O : Qui es-tu Hélèni ?

237 8 5
                                    

Cela faisait un bon mois que Jérémy et Aelita étaient revenus, Ulrich et moi avions aidé Jérémy à se remettre en ordre alors que Hélèni et Yumi avaient aidé Aelita. William n'avait pas donné de nouvelles donc nous n'avions pas encore porté plainte contre lui. Hélèni et moi étions de plus en plus proches, malheureusement, elle me considérait plus comme un frère, à mon grand désarroi. Cette fille provoquait quelque chose de très fort chez moi qui faisait que j'étais irrémédiablement attiré par elle. J'avais envie de passer ma main dans ses beaux cheveux bouclés et de lui essuyer ses larmes quand elle souffrait. Parce qu'elle avait souffert, de l'absence de son père mais aussi de l'indifférence de sa mère, qui préférait l'envoyer en internat pour que d'autres personnes l'éduquent à sa place. Ce sentiment était nettement plus fort par rapport à toutes les autres filles que j'avais connues, pour une fois, autre chose que le physique m'attirait. J'aimais sa personnalité un peu garçon manqué, le fait qu'elle soit ceinture noire de karaté et qu'elle se défoule sur sa batterie de temps en temps. Elle pouvait également être très féminine, surtout dans son apparence. Elle me faisait penser à une fermière, ou bien non, un homme déguisé en femme. On pouvait rire de tout avec elle, lorsque Jérémy et Aelita se coinçaient où que Yumi et Ulrich se disputaient une énième fois, elle me remontait le moral, et l'inverse aussi. J'avais bien essayé maintes fois de l'effleurer, de la prendre par les épaules ou de lui caresser la main mais à chaque fois, elle me rejetait, sans raison apparente.
La seule chose dont j'avais envie était de lui demander qu'elle m'accompagne pour une balade dans le parc. Je ne pouvais lui demander de venir au cinéma le week-end, elle retournait chez elle dans l'appartement que sa mère louait.
Je profitai d'un moment où elle rangeait ses livres dans son casier, seule. Je me lançai, les mains moites :
-Salut Nini, je peux te poser une question ?
Elle se retourna et me fixa d'un air dubitatif :
-Vas-y, je t'écoute.
Je me raclai la gorge avant de parler.
-Est-ce que tu voudrais qu'on aille se balader dans le parc tous les deux après les cours ?
Elle me dévoila un beau sourire :
-On est vendredi, ma mère ne vient pas me chercher avant dix-huit heures, donc c'est ok, approuva-t-elle.
-Super alors.
-Super quoi ? tonna la voix d'Ulrich derrière moi, moqueuse.
Je sentis mes joues devenir toutes rouges et Hélèni me fit un clin d'œil complice.
-Euh, rien, on parlait de la cantine, il paraît qu'il y a du rab, bredouillai-je tant bien que mal.
Il était accompagné du reste de la bande.
-Non, mais la vraie raison, railla Yumi.
Ces deux-là, quand ils s'y mettaient, ça pouvait être terrible. Terriblement gênant.
-Il est juste venu pour m'inviter à une balade amicale dans le parc tout à l'heure, répondit Hélèni à ma place.
-On peut venir aussi ? demanda Aelita.
Je secouai la tête :
-Non, pas cette fois.
-Si c'est une balade amicale, tout le monde devrait pouvoir s'y joindre, renchérit Jérémy.
-Oh là là, vous n'avez toujours pas compris ?! répliquai-je, agacé.
-C'est pas vrai ! Tu vas sortir avec Hélèni pour une balade romantique ? C'est la meilleure ! se moqua Ulrich.
-T'es pas drôle ! On ne sort pas ensemble ! On est copains et puis c'est tout ! protestai-je.
-Copains et puis c'est tout ? ironisa Yumi.
Je haussai les épaules :
-Ben ouais.
Hélèni remarqua ma détresse et vint à ma rescousse :
-C'est bon là, vous pouvez arrêter vos conneries ? On n'est pas en couple, point barre.
La sonnerie de la fin de la pause retentit.
-Bon, nous on y va, décida Aelita.
Ils s'éloignèrent et nous laissèrent seuls.
-Et bien toi, tu as le don de moucher les gens, la complimentai-je.
-Je crois que j'y ai été un peu fort quand même, tu ne trouves pas ?
-Mais non, il fallait les remettre dans le droit chemin, rigolai-je.
-Della Robbia et Kostas, vous n'avez pas entendu la sonnerie ? nous cria Jim.
-Si, on y va de ce pas, lui cria Hélèni en retour.
Nous nous ruâmes vers la classe où on avait cours de religion, les autres entraient. J'adorais le prof, Mr Reboul, il était petit, chauve, la cinquantaine, et avait toujours une bonne blague à raconter, on plaisantait parfois ensemble. Il commença par prendre les présences. Arrivé à Romain Dubourg, il s'aperçut que, comme d'habitude, le lascar était encore en retard.
-Je vous parie que Romain est encore avec sa copine aux toilettes. Je me demande bien ce qu'il y fait, je vous épargne les détails. En tous cas, c'est un gros vicelard, railla-t-il.
À ce moment, Romain, un petit brun trappu à la barbe naissante déboula dans la classe.
-Excusez-moi Monsieur mais j'étais aux toilettes.
Tout la classe éclata de rire et le prof fit une grimace :
-Je vous l'avais dit ! rigola-t-il.
Romain alla s'asseoir à sa place sans savoir ce qu'il se passait. Lorsqu'il arriva à ma hauteur, je l'en informai, assez haut pour que le prof l'entende :
-Hé Romain ! Il paraît que tu es un vicelard !
-Non, je n'ai pas dit ça, tu es un gros vicelard, me reprit le prof.
Il enchaîna en parlant de lui-même :
-Mais qu'il est con.
Romain s'assit, honteux de ce qu'il venait de se passer et le prof entama son cours sur les religions monothéistes.
À la fin des cours, je me dirigeai vers le réfectoire avec Hélèni pour aller chercher le goûter et le manger dans le parc. Nous prîmes une tartine de Nutella et un jus d'orange.
En allant dans le parc, mon regard fut attiré par la plaque d'égout. Notre bon vieux passage secret vers l'usine et vers l'aventure. Devrait-elle être au courant un jour ? En tous cas, il était trop tôt pour tout lui dire. Et puis ce n'était pas indispensable, c'était désormais de l'histoire ancienne, Jérémy et Aelita ne me l'auraient jamais pardonné.
Le parc commençait à prendre des couleurs d'automne, tantôt rouge, tantôt jaune ou orange. N'était-ce pas la saison des grands romantiques mélancoliques ? C'était bien ma veine, ça, au milieu de l'automne, avec une fille que j'aime mais qui ne m'aime pas en retour. Pourtant, elle engagea la conversation :
-C'est beau, l'automne, tu ne trouves pas ? C'est même ma saison préférée.
Comme elle devait être mélancolique ! Au vu de son passé, cela ne m'étonnait pas.
Je me sentis un peu mal à l'aise :
-Euh oui mais je préfère l'hiver, pour faire des batailles de boules de neige, l'automne, c'est un peu triste, répondis-je.
-C'est trop cool la neige, j'adore ça aussi, approuva-t-elle en riant.
Nous avançâmes dans le parc, jusqu'à la lisière de la forêt.
-On peut aller se promener dans la forêt ? me demanda-t-elle.
-Normalement c'est interdit mais on peut faire le mur, proposai-je d'un air malicieux.
-C'est d'accord, sourit-elle.
Je lui fis découvrir la forêt qui se dénudait de ses feuilles et elle avait l'air de vraiment apprécier. Moi aussi, d'ailleurs, elle me paraissait si proche à présent. À ce moment-là, je fis une tentative. Je saisis sa main pour la serrer dans la mienne mais elle se retira d'un coup, comme elle en avait l'habitude, très mal à l'aise. Quelque chose clochait, et elle n'avait pas l'air très disposée à m'en parler. Un peu comme quand Jim racontait sa vie, il finissait toujours par se taire.
-Mais enfin Nini, tu vas me dire ce qu'il se passe ? C'est comme si je t'agressais, m'indignai-je piqué.
Elle me regarda farouchement :
-Ce ne sont pas tes oignons, répliqua-t-elle sèchement.
-Tu sais, tu peux tout me dire, je ne raconterai rien aux autres, la calmai-je.
Elle prit une grande inspiration, des larmes dans les yeux.
-Il s'appelait Alexandre. Alexandre Chevallier. J'étais en quatrième, lui en troisième. Nous étions tous les deux scolarisés dans l'enseignement spécialisé, en Auvergne. La seule différence était qu'il avait seize ans et que j'en avais treize. Je le connaissais, on n'était pas amis mais on se disait bonjour et tout. Il m'a proposé une balade dans le bois entourant le collège et là, il m'a touchée. Je me suis débattue, il a essayé de me violer mais j'ai pu l'immobiliser avec une prise de karaté. On est allées voir la direction avec ma mère mais ils n'ont rien fait, alors on est parties à la Côte d'Azur pour prendre un nouveau départ. Et je peux te dire que même si j'ai pu me défendre, c'est traumatisant. C'est pour ça que j'ai du mal avec les garçons et que je suis si proche d'Aelita, me raconta-t-elle en larmes.
-C'est un malade ce mec ! Jamais je ne te ferai du mal, tu entends, Nini ?! Si on le retrouve, il va souffrir, je te le promets, m'énervai-je.
-Tu sais, je n'ai pas besoin qu'on me protège, je sais le faire seule. C'est dur parce que j'ai toujours été habituée à protéger ma sœur, m'avoua-t-elle.
-Ta sœur ? questionnai-je étonné.
-Oui, tu ne le sais pas mais j'avais une sœur jumelle, Cassi. C'était la plus chétive de nous deux alors je la protégeais du monde extérieur. Seulement, elle a commencé à montrer des signes de fatigue et de faiblesse. Ma mère ne s'en est pas préoccupée et lorsque le médecin a posé le diagnostic, il était trop tard. Elle avait une leucémie au stade avancé, et on n'a pas pu la sauver. Si tu savais comme je m'en veux de ne pas avoir pu la protéger, sanglota-t-elle.
Je pris sa main, et elle ne la retira pas.
-Tu n'y es pour rien, tu as fait ton maximum, la rassurai-je bouleversé.
-Oui mais c'est horrible de perdre sa sœur jumelle. Elle était mon âme sœur !
Je ne l'avais jamais vue dans un état pareil, elle souffrait depuis tant d'années, j'avais juste envie de la voir sourire à nouveau.
-Oh Nini, viens, lui dis-je en ouvrant les bras pour lui faire un câlin.
Elle s'y précipita et pleura de plus belle. J'essayai de la réconforter tant bien que mal, je n'aimais pas de la voir si triste. Je lui caressai les cheveux et soudain, elle se retira.
-Merci Odd, d'être là pour moi, dit-elle simplement.
Après, nous continuâmes à nous enfoncer dans la forêt, jusqu'à se retrouver près de l'Ermitage.
-Tu connais cette maison ? Elle semble si abandonnée, me demanda-t-elle avec curiosité.
Je ne savais pas si je devais lui mentir ou non. Tout révéler sur le passé d'Aelita se résumerait à la trahir.
Je secouai la tête :
-Non, je la vois quand je passe mais je ne sais rien de cette maison, répondis-je.
Ses yeux se mirent à briller.
-Et si on allait jeter un coup d'œil ? suggéra-t-elle.
Je ne savais plus que faire, elle semblait si curieuse, voulant braver les interdits.
-Non, je ne crois pas que c'est une bonne idée, refusai-je poliment.
-Allez, s'il te plait, me pria-t-elle.
Elle me prit brusquement par la main et courut vers la barrière et je fus obligé d'entrer avec elle.
Cela faisait longtemps, peut-être deux ans que je n'y étais plus entré. On ne venait plus du tout, on avait autre chose à faire et Aelita avait décidé de ne plus remuer son passé qui la faisait tant souffrir.
Lorsque nous pénétrâmes dans la maison, je ressentis cette atmosphère pesante chargée de souvenirs. Tout sentait un peu le renfermé et des araignées y avaient élu domicile. Dans le salon, rien n'avait bougé. Toujours autant de papier dispersés partout à terre près des fauteuils et de la table basse. Je ne pouvais m'empêcher de penser à Aelita et d'imaginer la scène de sa fuite, apeurée par le sort qui leur aurait été réservé.
-C'est comme si les habitants étaient partis dans la précipitation, pour fuir quelque chose, on dirait qu'il y a eu un cambriolage, fit-elle remarquer.
Elle s'approcha de la cheminée et prit une statuette de bronze en mains :
-En tous cas, ils avaient des goûts un peu chelou matière déco.
Après avoir observé de manière détaillée le salon, elle m'entraîna au-dessus, contre mon gré.
-Nini, ce n'est pas une bonne idée de fouiller la vie des gens, protestai-je de plus en plus mal à l'aise.
-Mais enfin Odd, c'est une maison abandonnée, me dit-elle en rigolant.
-N'empêche que je n'aime pas ça.
-Oh là là, t'es relou, soupira-t-elle en levant les yeux au ciel.
Elle entra dans la chambre d'Aelita et observa les poupées, les vieux vêtements et les jouets. Elle jeta un regard par la fenêtre délabrée.
-Pauvre petite fille, je me demande bien ce qu'il a pu lui arriver, murmura-t-elle avec compassion.
Moi, évidemment, je le savais, alors je devais faire attention à mes propos.
-Peut-être qu'elle va très bien maintenant, elle avait certainement ses parents pour la protéger, la rassurai-je.
-J'espère.
Ensuite, elle se dirigea vers la chambre de Franz Hopper, complètement retournée.
-Quel bazar ici ! On a passé un motoculteur ou quoi ?! s'exclama-t-elle, indignée.
La salle de bain n'était guère plus épargnée, avec le WC démonté et la baignoire cassée.
Tout d'un coup, Hélèni préféra redescendre, elle ne se sentait pas rassurée. Et puis, elle vit le piano et s'y installa. Elle joua La Valse d'Amélie et enchaîna avec la bande originale de Pirate des Caraïbes, et cela me plut beaucoup.
-Tu joues bien, je ne savais pas que tu jouais du piano, la félicitai-je impressionné.
-Ça fait longtemps que je n'ai plus joué, ce sont les derniers morceaux que j'ai joué, les derniers que j'avais joué à ma sœur avant sa mort. À Nantes, ma mère nous avait inscrites ma sœur et moi à l'Académie où j'ai eu des cours de piano et de batterie. Ma sœur jouait de la guitare, sur un instrument d'étude, et j'avais eu un synthétiseur à prêter, se confia-t-elle.
-Du coup tu continues seulement la batterie ?
Elle hocha la tête et regarda sa montre.
-Oh mince ! Il est déjà dix-sept heures trente ! Il faut que je me sauve ! s'écria-t-elle en panique.
Elle se mit à courir et moi aussi, je n'avais pas l'intention de la laisser partir seule au risque de se perdre.
-Attends Nini ! Tu vas te perdre !
Encore heureux, je courais vite et je n'eus aucun mal à la rattraper. Je la pris par la main pour la guider jusqu'au parc, et une fois de retour près des dortoirs, je lui dis au revoir.
-Merci pour ce moment, c'était super, Robby, me remercia-t-elle d'une voix douce.
-Il n'y a pas de quoi.
Et là, elle me déposa un tendre baiser sur la joue, elle pouvait être douce quand elle le voulait. Elle monta chercher ses affaires et les autres arrivèrent derrière moi. Personne n'était parti, pourtant, Yumi n'habitait pas loin.
-Alors, c'était comment ? me demanda Ulrich.
-Super. Mais seulement, on a été faire un tour en forêt et elle a voulu aller à l'Ermitage, expliquai-je embêté.
L'expression d'Aelita changea.
-Et tu l'as laissée faire ? répliqua-t-elle, un peu en colère.
-Je suis entré avec elle et j'ai fait semblant de ne rien connaître, répondis-je.
-On a eu chaud pour cette fois, mais évitez d'y retourner, recommanda Jérémy.
-Vous savez, Hélèni a un passé très difficile, elle m'a raconté pas mal de choses, la défendis-je.
-Oui, on sait aussi, entre filles, on se dit pas mal de secrets, approuva Yumi.
Je me tournai vers Aelita et Jérémy :
-Aelita n'a pas un avion à prendre ?
-Non, cette semaine, c'est sa mère qui vient chez moi, du coup mon père vient nous chercher, m'informa Jérémy.
-C'est sympa tout ça. Et toi, Yumi ? la questionnai-je.
-Je vais bientôt y aller, ça fait un bail que mon frère est parti, répondit-elle.
Comme la plupart des week-ends, j'allais encore passer le suivant seul avec Ulrich. Cela ne me déplaisait pas, au contraire, mais ce n'était pas la même chose. Mr Belpois vint chercher son fils et sa belle-fille, Yumi retourna chez elle et j'aperçus Hélèni entrer dans la voiture de sa mère.
Une fois partis, le lycée se para d'un silence inhabituel, à la fois relaxant et pesant. Les éducateurs de la semaine étaient remplacés par d'autres et relativement peu d'élèves restaient le week-end ou pendant les vacances. Une bonne partie du week-end était consacrée à l'étude, mais au soir, les éducateurs organisaient des activités comme des sorties cinéma, ou bien à un concert, un bar, ou encore des jeux dans l'enceinte du lycée. Cependant, ce n'était en rien pareil sans le reste de la bande. Je ne sortais même plus du lycée pour aller voir Sam au skatepark, parce que j'avais enfin décidé de me préoccuper de mes études. Je ne voulais pas terminer comme un bon à rien, je voulais réussir mon bac et entamer des études supérieures, j'ignorais encore dans quelle direction. Pourtant, pour en revenir aux week-ends, il y avait une chose que j'aimais tout particulièrement : les pains au chocolat au petit déjeuner et le repas copieux du dimanche qui égayait ma journée.
Au soir, dans mon lit, je devais absolument parler à Ulrich, lui demander son avis sur Hélèni.
-Je crois que je suis amoureux, mec, lâchai-je tout simplement.
Il se retourna dans son lit, vers moi, le regard moqueur, faisant mine de réfléchir :
-Laisse-moi deviner qui est l'heureuse élue... Hélèni ?
-Oui, elle est parfaite, quoi. Belle, intelligente, rebelle, drôle, gentille et forte à la fois. Quand je parle avec elle, j'ai l'impression de grandir, d'être un homme, me justifiai-je en riant.
-Ce n'est qu'une impression alors, railla-t-il.
-Eh, t'es pas marrant ! protestai-je, vexé.
-Écoute gros, même si je n'y connais rien en matière de filles, un conseil si tu veux que ça marche, vas-y doucement et progressivement, elle a besoin de temps, me conseilla-t-il sur un ton on ne peut plus sérieux.
-T'as raison, bonne nuit.
Je m'endormis aussitôt. Le week-end se passa comme d'habitude et je fus heureux de revoir tout le monde le lundi, en particulier Hélèni, et visiblement, elle avait quelque chose d'important à me demander en privé vu son air grave.
-Odd, j'aimerais faire des recherches sur mon père, je ne suis pas sûre qu'il soit mort. Tu es d'accord qu'on le fasse ensemble après les cours ?
-Oui, je veux bien, ne t'en fais pas, approuvai-je avec un sourire.
Comme prévu, après le dernier cours de la journée, je passai en vitesse à la cantine chercher un copieux goûter pour nous deux et je la retrouvai au pool informatique.
Je vis la détermination dans son regard, cette femme me rendait dingue.
-Je vais juste taper son nom, déclara-t-elle.
Alexis Kostas. Elle fit défiler une page internet et tomba sur un article de presse.
-Ce n'est pas vrai ! Ma mère m'a menti ! Il était en prison ! s'exclama-t-elle, hors de contrôle.
L'article, qui datait de l'année 2002, disait qu'il sortait de prison après huit ans. Il avait braqué plusieurs commerces à La Réunion avec sa bande. Et tout avait dérapé, un homme était mort à cause d'un de ses deux complices, homicide involontaire. Il avait demandé à purger sa peine en Grèce pour être auprès de ses parents.
-Toutes ces années, elle nous a menti, à moi et à ma sœur ! Cassi, elle a beaucoup souffert de l'absence de son père. Et il est sorti il y a six ans, et je ne l'ai jamais revu ! Où est-il ? Que fait-il ?! s'emporta-t-elle.
Je ne savais que dire, mais une idée me vint en tête.
-Vas voir sur Facebook, il y est peut-être, proposai-je.
-Je n'ai pas Facebook, révéla-t-elle un peu honteuse.
-Moi, si, je vais aller voir.
Elle me laissa sa place et je me connectai. Je tapai le nom de son père et parcourus la page.
-Il est là ! s'écria-t-elle, tremblante.
Je cliquai sur son profil et descendis vers les photos. Il s'affichait avec une femme et je vis Hélèni de plus en plus triste et mal. Soudain, une photo de lui avec la dame, un petit garçon et une petite fille avec pour légende "Bon anniversaire à ma petite Séléné", ce que Hélèni me traduit car écrit en grec, la brisa. Elle éclata en sanglots, et se jeta dans mes bras.
-Il a refait sa vie ! Il a une femme et des enfants ! Et nous, il n'en a rien à faire ! Je suis quoi pour lui ?! cria-t-elle en larmes, indignée.
Je lui caressai les cheveux et lui pris le visage entre les mains. Je lui enlevai ses lunettes rondes pour sécher ses larmes avec mes doigts.
-Je suis désolé, chuchotai-je abasourdi.
-Désolé, tout le monde est toujours désolé ! Sauf le principal intéressé ! riposta-t-elle, agacée.
Je ne voulais pourtant pas la blesser. Elle se calma :
-Excuse-moi si je t'ai répondu comme ça, mais ça me révolte.
Je lui souris, gentiment :
-Nini, si j'étais à ta place, je réagirais de la même façon.
Elle me sourit légèrement en retour :
-Tu es quelqu'un de bien, Odd. Je t'aime beaucoup, murmura-t-elle.
Mon cœur fit des bonds :
-Moi aussi, soufflai-je.
J'avais envie de l'embrasser mais je ne le fis pas, ce n'était pas le moment.
-Ne dis rien à personne, surtout, me demanda-t-elle.
-Ne t'en fais pas, ton secret est bien gardé, lui assurai-je.
Je lui déposai un baiser sur le front et je décidai d'aller voir les autres, avec elle, histoire qu'elle arrête de se faire du mal. Cette histoire me dégoûtait, pauvre Hélèni, je voulais juste la protéger et l'aider.

Code Lyoko - Et MaintenantWhere stories live. Discover now