Consternation | Namgi

Chapitre 50

La détresse, la panique et la terreur. Ces sentiments sont tellement puissants qu'ils peuvent immobiliser un individu contre son gré, augmenter son rythme cardiaque jusqu'à en faire mal, couper sa respiration auparavant régulière ou encore le faire fondre en larmes pendant de longs instants. Cela fait mal, physiquement et psychologiquement, si mal que l'on croit tous ces moments de bonheur et de tranquillité perdus à jamais, si mal que l'on en devient incontrôlable puisque la réflexion laisse place à une rage incoercible motivée par ce sentiment d'impuissance.

Yoongi avait déjà vécu cela par le passé, à de multiples reprises et à plus grande ou petite échelle. Petit, adolescent et adulte, inutile de compter le nombre de fois où il s'était senti inutile auprès de ses proches, d'un client ou vis-à-vis d'une situation : cela se comptait par cinquantaine si ce n'était plus. Alors, après de longues années de travail, il avait réussi à ne plus se laisser emporter par cette colère tournée vers lui-même afin de prendre des décisions réfléchies et rationnelles. Pourtant, cette situation était bien loin d'être similaire à toutes celles qu'il avait vécues.

Sauf une peut-être. Celle pour laquelle il se sentait si proche de Namjoon, celle pour quoi il s'était investi bien plus qu'il ne le devait dans leur relation. Mais il n'arrivait pas encore à le réaliser.

De ses poings serrés, il cognait désespérément la grande porte en bois, en espérant la voir ne serait-ce qu'entrouverte. Seulement cinq minutes se sont écoulées entre cet instant et sa conversation poignante avec son ancien patient. Il avait suffit d'une seconde d'inattention de la part de son aîné pour que Namjoon puisse user dans ses dernières ressources afin de se claquemurer.

Ce dernier était à présent dans sa chambre, et nul ne savait ce qu'il y trafiquait mais sa respiration saccadée que l'on pouvait même entendre de l'autre côté de la porte témoignait son état d'angoisse.

Toquer, frapper, pousser, ou encore forcer la porte, le noiraud avait tout tenté mais non seulement Namjoon avait fermé sa porte à clé, mais il avait également placé un lourd meuble devant celle-ci afin d'éviter toute intrusion. Il était donc bloqué, à l'affût du moindre bruit suspect le laissant croire que son cadet commettait possiblement une bêtise.

"Namjoon, ouvre-moi s'il te plaît."

Malgré ce vingt-et-unième appel, toujours aucune réponse ne lui parvint. Et ce silence, cassé quelques fois par des sanglots déchirants, le rendait fou. Il ne savait plus quoi faire pour l'aider, le châtain pouvait se blesser à tout moment mais il ne pouvait même pas l'en dissuader.

"Ouvre cette putain de porte je t'en supplie !"

Ses supplications restèrent vaines et pourtant il persistait. Malheureusement, plus les minutes défilaient et plus les sons provenant de la chambre diminuaient.

Dans l'esprit du psychologue, tout se bousculait. Il s'imaginait Namjoon inconscient avec pleins de cachets en main, le poignet ensanglanté ou encore un drap recouvrant son cou... En bref, pleins de scénarios des plus dévastateurs s'enchaînaient dans sa tête et cela le rendait fou puisqu'il ne pouvait rien faire car une maudite porte l'en empêchait. Trouver une solution n'était plus une nécessité mais une urgence. Adonc, dans ses derniers moments de lucidité, il prit son téléphone de sa main tremblante dans l'intention de contacter celui qui était le plus à même de le secourir.

Et comme à son habitude, cette personne répondit très rapidement.

"Oui Yoongi ? Tout va bien ?

- Je suis vraiment désolé de t'appeler à cette heure-ci, Hoseok. Dit-il en séchant ses larmes, s'éloignant que très peu de la porte. Je suis toujours chez Namjoon mais il s'est enfermé dans sa chambre, je n'arrive pas à y rentrer. Il faut que... Il faut vraiment que je l'aide. Aide-moi s'il te plaît, je ne sais vraiment pas quoi faire et j'ai peur qu'il fasse une connerie...