Chapitre 5

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Sous les chants d'airains, Namjoon sortit de la banquette arrière du taxi qui avait eu l'amabilité de le ramener chez lui, il lui demanda de patienter quelques minutes puisque dans la précipitation de la veille, il n'avait rien emporté. Dans une marche précipitée, il franchit le seuil de la porte de sa chambre mais constata qu'il n'était pas le seul dans cet maison. La police s'y trouvait également et semblait fouiller de fond en comble chaque coin de la pièce.

« Monsieur Kim ? Nous aimerions vous parler. »

Le souffle coupé, il demanda aux agents de patienter pour qu'il puisse donner l'argent au chauffeur. Chose qu'il fit rapidement, les mains moites. Il était indéniable qu'il allait devoir subir un interrogatoire, mais ce n'était vraiment pas le bon moment. La fatigue le terrassait et il perdait beaucoup trop rapidement son sang froid.

Mais il savait d'ores et déjà que la décision ne lui appartenait point, alors il rejoint le salon où attendaient deux policiers âgés. Ces derniers lui intimèrent de s'assoir, ce qu'il fit et se fit agresser par de multiples questions qui n'avaient pas lieu d'être.

« Alors donnez moi les détails de l'accident je vous prie. »

Malgré la politesse des deux hommes, le châtain n'arrivait plus à aligner trois mots correctement, il n'était pas dans un état convenable pour endurer tout ça. D'une voix cassée, il tenta vainement de parler normalement bien que ses vis-à-vis s'approchaient de lui pour mieux comprendre.

« Le canapé... Et puis elle est partie... dormir ?

- Monsieur calmez vous. Que faisiez-vous à ce moment là ? Et si vous vous en souvenez, quelle heure était-il ?

- Vingt-deux heures trente six. Précisa t-il, sa mémoire lui rappelant précisément de cet instant. J'étais sur les réseaux sociaux. À vingt-deux heures quarante huit j'ai entendu comme du verre se briser. »

Les agents notèrent avec application chaque parole prononcée par la victime. Ils lui demandèrent d'ailleurs encore quelques précisions sur le moment des faits mais ce n'était rien d'important d'après eux, mais ils se devaient de remplir leur rapport. Bien qu'en voyant la mine mi-triste mi-vide de leur témoin, ils se devaient de lui faire part de leurs trouvailles.

« Vous vous êtes battu avec votre fille ? Entreteniez-vous une relation compliquée ? »

La question lui paraissait tellement démunie de sens que le père ouvrit grand la bouche sans dire un mot. C'était si absurde ! Comment pouvait-il faire du mal à Jaein avec tout l'amour sincère qu'il avait à son égard ? Toujours aussi ahuri, il haussa la voix pour nier leur raisonnement.

« Jamais j'oserai poser la main sur ma fille, sinon soyez pour sûr que j'aurais porté plainte contre moi-même.

- Alors quand est-il de sa chambre ? Elle est complètement en bazar et il semblerait y avoir des traces de lutte. Osa le flic le plus âgé, un air grave au visage.

- Mais je n'en sais rien ! J'ai rangé sa chambre avant qu'elle ne revienne de chez sa mère et elle était dans un parfait état !

- Vous êtes donc séparés... Et vos blessures sur les bras et aux genoux, comment sont-elles arrivées ? Elles ont l'air très récentes.

- J'ai... Trébuché dans la panique et je suis tombé des escaliers. »

Peut-être que tout agent se devait d'être ainsi, mais pour le plus jeune cette situation le surpassait, tout portait à croire qu'il était coupable de n'avoir rien vu. Et juste quelques questions de ces gens lui avaient persuadé de cela. En effet, il n'avait rien vu venir et jamais il n'a réagi quand sa fille lui avait indiqué discrètement qu'elle avait besoin d'aide.

Il était coupable d'avoir été aveugle.

L'interrogation se poursuivit sans réelle encombre, il avait été informé de leurs découvertes. La police allait donc inspecter toutes les affaires personnelles de la défunte pour conclure que cet incident soit un suicide. Namjoon hocha la tête, il n'avait pas son mot à dire, seulement à l'entente du mot « suicide » son cœur se brisa en mille morceaux. Il ne pouvait donc pas s'y résoudre. Pour lui, sa fille était encore dans sa chambre probablement en train de danser et chanter joyeusement.

Or, le silence complet dans la demeure lui prouvait le contraire.

Après une heure et demie interminable aux yeux du châtain, l'inspecteur et son acolyte partirent sans omettre de lui dire que s'il avait d'autres informations à lui transmettre, qu'il se rende au poste pour les déposer. Ce à quoi il hocha machinalement une nouvelle fois la tête, le laissant ainsi dans une maison beaucoup trop grande pour lui seul. À quoi sa vie se résumait-elle actuellement ? La réponse était claire, à rien. Il ne vivait que pour elle et pour personne d'autre alors il savait qu'un jour ou l'autre il perdra foi en ce monde. Il savait que même dans les prochaines heures, il penserait cela.

En touchant maladroitement sa poche, il se rappela du soutien que lui avait apporté l'apprenti médecin à l'hôpital. Il lui avait parlé comme s'il avait déjà vécu une situation similaire, peut-être qu'il devrait l'écouter et ne pas rester seul. Il était certes assez perspicace pour savoir qu'il allait ouvrir les portes de la mort s'il restait aussi solitaire mais d'un autre côté, il n'avait aucun compte à rendre, il se fichait bien du sort qui lui était réservé. L'envie de vivre avait complètement disparu.

Il jeta tout de même un coup d'œil aux deux petites feuilles en carton, et vit qu'il s'agissait d'une publicité pour un psychologue débutant dans le métier et d'un groupe de parole pour les personnes ayant « perdu son enfant ».

Il avait perdu son enfant ?

Il avait perdu son enfant ?

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En fait je respecte pas ce que je dis c'est monstrueux

Consternation | NamgiWhere stories live. Discover now