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Hailey

                        Tout est flou, sombre, je suis perdue dans les méandres obscurs de mes pensées. Mon corps lutte pour vivre, alors que mon cerveau me dicte d'en finir une bonne fois pour toutes. Je n'ai même plus conscience de ce qui m'entoure. Je tremble, je vomis, m'urine dessus incapable d'effectuer le moindre mouvement. Ma tête repose sur le sol en béton froid et humide, mon regard fixe le point rouge qui clignote au-dessus de la porte. Je les imagine bien se délecter de ma souffrance derrière cette caméra.

            Des pas résonnent dans le couloir, la peur m'assaille à nouveau, d'ailleurs elle ne m'a pas quittée depuis mon arrivée. Je me souviens à peine de ce qui s'est passé en boîte ce soir-là, je n'ai aucune idée du jour que nous sommes, ni depuis combien de temps, je péris dans cette cave.

            Pleurer, hurler, insulter j'ai déjà essayé, en vain. Et lorsque j'ai craché au visage de cet homme, que je pense être le chef, la sentence est tombée sans préambule. Alors quand la porte grince, j'appréhende ce qu'il m'attend. La drogue, le viol, les gifles ? Je n'en ai aucune idée, je reste tranquille, les yeux fermés, je me résigne et subis sans un mot ce que mon bourreau me réserve.

            Les pas s'arrêtent, je n'ose pas bouger, la lumière s'assombrit au travers de mes paupières, et un silence pesant s'installe dans la pièce sans que rien ne se passe. Je suis déboussolée, habituellement, le blond m'insulte, me redresse sauvagement et m'oblige à lui faire une fellation.

            Je tente chaque fois de me débattre, mais mes réflexes se sont fait la malle depuis longtemps, et le peu de force qu'il me reste ne suffit pas. Il me secoue pour me faire réagir puis me coller sa queue dans la bouche en basculant son bassin d'avant en arrière, si bien que souvent je vomis avant même qu'il ait terminé. Alors, il devient plus violent, me retourne et finis son affaire à l'intérieur de moi et peu importe l'orifice.

            Il est là, près de moi. Je serre la mâchoire, mon corps se met à trembler, le manque arrive et je n'en peux plus. Je suis épuisée.

— Ouvre les yeux !

            Je ne reconnais pas sa voix, celle-ci est grave, dure, encore plus effrayante et angoissante. Je ne l'écoute pas et reste prostrée contre la paroi.

— Hailey, regarde-moi, grogne-t-il.

            Mes yeux s'écarquillent à l'entente de mon prénom. Personne ici ne m'appelle ainsi, une once d'espoir naît en moi, jusqu'à ce que je croise ses iris verts. D'un mouvement brusque et incontrôlé, je me colle encore plus au mur. C'est l'homme qui m'a drogué, celui que je n'avais jamais vu dans les parages. J'aimerais lui échapper, mais mes muscles sont si endoloris que je suis incapable d'esquisser le moindre geste. 

            Je détourne mon regard et tombe sur le plateau argenté qui contient cette seringue qui se plante dans mon bras plusieurs fois par jour. Je secoue la tête, je ne veux pas. Pas encore, les effets sur le moment me font oublier qui je suis, mais le retour à la réalité n'est que souffrance.

— Je vais te piquer, me prévient-il.

            Voyant que je ne réponds pas, il pose sa main sur mon épaule et me secoue légèrement. Un frisson parcourt mon corps tout entier, il n'est pas brusque comme l'autre.

— Est-ce que tu comprends ce que je te dis ?

— Oui.

            Le son qui sort de ma gorge ressemble plus à un couinement désespéré qu'autre chose.

— Bien. Tu vas te redresser et rester bien tranquille sans jamais bouger.

            Quelque chose chez lui me perturbe. Il est différent. Je tente de me relever, mais en vain, je n'ai pas la force. Sa main se referme sur mon coude et il me redresse sans ménagement en me plaquant contre le mur. Il saisit mon menton et me force à le fixer.

— Écoute-moi attentivement, Hailey. Le temps que je t'injecte cette merde, tu ne me lâches pas des yeux d'accord ?

            Je me contente d'un hochement de tête, de toute façon je suis dans un état de léthargie totale, donc je ne serais pas en mesure d'esquisser le moindre mouvement. Il enfile les gants avec minutie, saisis l'élastique qu'il noue autour de mon bras, puis attrape la seringue.

— Tu es prête ? N'oublie pas, ce que je t'ai dit.

            Lui ne me regarde pas, il est concentré sur ce qu'il fait alors que je scrute ses yeux verts comme il me l'a demandé. Il relève la tête et le temps se suspens un instant, je ne ressens rien, ni le liquide qui coule dans mes veines ni le brouillard envahir mon cerveau. Je tente de jeter un œil à mon bras, mais il m'en empêche en posant sa main gantée sur ma joue griffée.

— J'ai terminé, dit-il simplement avant de se relever.

            Je l'observe remettre le tout sur le plateau, je constate que la seringue est vide. Je reporte mon attention sur lui, il ne laisse rien transparaître, aucune émotion, aucune compassion, rien. Il est impénétrable.

— Rallonge-toi et ne bouge pas jusqu'à ce que je revienne. Si tu sens une crise de manque arriver, respire lentement.

                J'obéis et le regarde s'éloigner, la porte se referme derrière lui alors que je suis dans une incompréhension totale. En revanche, je suis certaine d'une chose, il ne m'a pas injecté la drogue.

Infiltré (Saga des Snake)Where stories live. Discover now