre cents coups toutes les deux pendant notre adolescence. C'était une autre époque, mais mon esprit ne peut pas se représenter un monde sans elle. Je ne sais pas si je serais capable de me remettre de sa perte...

La pièce est chargée de douleur et d'énergie négative. Bien que je l'observe rapidement, un lit aux draps défaits contre le mur de droite, une fenêtre en face de moi, une commode sur ma gauche et des posters à droite, du linge qui traine par terre, mon regard enregistre tous les détails. Une fiche couche de poussière s'est déposée sur la commode. Il n'a rien bougé... J'ai le sentiment que personne n'est rentrée ici depuis un moment. Pourtant, l'odeur d'Ashton imprègne la pièce. Il vient probablement se recueillir ici, pour entretenir la mémoire de son frère ou pour faire son deuil. Peut-être les deux...

Malgré moi, je sens que j'ai violée l'intimité du jeune homme en entrant ici. Et même si une partie de moi estime que c'est mérité, je me sens coupable. Perdre quelqu'un n'est pas anodin, je n'ai pas réellement fait le deuil de mon père, bien qu'il soit mort depuis bientôt dix ans. Ce n'est pas comparable, mon père n'est pas mort dans ces conditions, et je n'ai pas vu ma meute se faire détruire par des pumas violents. Il a perdu la moitié de ses hommes... Il doit faire le deuil de vingt personnes, dont celui d'une personne de son propre sang... Je sors en vitesse de la chambre en réalisant tout cela.

Ma gorge est nouée quand je ferme la porte.

Pour la seconde fois, je secoue la tête. Ma louve semble se satisfaire de l'empathie que j'éprouve envers Ashton. Tu te réveilles quand ça t'arrange hein ? Mais ça ne change rien à ce que je pense de lui. C'est un abruti de loup qui s'est dit que kidnappé des gens était le meilleur moyen d'obtenir ce qu'il voulait, c'est-à-dire protéger sa meute. La fin justifie les moyens hein ? N'importe quoi.

C'est pleine d'une amertume mélangée à de la tristesse, que je découvre une bibliothèque. Le lieu, d'une beauté renversante, est baigné de lumière par un ensemble de velux au plafond. Les livres alignés sur des étagères se ressemblent tous, avec les mêmes couvertures en cuir marron. Plusieurs tables sont disposés en carré sur un tapis gris à poil épais. Une grande carte suspendue contre le mur du fond me rappelle quelque chose.

Je dois faire un point sur la situation.

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11/05/2020 

Entre tigre et loupWhere stories live. Discover now