Infiltré (Saga des Snake)

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Carlton

Pour la première fois depuis longtemps, je suis rentré chez moi, enfin chez mon père. Cet homme qui a créé ce Cartel et qui m'a confié les rênes avant qu'il ne rende son dernier souffle. Il m'a tout appris de ce milieu et ceux depuis mon plus jeune âge. Je fixe la plaine qui s'étend derrière la maison, je n'ai pas eu une enfance comme tout le monde, j'ai vite appris à tenir une arme entre mes mains, à me battre, mais surtout à torturer. Tout ceci était comme un jeu, je ne suis sans doute pas sain d'esprit, mais une chose est sûre, je ne tue pas sans raison. Pas comme mon père qui se moquait de savoir si des innocents trainaient dans le coin, de vrai bain de sang. Alors quand il est mort, j'ai décidé de faire à manière, j'ai laissé tomber le trafic de drogue et la prostitution pour me concentrer uniquement sur les armes. Et ce business fonctionne et rapporte plutôt bien.

La sonnette retentit et me sors de mes pensées. Elle est venue et je suis ravie qu'elle n'ait pas refusée mon invitation. Je me dirige vers la porte d'entrée et s'en attendre plus longtemps, l'ouvre. Ses yeux verts me scrutent avec inquiétude ; or elle ne doit pas douter de ma décision. Elle savait tout comme moi que cela arriverait un jour, garder un secret est une chose, mais parfois il est préférable de les révéler et je sais qu'elle appréhende sa réaction.

- Tu es ravissante, Eryn.

- Merci, Carlton.

Elle me sourit et je fais de même, je l'invite à entrer, puis sans m'attendre, Eryn se dirige vers le salon. Je la rejoins et je la retrouve devant la fenêtre. Je sais qu'elle voue un certain amour pour cette maison. Si mon père ne l'avait pas embauchée en tant que femme de maison, je ne sais pas où elle serait à l'heure actuelle, ni même Sander.

- C'est toujours aussi beau, murmure-t-elle.

- Oui et tu sais que...

- Je t'ai déjà dit non, je ne viendrai pas vivre ici.

Eryn est comme cette sœur que je n'ai jamais eue. La protéger est normal et naturel, si toutefois quelqu'un ose s'en prendre à elle, il ne fera pas long feu, c'est une certitude.

- Un thé ? proposé-je.

- S'il te plaît.

Je m'éclipse dans la cuisine, la voir ici me ramène quelques années en arrière. Dès que la nuit tombait et qu'elle avait terminé sa journée, on se retrouvait dans ce salon et nous discutions durant des heures. Eryn est une femme intelligente et cultivée, l'écouter parler était un vrai bonheur. Elle me faisait oublier qui j'étais. Puis un soir, Eryn semblait perdue et totalement désemparée, rare les fois où je la voyais ainsi, car même si sa vie n'était pas comme elle l'avait espérée, elle ne baissait pas les bras. J'ai dû la forcer à se confier. Elle m'a alors parlé de son fils ingérable, qu'elle récupérait un soir sur deux au poste de police. De ce fait, je lui ai fait une proposition qu'elle a tout d'abord refusée.

- Tu en mets du temps, un problème avec la bouilloire ?

- Je m'en sors très bien ! m'offensé-je.

- Allez, pousse-toi et laisse-moi faire.

Eryn agite sa main pour me dégager et je lui obéis sans broncher. Elle est la seule femme, voir même la seule personne sur cette terre à avoir un tel pouvoir sur moi. Mais je la respecte bien trop pour jouer de mon autorité avec elle et je ne suis pas certain que cela fonctionnerait. Et je n'aurais, sans doute pas, le dernier mot de toute façon. Elle a un caractère bien trempé, je sais de qui tient Sander.

- À quelle heure doit-il arriver ?

- Il ne devrait pas tarder.

Je m'approche d'Eryn, puis je la saisis par les épaules en l'obligeant à me regarder. Je peux sentir son anxiété tant elle n'est pas naturel dans ses gestes.