A : La Vérité

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Une semaine. Cela faisait une semaine que Yumi refusait de parler à Ulrich. J'avais bien tenté de la raisonner avec l'aide d'Hélèni mais c'était peine perdue. Elle croyait fermement avoir été remplacée par Elisabeth et avait décidé de traîner avec une autre bande.
Cependant, alors que nous marchions toutes les trois en direction du gymnase, une occasion en or se présenta. En effet, Hervé nous apostropha timidement, l'air embarrassé. Il suait à grosses gouttes.
-Euh, les filles, j'aimerais vous demander un service, commença-t-il en se grattant le cuir chevelu.
-Hors de question ! On n'est pas le planning familial ! répliqua sèchement Yumi.
-Vas-y, dis-nous ce qui te tracasse, le rassurai-je avec bienveillance.
-Et bien, vous qui traînez avec Sissi, vous ne pourriez pas me donner des conseils pour la séduire ? J'aimerais vraiment qu'elle accepte de sortir avec moi, expliqua-t-il aussi rouge qu'une tomate.
-Pour commencer, évite de l'appeler Sissi, sinon elle va te jeter direct, appelle-la Elisabeth, c'est plus simple, répondit Hélèni.
-Ensuite, propose-lui d'aller voir un film au cinéma, ou bien une balade, ou encore aller manger quelque part, ajoutai-je.
-Pour ce qui est du look, il y a énormément de choses à changer. On t'emmènera faire une séance shopping après les cours. Tu as de l'argent ? renchérit Yumi, qui s'était prise au jeu.
Il hocha la tête.
-Oui, j'ai ma carte de banque, approuva-t-il.
-Et tu as des lentilles ? Parce que les lunettes, ça ne va pas du tout, rétorqua Hélèni en le détaillant.
Il secoua la tête.
-Oui, mais je ne les porte jamais.
-T'inquiète, on va arranger ça tout à l'heure, en attendant, on a gym, conclut Yumi en lui adressant un clin d'œil complice.
Nous nous dirigeâmes vers les vestiaires. À chaque fois que je passais, je me remémorais l'attaque du gymnase en rougissant de honte. Mais bien sûr, interdiction d'en parler devant les autres.
Après deux heures de basketball, où je galérai pas mal à cause de ma petite taille, je rejoignis les garçons vite fait afin de leur parler de notre plan.
-Si Hervé réussit à sortir avec Elisabeth, je suis sûre que Yumi reviendra, affirmai-je.
-J'espère que tu as raison, soupira un Ulrich dépité.
-Il faudra que tu occupes Elisabeth pendant que Jérémy et Odd feront le guet pour que l'on puisse sortir sans se faire repérer, proposai-je posément.
-Et vous pensez rester combien de temps ? s'informa Jérémy.
-Peut-être deux heures, le temps de dénicher la tenue idéale, d'acheter des fleurs et d'apprêter Hervé, répondis-je hésitante.
-On fera le guet pour votre retour aussi, déclara Odd d'un air déterminé.
-On va goûter ? suggéra Ulrich.
Je secouai nerveusement la tête.
-On n'a pas le temps de goûter, sinon on ne reviendra pas à temps pour dîner. Ulrich, propose à Elisabeth de l'aider pour ses devoirs, histoire que les rumeurs n'enflent pas. Odd et Jérémy, venez avec moi, on va retrouver les filles et Hervé, ordonnai-je d'un air autoritaire.
Nous plantâmes Ulrich devant le réfectoire et retrouvâmes les filles et Hervé, qui nous attendaient non loin du parc.
-Vous allez passer par le parc pour ne pas vous faire repérer. S'il y a quelqu'un, on vous enverra un message, annonça Jérémy en prenant la tête du groupe.
-Allez-y, on vous couvre ! lança Odd en se positionnant derrière un buisson.
Nous courûmes en direction de la forêt, comme j'en avais l'habitude lorsque je me rendais à l'Ermitage.
-Vous êtes sûres que l'on ne risque pas de se faire prendre ? demanda Hervé, peureux.
-Ne t'en fais pas, Odd et Jérémy nous préviendrons si quelqu'un s'approche, le rassurai-je en posant une main sur son épaule.
-Oui, et puis, ce n'est pas si grave de braver les interdits, je le faisais tout le temps dans mes anciens collèges et lycées ; même si j'avais souvent des heures de colles. Mais toi, tu as moins de risques, vu que tu es reconnu comme étant un élève sérieux, ajouta Hélèni en riant.
-Ne lui fous pas la trouille, sinon il va se sentir mal, railla Yumi en s'adressant à cette dernière.
-Hé, je ne suis pas un trouillard ! Sinon, je ne serais pas là ! protesta Hervé en nous lançant un regard noir.
-Relax, on rigole, le calmai-je d'une voix douce.
Nous contournâmes l'Ermitage afin d'éviter qu'il n'ait une envie irrépressible d'y jeter un coup d'œil et déboulâmes sur la route où nous prîmes un bus pour le centre commercial.
Une fois arrivés, Hélèni décida de d'abord regarder après un t-shirt et une veste.
-L'idéal serait une veste simili cuir noire avec un t-shirt en-dessous, conseilla Yumi en lui montrant ladite veste.
-Tu es sûre que ça plaira à Elisabeth ? questionna-t-il, sceptique.
-Mais oui, ne t'en fais pas, on est certaines, répondis-je en riant.
En effet, sachant qu'elle était sortie avec William, nous connaissions un peu ses goûts vestimentaires concernant les mecs.
-Pour le t-shirt, quelle couleur ? s'informa-t-il en les faisant défiler.
-Je dirais noir, rouge vermillon ou bleu électrique, répondit Hélèni avant de les prendre.
-Noir, ça risque d'être un peu trop gothique. Entre rouge et bleu, je pense que c'est mieux bleu, c'est plus doux, décida-t-il.
-Je pense aussi que c'est mieux. Pour le pantalon, il te faut un jean slim noir avec une ceinture à grosse boucle argentée, approuva Yumi.
En me baladant dans les rayons, je dénichai le pantalon idéal ainsi que sa ceinture.
Pour terminer nos achats, Hélèni trouva une paire de chaussures noires stylée pour compléter la tenue.
Après avoir payé sa nouvelle tenue, Hervé se changea dans les toilettes publiques et je dois dire qu'il était plutôt séduisant, malgré ses lunettes, car tous ses boutons avaient disparu. Mes amies aussi furent éblouies par le résultat.
-Tu vas plaire à Elisabeth, c'est sûr. Maintenant, si tu as tes lentilles avec toi, mets-les, lui conseillai-je.
Il hocha la tête et s'exécuta. Avec le gel qu'il avait emporté, nous le coiffâmes à la mode, c'était parfait, il ne manquait plus que les fleurs.
Nous entrâmes chez le fleuriste de la galerie où Yumi l'aiguilla dans son choix, avec des tulipes rouges.
Une fois dans le bus du retour, j'envoyai un message à Jérémy pour le prévenir de notre arrivée.
Comme prévu, il nous accueillit en compagnie d'Odd après avoir fait le guet.
-Euh, c'est vraiment Hervé ? questionna ce dernier, étonné, à l'arrivée du principal intéressé.
-Oui, c'est lui, je vois que l'on a fait du bon boulot, répondit Hélèni en riant.
-Ça valait le coup. Ulrich est en train d'arranger un plan pour que Hervé puisse retrouver Elisabeth sous les arcades d'ici un quart d'heure, nous prévint Jérémy d'un air professionnel.
-Ok, il n'y a pas de temps à perdre, intervint Hervé en se dirigeant vers le lieu dit.
Après l'avoir arrangé une dernière fois, alors que Elisabeth était seule sous les arcades, nous nous cachâmes dans un buisson à quelques mètres.
Dès qu'elle le vit s'approcher, son visage se métamorphosa.
-Hervé, c'est toi ? Tu as changé pour moi ? Et des fleurs ? bafouilla-t-elle en rougissant.
-Bien sûr Elisabeth. J'aimerais savoir si tu voudrais venir boire un verre un de ces quatres, histoire de passer du temps ensemble. Ça te dit ? lui demanda-t-il en lui tendant le bouquet.
Elle le saisit et en huma les doux effluves.
-Oui, et si tu veux, on peu passer du temps ensemble ici aussi, répondit-elle avec un large sourire.
À côté de moi, Odd ne tint plus en place.
-Hourra ! s'écria-t-il, euphorique.
Hélèni lui plaqua brusquement la main sur la bouche.
-Moins fort, Robby, tu vas nous faire repérer, le sermonna-t-elle en chuchotant.
Au moment du dîner, Yumi, qui avait discuté avec Ulrich, était revenue à notre table. Elisabeth, quant à elle, paraissait sur un petit nuage.
-Ça va, Elisabeth ? Tu me parais bien guillerette, lança Odd la bouche pleine.
Elle rougit furieusement et resta de marbre.
-Allez, dis-nous, il y a un mec là-dessous, les filles sentent ces choses-là, la taquinai-je.
-Bon, d'accord. Il y a Hervé qui m'a proposé d'aller boire un verre. Mais il a changé son style et tout. Je pense qu'il l'a fait pour moi, expliqua-t-elle heureuse.
-C'est pour toi qu'il était habillé ainsi, alors, répliqua Yumi en souriant.
-En tous cas, nous sommes très contents pour vous deux; et surtout, de te voir à nouveau joyeuse, affirma Ulrich en faisant un clin d'œil à Yumi et Elisabeth.
Après le dîner, Jérémy me raccompagna dans ma chambre, en prenant soin de ne pas se faire repérer. Une enveloppe glissée sous la porte attira soudain notre attention.
-Je me demande bien qui peut t'écrire une lettre. Un admirateur secret, peut-être ? me taquina mon amoureux.
-Ne sois pas bête, tout le monde sait que je n'aime que toi, rétorquai-je en riant.
J'ouvris l'enveloppe et dépliai le papier. Il s'agissait d'un bref mot soigneusement écrit, sans une faute d'orthographe.
"Bonjour Aelita, j'espère que tout va bien pour toi. Je connais ton histoire et j'aurais des révélations à te faire sur ton père et sur ton passé. Rendez-vous samedi à onze heures à l'Ermitage. Tes amis peuvent venir aussi.
Un indice sur mon identité : E = mc2 "
Ce mot me glaça le sang. Il y avait donc une personne à Kadic qui connaissait mon identité.
-Aelita, on peut déjà éliminer les élèves. Grâce à cet indice, nous savons qu'il ne peut s'agir que d'un professeur de physique, déclara mon ami en saisissant mes mains.
-Et cette personne qui enseigne toujours ici a connu mon père, donc ce prof a déjà un certain âge, terminai-je en serrant ses poignets fermement.
-On réfléchira à ça samedi matin, pour le moment, je dois te laisser, les éducateurs risquent de me repérer. Bonne nuit mon amour.
Il me donna un long baiser et fila en douce.
Je me demandais bien qui pouvait connaître mon secret.
Deux jours plus tard, nous étions samedi. C'était le week-end où ma mère montait sur Paris et Jérémy et moi étions exceptionnellement restés le samedi en mentionnant un travail à terminer; et Yumi nous avait rejoints. Hélèni étant retournée chez elle et Elisabeth restant avec Hervé, nous avions tout le temps du petit-déjeuner pour fantasmer sur l'identité du mystérieux professeur.
-Dans les profs de physique âgés d'au moins quarante-cinq ans et susceptibles d'êtres arrivés avant la disparition de Franz Hopper, on a deux professeurs de lycée et un de collège. Mr Chollet, Mr Ben Ali et Mme Miller, commença Yumi d'un air décidé.
-Mais Mr Chollet est arrivé il y a moins de quinze ans, parce que ma sœur, qui a étudié ici en tant que collégienne, ne l'a jamais connu, continua Jérémy.
-Il nous reste donc Mr Ben Ali et Mme Miller, intervint Ulrich.
Je réfléchis un instant.
-Mme Miller est prof au lycée depuis trente ans, parce qu'elle a récemment été fêtée lors de la traditionnelle cérémonie de Kadic qui fête chaque dizaine d'année d'enseignement, racontai-je après une gorgée de chocolat chaud.
-Et Mr Ben Ali ? questionna Odd.
-Je ne pense pas qu'il ait rédigé ce mot. Cette graphologie ressemble à celle d'une femme. Il s'agit certainement de Mme Miller, répliqua Jérémy en secouant la tête.
-De toutes façons, on va être fixés, c'est bientôt l'heure, conclut Yumi en se levant de sa chaise.
Nous traversâmes le parc et les bois jusqu'à l'Ermitage. Nous pénétrâmes dans la maison, plus particulièrement dans le salon. Et ce fut la douche froide. Elle se tenait là, près de la cheminée, au milieu de tout le bazar. De taille moyenne, les cheveux poivre et sel bouclés tombant sur ses épaules et de grosses lunettes rondes sur le nez. Un pull bordeaux sous un long manteau noir et un pantalon droit de la même couleur, ça faisait bizarre de ne pas la voir avec sa longue veste blanche.
-Madame Hertz ?! m'exclamai-je, complètement sous le choc.
-Aelita, je te dois beaucoup d'explications ainsi qu'à tes amis. C'est ta dernière année à Kadic et il faut que tu saches la vérité avant de partir d'ici, murmura-t-elle en s'approchant de moi avec bienveillance.
-Attendez, vous connaissez toute l'histoire d'Aelita ? questionna Odd, perdu.
-Oui Odd, cela fait quelques années que j'ai envie de parler à Aelita dans un endroit où personne ne peut nous épier, répondit-elle en souriant.
-Vous connaissez donc Franz Hopper, Lyoko et XANA ? demanda Ulrich.
Elle hocha la tête.
-Oui, la preuve que je suis sincère est que les retours vers le passé n'ont aucun effet sur moi vu que je suis déjà allée sur Lyoko pour tester le supercalculateur, expliqua-t-elle.
-Comment ça ? intervint Yumi, plus que surprise.
-Et bien, le plus simple serait que je vous raconte toute l'histoire sans que l'un de vous ne m'interrompe, décida-t-elle en relevant un sourcil amusée.
Je lui fis un signe de tête et elle raconta toute l'histoire, non sans émotion :
-Tout d'abord, je ne m'appelle pas Suzanne Hertz. Mon vrai nom est Sigrid Meisenberger ; comme Franz Hopper, j'ai dû changer d'identité. Je l'ai connu il y a une trentaine d'années, lorsque je suis entrée dans le comité secret du projet Carthage. J'étais alors une jeune employée douée à qui l'on avait promis une grosse somme d'argent. J'ai rencontré Waldo Schaeffer et Anthéa Hopper, qui formaient un couple et qui sont devenus des amis proches. Cependant, je me rendais compte que l'on nous cachait le but de notre travail, et en 1980, j'ai surpris une conversation entre mon supérieur hiérarchique et Becker, le directeur, et là, j'ai compris qu'il s'agissait d'un projet militaire destiné à créer un programme assez puissant que pour contrôler les transmissions de messages entre nations . Le projet Carthage devait soutenir l'Irak lors de la guerre contre l'Iran alors que la Suisse assurait la transmission de messages entre les États-Unis et l'Iran, et ne prenait pas part à la guerre; il devait donc saboter la transmission des messages entre ces nations. J'en ai parlé à Waldo mais Anthéa était déjà enceinte d'Aelita; et sans l'argent du projet; ils ne pouvaient vivre décemment. J'ai remis ma démission mais j'ai fait l'objet de menaces de la part de mes supérieurs. Grâce à un ami qui travaillait à l'État civil, j'ai pu changer mon identité et j'ai fait des remplacements de profs de physique. Lorsqu'Aelita est née, Anthéa a arrêté de travailler, et dans le plus grand des secrets, elle a organisé leur fuite avec mon aide. Une maison en France à remettre en état, une nouvelle vie. Mais quand les parents d'Aelita ont voulu démissionner; ne supportant pas de perdre ses meilleurs éléments; Becker a ordonné l'enlèvement d'Anthéa dans le but que Waldo reste travailler pour eux. Il a décidé de protéger Aelita et s'est réfugié en région parisienne, ici, à l'Ermitage, la maison que j'avais fait remettre en état, et où j'avais fait construire un passage vers les égouts en cas de problème. Il a changé d'identité avec mon aide, a trouvé un emploi à Kadic, et nous avons octroyé un prêt à nos deux noms pour pouvoir racheter une usine désaffectée et y installer notre laboratoire secret. Ainsi, nous avons créé Lyoko, un monde virtuel où Waldo, sa femme et sa fille pourraient se réfugier. Lyoko allait également servir de refuge à XANA, un virus destiné à contrer Carthage. Quand Aelita était petite, Waldo travaillait parfois la nuit dans son laboratoire et je gardais la maison sans qu'elle ne se doute de rien, elle ne m'avait jamais vue, elle dormait. Il m'avait confié la mission de m'occuper d'elle si jamais il lui arrivait quelque chose. Une fois Lyoko prêt, il fallait faire évader Anthéa. On n'a pas eu le temps. Les hommes envoyés par Becker sont arrivés et vous connaissez la suite.
Waldo a virtualisé Aelita avant de se virtualiser lui-même. Voyant qu'il ne répondait plus à mes appels, je suis descendue au labo où il m'a dit qu'il avait perdu le contrôle de XANA et qu'il fallait absolument éteindre le supercalculateur. Je ne voulais pas les perdre, j'étais même prête à les rejoindre. Waldo tenait à ce que je reste sur Terre et que je le remplace à Kadic. J'ai obéi et j'ai éteint le supercalculateur. Aelita n'a rien pu savoir parce que j'avais isolé la ligne. Je ne l'oublierai jamais, nous étions devenus un peu plus qu'amis.
Et puis, dix ans plus tard, vous êtes arrivés et il a commencé à se passer des choses bizarres, des attaques paranormales. Au moment où j'ai vu Aelita au collège, j'ai tout compris. Et quand tout s'est arrêté et que Waldo n'est jamais revenu, j'ai su que vous n'aviez pas réussi à le ramener. Je regrette de ne pas vous avoir aidés à le ramener. Je n'aurais pas été efficace contre XANA mais j'aurais peut-être pu le sauver. Et j'ai failli à ma parole envers lui.
Elle se tourna vers moi l'air triste, une larme roulant sur sa joue :
-J'aurais dû m'occuper de toi, Aelita, lors de ton retour sur Terre, se reprocha-t-elle en prenant un mouchoir.
Quant à moi, j'étais partagée entre plusieurs sentiments. Je me sentais soulagée de connaître la vérité et tourmentée de ne pas avoir été mise au courant plus tôt.
-Ce n'est pas grave, maintenant, XANA est vaincu, la rassurai-je en souriant.
-Vous savez, William a combattu à nos côtés mais il a été possédé par XANA durant des mois, au point que Jérémy a dû créer un clone sur Terre, expliqua Yumi.
-C'était donc pour cela qu'il paraissait si étrange, murmura notre ancienne prof.
-Oui, et on a su le ramener avant de détruire XANA. Nous n'avions pas assez d'énergie pour lancer le programme multi-agents, alors Franz Hopper est sorti de la mer numérique pour nous fournir l'énergie manquante. Et XANA l'a tué sous les yeux d'Aelita. Il n'a même pas de sépulture en sa mémoire, continua Jérémy les larmes aux yeux.
Notre professeur réfléchit un instant.
-Êtes-vous sûrs qu'il est décédé ? demanda-t-elle, suspicieuse.
-Que voulez-vous dire ? répliqua Odd, confus.
-Je veux dire qu'il était un homme intelligent, et je pense qu'il n'aurait pas risqué sa vie avant d'essayer une parade. Il est possible qu'il ait créé un leurre de lui-même qu'il aurait rempli avec de l'énergie avant de vous l'envoyer, tout en restant caché, suggéra-t-elle en faisant les cent pas dans la pièce.
-Vous pensez qu'il y a encore un espoir ?! m'écriai-je, presque heureuse.
-Et bien, si j'étais vous, je rallumerais le supercalculateur pour vérifier. De toutes façons, XANA n'est plus une menace et si vous avez besoin de mon aide, j'accepterais volontiers, nous proposa-t-elle avec bonté.
Ulrich releva un sourcil, peu convaincu.
-Rallumer le supercalculateur ? Sachant que William est parti ? Avec Hélèni et Elisabeth qui ne connaissent pas notre secret et qui risquent de le découvrir ? C'est fort risqué, rétorqua-t-il la mine fermée.
Mme Hertz posa sa main sur son épaule.
-Ulrich, je vous fais confiance. Vous avez su protéger le monde de XANA ainsi que votre secret durant des années. Si Franz Hopper est toujours vivant, le ramener sera rapide parce que je sais que Jérémy est un véritable génie et que Aelita possède de vastes connaissances. Mettre au point un programme de matérialisation à l'âge de treize ans est simplement hors norme et je n'ai aucune crainte pour la suite. Retrouver Franz Hopper est notre priorité, assura notre professeur en se tournant vers Jérémy.
Je rejoignais son point de vue, il suffisait juste d'éloigner Hélèni du labo, sachant que Elisabeth traînait plus souvent avec Hervé et présentait une menace moins importante.
Tout le monde était d'accord sur le fait de rallumer le supercalculateur et de laisser une seconde chance à mon père.
Juste avant de quitter la maison, Mme Hertz me retint quelques minutes seule avec elle.
-Aelita, tu sais ce que ta mère est devenue, si on l'a retrouvée ? s'informa-t-elle, pleine d'espoir.
Je hochai la tête.
-Oui, Jérémy et moi l'avons retrouvée l'année dernière suite à un avis de recherche. Elle vit en Suisse, à Vevey. Elle aussi a dû changer d'identité ; et ça fait bien des années qu'elle est libre et qu'elle est prof de physique. Le projet Carthage est tombé à l'eau il y a des lustres, répondis-je en me voulant rassurante.
-Elle t'a tout raconté ? répliqua-t-elle à la fois surprise et contente.
-Oui, mais je préfère qu'elle vous le raconte elle-même. Elle est sur Paris ce week-end et je vais l'appeler pour qu'elle vienne jusqu'ici. Je vais vous donner son numéro de portable pour que vous puissiez lui communiquer votre adresse, affirmai-je avec un sourire.
Je sortis une petite feuille et un bic afin de lui inscrire son numéro.
-Au fait, merci de ne pas avoir divulgué notre secret auprès de la direction, la remerciai-je en lui tendant le papier.
Elle me remercia à son tour et ne put s'empêcher de me serrer dans ses bras avant de partir. Quant à ma mère, elle passa son après-midi chez mon ancien professeur.

À suivre...

Code Lyoko - Et MaintenantWhere stories live. Discover now