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Carlton

La patience est une de mes vertus, le calme aussi, mais en cet instant, j'ai du mal à me contenir. Je tourne en rond dans l'antre du Hacker. Il n'est pas foutu de trouver le moindre indice sur la disparition de la gamine. Je perçois son malaise et les gouttes de sueur qui perlent sur son front me le confirment. Il n'est pas serein et je n'en ai rien à faire. Je ne le paie pas pour tricoter, mais pour fouiller la vie des gens, repérer les failles de nos missions ; or là, c'est bien plus que ça. Une dès notre, car oui elle fait partie de la famille maintenant, a disparu des écrans radars. Alors il va devoir se bouger le cul avant que je lui en colle une entre les deux yeux.

- Tu as quarante-huit heures pas une de plus, après ça considère que ta vie est en danger, tonné-je.

- Je... Oui, je fais au mieux.

- Et bien, ce n'est pas suffisant !

Mon poing s'abat si fort sur son bureau que la tasse de café se renverse sur le clavier. Il pousse un grognement en épongeant rapidement les dégâts avec une serviette en papier.

- Sander tourne fou et je vais finir par ne plus avoir un seul gars de disponible s'il continu à les démolir un par un. À moins que tu ne préfères te joindre à nous sur le terrain, cela peut-être une option.

- Non, je m'y remets de suite.

- Parce que tu avais arrêté ? rajouté-je.

- Pas du tout, Carlton.

Il est le meilleur en la matière, je sais pertinemment qu'il fait de son mieux, mais un petit coup de pression va peut-être l'amener à découvrir quelque chose. Je le laisse à sa tâche et rejoins le centre de l'entrepôt où se trouvent mes hommes. Je les observe à la dérobe, j'en ai une cinquantaine sous mes ordres, cela peut paraître peu, mais ils me sont fidèles. Ils le savent, un seul écart de leur part et je les anéantis à ma façon : la torture, mon péché mignon ; le traumatisme psychologique ou la mort, tout dépend du degré de trahison.

Certains d'entre eux sont un peu moins malléables que d'autres, comme Sander qui est une vraie tête de mule. Je regrette de ne pas avoir mis un autre homme au chalet parce que malgré ma mise en garde, il s'est évidemment entiché de la gamine. Il veut faire croire le contraire et joue un rôle, mais je sais à quoi ressemble un coup de foudre, et c'est ce qu'il vit en ce moment.

Je pose la main sur la rambarde de l'escalier afin de rejoindre mon bureau. Le moteur d'une voiture me parviens, je n'y prête pas plus attention, pensant à l'arrivée d'un dès notre. Soudain le cliquetis des armes de mes gars se fait entendre, puis un silence de mort sature l'air. Cela ne présage rien de bon et je me retourne vivement prêt à en découdre avec l'intrus qui ose venir ici sans y être invité.

Le contre-jour ne me permet pas de distinguer la silhouette qui passe les grandes portes battantes, seul le claquement de talon sur le béton m'indique le sexe de la personne. La main accrochée à mon arme, coincée dans mon dos, j'avance doucement. Mes yeux se plissent en remontant lentement sur le corps de cette femme.

- Comment as-tu pu laisser faire ça, Carlton ?! claque-t-elle.

Mon sang se fige dans mes veines, je reconnaîtrais cette voix, qui a prononcé mon nom tellement de fois, entre mille. Je ne bouge plus, alors que mes hommes et les quatre qui l'accompagnent ont leur arme braquée les uns sur les autres. Et cela ne semble en aucun cas l'effrayer.

- Irina ? murmuré-je.

- Oui, qui d'autre. Peux-tu demander à tes sbires d'arrêter de me viser comme un vulgaire animal?

- Tu n'es pas morte ?demandé-je calmement

Je ne perds, pour ainsi dire, jamais mes moyens, sauf à cet instant. Et pour cause, cette femme que je pensais six pieds sous terre, il y a encore un mois, se trouve face à moi et bien vivante. Je la détaille afin de m'assurer que je ne rêve pas, puis mon regard se bloque sur le logo de son blouson.

Une sirène ?

- Non comme tu peux le voir. Je t'ai connu plus loquace, réplique-t-elle hautaine.

D'un geste de la main, j'ordonne à mes hommes de baisser leur fusil. Ce qu'ils font sans poser de question. Elle n'a pas changé, si j'oublie la condescendance avec laquelle elle s'adresse à moi, physiquement, elle est la même. Cependant, je ne m'explique pas la queue de poisson brodé sur le tissu.

La porte métallique de la salle d'entraînement claque, me sortant de mes réflexions. Un sifflement me parvient aux oreilles et je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir de qui il vient.

- Wouh ! On a de la visite ? Plutôt canon en plus !

- Flash, grogné-je.

- Quoi ? Elle est à toi ?

Ce mec m'épuise parfois, autant il est bon tireur, autant faire le con le rend chiant.

- Ferme-là ! dis-je sèchement.

- OK, dit-il en se positionnant à mes côtés.

- Qui est-ce ? demande Sander.

Je jette un œil à Irina qui a croisé les bras contre sa poitrine, j'ai ce sentiment qu'elle va me rendre dingue, comme avant... Mais surtout, je me rends compte que je ne l'avais jamais oubliée. Je passe une main sur mon visage tant cela est incompréhensible. Je reporte mon attention sur Sander, qui attend une réponse.

- Irina... Irina Brackford... soufflé-je

Infiltré (Saga des Snake)Where stories live. Discover now