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Sander

Le cul vissé à une chaise, je me fais chier comme un rat mort, je compte les heures tout en observant Tonio, le fils de Juan, s'entraîner avec un autre homme. Il est doué, mais pas assez rapide et surtout c'est un branleur. Sa tignasse noire bouclée et sa gueule d'ange lui donnent un air de petit saint, mais il est tout le contraire. Ce mec est une ordure finie, il n'a aucune déontologie et j'en ai eu la confirmation hier en allant donner sa deuxième dose à Hailey.

Ce connard était en train de la choper par-derrière, mon arrivée a mis fin au calvaire que la gamine subissait.

Il a remballé son matos sans honte, avant de me balancer un : je te la laisse. La fille était recroquevillée sur elle-même, impossible de l'approcher sans qu'elle tremble. Elle est au bord du gouffre et je n'ai pas encore trouvé le moyen de la sortir de là.

Tonio s'avance vers moi avec un sourire de défi. Il réajuste les bandes sur chacune de ses mains, puis en attrape d'autres sur la table avant de me les tendre.

— J'ai envie de me mesurer à toi.

— Tu en es sûr ? demandé-je arrogant.

— Certain.

Je saisis les bandes et les repose là où il les a prises. Je me bats uniquement à main nue, quand tu es dans la rue, tu n'as pas le temps de te préparer. Il hausse un sourcil surpris et je me ravis déjà de lui mettre une branler, non seulement parce que c'est un fils de pute, mais aussi pour ce qu'il fait subir à Hailey par pur sadisme. S'il veut se vider les couilles, des putes sont à sa disposition à chaque coin de rue.

Je rejoins le tapis au milieu de la salle, tous les regards sont braqués sur nous. Tonio se positionne en face de moi et son petit sourire de con va bientôt disparaître pour laisser place à la douleur.

Il s'élance vers moi avec rapidité, et je me laisse surprendre par son poing qui atterrit dans mon estomac. Le sale chien, il cachait son jeu avec l'autre homme. Je tousse violemment avant de me redresser et d'en prendre un autre sur la pommette. Je recule de quelques pas, et lorsqu'il s'apprête à renouveler la même opération, je m'accroupis et entoure ses genoux avec les bras. Il perd l'équilibre et se retrouve au sol.

Son regard s'assombrit et une haine indéchiffrable déforme son visage. Je m'écarte de lui alors qu'il se relève et se jette à nouveau sur moi en me ceinturant la taille. Puis, il pose sa tête contre la mienne.

— Je ne sais pas ce que tu fous ici, Alexander, mais je te jure que tu crèveras avant moi, chuchote-t-il au creux de mon oreille.

Le simple fait qu'il prononce mon prénom fait bouillir mon sang qui traverse mes veines à une vitesse affolante. Personne, je dis bien personne ne m'appelle par mon prénom hormis la femme qui ma mise au monde. Et sa petite menace me confirme, con comme il est, que je ne suis pas le bienvenu dans ce cartel et que je dois me méfier de chacun d'entre eux. Je n'ai pas le droit à l'erreur et je vais devoir employer les grands moyens pour sortir Hailey d'ici.

Le combat continu sans que l'un de nous soit au sol. Ma respiration est saccadée, le sang coule le long de ma joue, tandis que j'ai pété un doigt, et le nez de Tonio qui dégouline du liquide rouge. La salle est devenue silencieuse, j'ose un bref coup d'œil vers l'entrée et aperçois Juan. Il avance vers nous, les sourcils froncés, et vu l'expression de son visage, il ne semble pas ravi de nous découvrir en train de nous foutre sur la gueule.

— Ça suffit vos enfantillages ! tonne-t-il.

Tonio se renfrogne et s'écarte sans un mot. J'essuie le sang qui goutte sur ma paupière, je vais avoir un bel hématome. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas battu avec un adversaire à ma taille. J'avoue qu'il m'a donné du fils à retordre, mais si son père n'était pas arrivé, je l'aurais fini, et il aurait compris que je ne suis pas un guignol. Quand je pense que nous trainions ensemble, avant que tout ne dérape et que je rejoigne les Snake. Aujourd'hui, nous sommes rivaux et à voir ce qu'il est devenu, je ne suis pas mécontent que nos destins aient pris des chemins différents.

Infiltré (Saga des Snake)Where stories live. Discover now