Chapitre 36

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Jeudi 28 novembre 2019

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Jeudi 28 novembre 2019

Heureusement que je me suis forcée à écrire rarement dans ce journal, je pense que j'aurai gâché toutes ces feuilles vierges de conneries. Mais j'en ai tout de même besoin, comme aujourd'hui.

Tout d'abord, notre voyage à Paris a été annulé. À cause de moi, encore une fois. La veille de notre départ, j'ai reçu plus de soixante dix appels. En une journée c'était une première. C'était les gens de mon collège, ils ne m'avaient pas lâché même si c'était fini. On a tous quitté le collège pour rejoindre des lycées différents, ou pas. Mais même comme ça, ils arriveront à m'embêter. Alors j'ai éteint mon portable en fin d'après-midi.

J'en pouvais plus. Ils me poursuivent de partout, même quand je ne suis pas dans leur champ de vision maintenant. Pourquoi maintenant d'ailleurs ? Alors j'ai craqué dans ma chambre, j'ai pleuré, je me suis fait du mal. Et cette fois j'ai un peu abusé sur les médicaments... Je pensais supporter et me reposer mais j'ai presque aussitôt perdu connaissance. À mon réveil, j'étais toujours dans ma chambre, mais dans mon lit. J'ai pleuré, encore. Je pensais que mes parents m'auraient amené aux urgences, heureusement ils ne l'ont pas fait ou sinon ils auraient découvert toutes mes bêtises.

Il s'avère que ma chambre et certains de mes gestes avaient joué en ma faveur. J'avais placé mon tapis de sport, mes poids, et mon enceinte au milieu de ma pièce parce que je pensais vouloir faire du sport un peu plus tard. Alors mes parents m'ont dit avoir cru que j'avais fait un malaise en faisant ma danse et mes exercices... J'ai vraiment eu chaud. Ils ont alors reporté notre voyage pour juillet prochain. Je ne ferai pas de bêtise la prochaine fois.

J'aimerai bien parler de mon lycée aussi, puisque ma rentrée s'est déroulé il y a peu de temps mais je suis fatiguée, j'écrirai plus tard...

Vendredi 14 février 2020

Il est temps de parler du lycée. Je dois bien laisser une trace quelque part...

On nous dit souvent que le lycée c'est complètement différent du collège, que les gens sont plus matures, plus réfléchis. Eh ben je ne sais pas où j'ai atterri. Ma rentrée s'était très bien passée, on m'ignorait, la classe était calme, je me suis dit que j'allais enfin me sentir bien depuis notre déménagement. C'était surtout le calme avant la tempête oui...

D'un coup, après Noël, ils se sont tous mis à m'embêter. Et encore ce mot est bien trop gentil. Je ne savais pas pourquoi, au départ, ils semblaient être des anges auprès de tout le monde. Mais au fur et à mesure j'ai compris. Ils souhaitaient paraître irréprochables et exemplaires auprès de tous les professeurs. Ça a commencé par des petites insultes de rien du tout, j'avais vécu pire au collège. Mais je n'aurai jamais cru qu'ils puissent être plus diaboliques que mes camarades de collège. Donc, ils me criaient dessus lors de la récréation, me traitant d'intello (pourquoi ce mot est devenu une insulte il faudrait m'expliquer), de lèche botte et j'épargne les insultes les plus sales.

Ensuite, alors que j'avais changé mon numéro de téléphone à cause de mes anciens soucis, ils l'ont retrouvé. Je ne cherche plus le pourquoi maintenant. Ça ne sert à rien. Je n'utilisais maintenant que rarement mon téléphone. Seulement pour parler à mes grands-parents de temps en temps mais c'est tout. Les insultes à mon égard sont aussi apparues sur les réseaux sociaux. Les seuls amis virtuels que j'avais ont alors pris la fuite. Je me sens si seule à présent...

Comme si ce n'était pas assez, ils se sont mis à me battre. Dans les vestiaires pour les filles, elles se régalaient et dans le placard à balai pour les garçons. Et puis il y a autre chose aussi... Pourquoi essayer de s'imposer, de se montrer supérieur à moi alors que je le sais déjà ? Je me suis dit que je ne pourrais plus tenir. Je me sentais seule, je n'avais plus d'amis, mes parents se sentent mal alors je ne peux pas les déranger, et je n'avais aucun répit au lycée. J'ai décidé, pour la première fois, d'en parler à mon professeur principal.

Il ne m'a pas cru. Il n'a même pas fait l'effort d'écouter tout ce que j'avais à dire. À peine ai-je eu le temps de parler des gens de ma classe qu'il m'a dit que « ses » élèves ne feraient jamais ça. Que si j'avais besoin d'attention, que j'aille auprès des autres au lieu de rester renfermée. Je comprenais mieux leur ruse. J'en ai plus qu'assez. Je ne mérite pas d'être aidée c'est ça ?! Il fallait me le dire dès le début.

J'écris ceci, en espérant que quelqu'un le lise un jour. J'espère avoir le courage un jour de le donner à Papa et Maman pour qu'ils le lisent devant moi, mais je ne sais pas si je pourrais oser. En attendant ma vie ne tient plus qu'à un fil. Je suis à deux doigts de tout abandonner. Si mes dernières tentatives ont échoué, je n'hésiterai pas à doubler chaque dose pour vraiment en finir. Mais en attendant, je dois survivre. Je dois tenir pour mes parents.

Dimanche 1er mars 2020

J'ai eu la goutte de trop...

Je viens de finir mon repas avec Papa. Ces temps-ci j'ai de plus en plus du mal à cacher mon désespoir. Je m'en veux. Mais là... Je pense que je vais m'en vouloir pour l'éternité.

Je viens de recevoir un long message de Shinhye, après quasiment huit mois de silence... Elle va vraiment le faire. Et cette fois je le sais car non seulement je tombe directement sur sa messagerie mais j'ai aussi un mauvais pressentiment. Je n'ai pas été une bonne amie alors que je pensais l'être. Je pensais l'avoir aidé quand elle n'allait pas bien, je pensais lui avoir redonné le sourire, je pensais lui faire changer les idées mais c'était tout le contraire. Je suis la fautive de ce qui va se passer. Ou bien peut-être l'a-t-elle déjà fait... Mon dieu... Je suis horrible.

Elle va se tuer, à cause de moi. Encore et toujours. J'aurai cette mort sur la conscience. Je veux la rejoindre, pour la rassurer...

Je dois le faire. Même si j'ai encore peur, je le mérite. J'ai tué Shinhye. Je ne mérite pas d'être heureuse et encore moins de vivre. Mais je pense à Papa et Maman... Je pense qu'ils seront libérés d'un fardeau d'un côté.

Oui, c'est évident en fait, ils sont des anges, je suis un démon, je ne mérite pas d'exister à leurs yeux. Je suis nuisible pour eux.

Je suis tellement désolée... Je ne veux pas dire adieu, car d'un côté j'espère rater mon geste.

Alors...

Fin du journal.

Consternation | NamgiWhere stories live. Discover now