Infiltré (Saga des Snake)

13

Hailey

Lorsque j'ouvre les yeux, ma tête semble peser une tonne. Je suis dans les vapes, j'ai l'impression de flotter dans les airs. Je tente de me redresser, quand la corde à mes poignets me rappelle que je ne suis pas libre de mes mouvements. Je ne sais pas qui est vraiment Sander ni ce qu'il cherche en me gardant ici. Il doit être formé pour jouer la comédie du parfait mec qui prend soin d'une fille, sans doute pour mieux l'apprivoiser et qu'elle mange dans sa main ensuite. Or, il est mal tombé avec moi, s'il croit un seul instant que je vais me laisser manipuler, il rêve.

Mes jambes sont engourdies à force d'être écartées de chaque côté du lit. Cette position est inconfortable et je jure que lorsqu'il me détachera, il passera les prochains jours les plus longs de sa vie et qu'il n'aura qu'une envie, me foutre dehors.

J'essaie dans une énième tentative de me débarrasser des liens, mais impossible, ils sont trop serrés. Alors, je patiente jusqu'à ce que Sander revienne, je tourne la tête vers la fenêtre et aperçois quelques flocons qui virevoltent au gré du vent. Instantanément, je plonge dans mes souvenirs, je me revois avec ma mère roulant à vive allure sur la piste enneigée du circuit. J'adorais ça, les dérapages, la perte de contrôle puis la maîtrise du véhicule. Peu importe le bolide que j'avais entre les mains, j'en faisais une voiture de course. L'adrénaline qui nourrissait mes veines me donnait l'impression d'être maîtresse du monde, et naïvement, je pensais que rien ne pouvait m'arriver avec ma mère à mes côtés.

Je sursaute lorsque j'entends la porte claquée, puis des pas dans le salon et plus rien. Je ne sais pas si c'est Sander qui est rentré, mon cœur se met à battre un peu plus vite. La peur qu'on vienne m'enlever à nouveau s'immisce petit à petit dans mon cerveau. Je ne fais aucun bruit, je crois même que je cesse de respirer, jusqu'à ce qu'il apparaisse dans l'embrasure de la porte. Son regard est toujours aussi sombre, voire même encore plus que d'habitude.

Sans un mot, il me détache. Je frotte tout d'abord mes poignets et lorsque mes jambes sont enfin libres, je me jette sur lui et tape de toutes mes forces sur son torse. Il recule légèrement surpris par ma rage, puis sans difficulté saisit mes poings.

- Tu vas te faire mal, marmonne-t-il en me repoussant sur le lit.

- Si tu crois que je vais me laisser faire. Non, mais pour qui te prends-tu ? craché-je.

- Garde ton énergie, tu vas en avoir besoin.

Il pivote et ouvre le placard se trouvant le long du mur. Il en sort quelques vêtements qu'il balance sur la couette. Je fixe ceux-ci avant de reporter mon intention sur lui en haussant un sourcil.

- Habille-toi, tu vas prendre l'air, dit-il autoritaire.

- Je n'ai pas envie, le défié-je en croisant les bras contre ma poitrine.

- Si tu n'es pas prête dans dix minutes, je te fous dehors, peu importe, la tenue que tu auras.

Et il se barre en me laissant comme une idiote assise sur le lit. Il a un dédoublement de la personnalité, je ne vois que ça. Comment peut-il passer du mec attentionné au connard en peu de temps ?

Une fois habillée, coiffée, et ma dose de médicament dans le corps, je rejoins la pièce principale. J'ouvre la bouche et stoppe net lorsque j'aperçois Sander adossé à la porte d'entrée. Vêtu d'un treillis noir, de chaussures de rando et d'un blouson aussi sombre que lui, il est carrément sexy, inutile de le nier. Mon regard glisse sur son visage parfait. Ses cheveux courts sur les côtés, mais plus longs et coiffés en arrière sur le dessus, ainsi que ses yeux vert foncé qui me scrutent d'une lueur étrange le rendent à tomber.