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Sander

La seule chose dont j'ai envie lorsque je me trouve devant Irina Brackford, c'est de la tuer sans passer par la case torture. Mais Carlton refuse, j'ai juste le droit de la maltraiter sans pour autant la blesser. Alors, je l'ai assise sur une chaise, pieds et mains entravés par des serre-joints en plastique qui lui coupent les poignets au moindre mouvement. Je me délecte de la voir se tortiller sur la planche en bois aussi dure qu'une pierre. C'est inconfortable, mais ce n'est pas le pire, non le but de cette torture gratuite, c'est qu'elle n'a pas le droit d'en bouger. Et à voir son visage qui se crispe de plus en plus depuis maintenant cinq heures, elle ne va pas tarder à craquer.

Je prends appui contre le mur en face d'Irina, je ne quitterai pas la pièce tant que je n'aurais pas obtenu ce que je veux. Deux jours qu'elle est là, enfermée dans le noir, Carlton ne l'a pas lâchée, en vain puisqu'il n'en a rien tiré à part des insultes infondées à son encontre. Cet homme aussi patient soit-il, a commencé à ne plus maîtriser ses nerfs et a failli en venir aux mains. Alors il m'a cédé sa place pour mon plus grand bonheur.

- On dirait que tu vas bientôt lâcher prise ?

Ma voix est méconnaissable tant elle est sombre et sadique. Irina plonge son regard dans le mien, elle tente un sourire narquois, mais sa vessie doit s'en doute la rappeler à l'ordre. Sa mâchoire se contracte, ses traits se tendent, ce n'est plus que l'histoire de quelques minutes pour qu'elle se pisse dessus. Pour accentuer son envie, j'attrape la bouteille à mes pieds et verse le liquide dans le verre. Elle grogne en secouant la tête.

- Tu sais que ta fille a connu bien pire que ça ? Question idiote, bien sûre que tu es au courant. Après tout, tu étais de mèche avec ce bâtard.

-Tais-toi, marmonne-t-elle difficilement.

- Non, j'ai envie que tu entendes ce que j'ai à te dire.

- Et moi, non !

Je ne tiens pas compte de sa remarque, je ne suis pas ici pour lui faire plaisir ou encore obéir ses ordres. Je veux qu'elle morfle, qu'elle se rende compte de ses actes, même si je ne suis pas certain que cela l'affecte. Elle a une dose de sadisme bien au-delà de celle de Juan.

- Tonio l'a violée, lâché-je sans préambule. Il l'a bousillée encore plus qu'elle ne l'était.

Le prononcer à haute voix me répugne, j'espère au plus profond de mon être qu'elle ne subit pas à nouveau les assauts d'un connard en rut. Je me sens déjà responsable, alors je ne me pardonnerais jamais si elle le revit actuellement.

- T'imagine si ce bâtard avait été ton fils, putain rien que d'y penser ça me fout la gerbe. Tu es aussi déglinguée que ce chien de Juan.

Elle ricane en secouant la tête, puis son regard se plante dans le mien. Une rage sans nom y règne, elle me ferait presque flipper.

- Alexander...

Mon sang se glace dans mes veines lorsque mon prénom franchit ses lèvres. Je ne devrais même pas être étonné qu'elle connaisse ma vraie identité. Après tout, Tonio me connaissait et il a dû se faire un malin plaisir à cracher sur moi. En revanche au sein des Snake, seul Carlton sait qui je suis vraiment et connait mon histoire. Je n'en ai même pas parlé à Flash, alors que lui m'a confié pourquoi il l'avait intégrer le Cartel. Je n'ai rien à raconter sur ma vie, de cette manière ma mère reste en sécurité.

- Sander, grogné-je.

- Comment va Eryn ?

Je vois rouge, mais garde le contrôle, je sais ce qu'elle cherche à faire. Me déstabiliser en parlant de ma mère, me faire sortir de mes gonds, mais ça ne fonctionnera pas. Je parcours la pièce de long en large, m'approchant parfois d'elle avec lenteur tout en lui lançant des regards sombres de psychopathe. Je m'éloigne de cette salope, serre les poings et m'accroupis en prenant appui contre le mur, puis je joins mes mains entre elles sans jamais quitter Irina du regard.

- Où se trouve Hailey ?

Eryn représente tout à mes yeux. Elle est à l'abri, depuis quelques années, elle a quitté cette ville. Elle m'assure avoir une vie meilleure et ne manquer de rien. Elle le mérite, d'une part parce qu'elle est la plus douce et la plus compréhensive des mères, mais aussi pour me faire pardonner toutes les nuits sans sommeil qu'elle a vécues à cause de moi. Alors parler de la femme incroyable qu'est ma mère avec cette ordure, qui a visiblement oublié d'en être une pour Hailey, ne me semble pas nécessaire.

- Elle est vraiment sympa cette maison dans laquelle elle vit. Tu savais qu'elle adorait jardiner ?

Je me relève d'un bond et fonce sur cette salope. Ma main s'encercle autour de son cou, je penche sa tête vers l'arrière jusqu'à ce que la chaise bascule sur deux pieds. Avec la rage qui m'anime, j'arrive sans difficulté à la traîner jusqu'au mur. Si Irina sait où se trouve ma mère, alors Juan aussi, et cette information me mets hors de moi. Si jamais il lui arrive quoi que ce soit, je jure que je bute tous ses connards sans préavis.

Perdre la femme qui m'a mise au monde m'est impensable. Elle est la personne la plus bienveillante que je n'ai jamais connue. Même quand je rentrais amoché, elle me soignait sans jamais poser de question. Elle fermait les yeux sur mes activités, me préparait un plat de pâte dont elle avait le secret, et elle souriait malgré sa fatigue et les cernes qui lui mangeaient le visage. Elle parlait de sa journée comme si de rien n'était et je l'écoutais toujours avec attention, je m'en voulais de lui faire subir ça, mais chaque soir, je recommençais et jouais au con. Ma mère n'a jamais baissé les bras, elle ne s'est jamais plainte non plus, tout ce qui comptait c'était que je sois près d'elle en ne manquant de rien. Aujourd'hui, c'est à mon tour de prendre soin d'elle. Ses comptes sont pleins, même si elle m'a certifié ne pas en avoir besoin.

La porte de la cellule s'ouvre avec fracas, une voix se fait entendre, mais je suis bien trop focalisé sur mes souvenirs et la pression de mes doigts sur le cou de cette pute pour entendre ce qu'on me dit. Je reviens à la réalité lorsque Carlton saisit ma mâchoire entre son pouce et son index et me force à le regarder.

- Sander, dit-il calmement. Enlève ta main de sa gorge.

- Non, grondé-je. Elle a parlé de ma mère.

- Eryn est en sécurité et tu le sais, continue Carlton.

- Elle ne l'est plus, ajouté-je.

- Fais-moi confiance.

Je réfléchis, si le chef tente de me rassurer, c'est qu'il a la certitude que ma mère est en sécurité. Carlton hoche la tête alors je m'écarte et laisse cette garce reprendre son souffle. Son teint rougeâtre et ses yeux injectés de sang m'indiquent que je n'y suis pas allé de main morte, mais rien à foutre, elle n'a que ce qu'elle mérite.

- Va t'aérer, je prends la relève.

- Non, je reste. Elle va bientôt craquer et je veux voir ça.

- Bien, alors éloigne-toi. Si tu en finis avec elle, on ne saura jamais où se trouve Hailey.

Je sais pertinemment qu'il a raison, mais cette haine que je ressens pour Irina est telle que je suis prêt à parcourir toute la terre pour retrouver Hailey, avec ou sans l'aide de cette chienne.

Je finis par obéir et retrouve ma place contre le mur, le chef du Cartel me rejoint. Il se laisse glisser au sol et nous ne quittons pas des yeux Irina. Elle détourne le regard, tente de resserrer ses jambes, mais c'est impossible. Elle est attachée de façon à ce qu'elle reste écartée. Un sourire de satisfaction illumine mon visage lorsque je vois enfin le liquide jaunâtre immaculé la chaise et le sol.

La honte, l'humiliation voilà ce que je ne voulais surtout pas rater. Elle fixe un point sur le mur sans jamais nous regarder, ses yeux brillent et je suis satisfait. C'est parfait, maintenant la vraie partie de torture va pouvoir commencer.

L'isolement.

Infiltré (Saga des Snake)Where stories live. Discover now