A : Renaissance

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Un long tunnel de lumière se présentait à moi. Que faire ? Avancer ou faire demi-tour ?
Au loin, des voix se firent entendre :
-Je suis désolé mais elle ne s'en sortira pas. On va devoir la débrancher, s'excusa une première voix masculine.
-Non, je refuse, il s'agit de la vie de ma fille, et je ne laisserai personne la tuer ! cria une voix féminine.
-Vous préférez avoir un légume ?! Honnêtement, si elle s'en sort, ce qui est peu probable, il y a de fortes chances qu'elle devienne un légume ! s'énerva l'homme.
-Aelita ne deviendra pas un légume ! Et elle s'en sortira ! répliqua une seconde voix masculine.
-Vous savez ce que c'est que de voir mourir la chair de votre chair ?! sanglota la voix féminine.
-Et vous savez ce que c'est que de perdre sa femme ?! renchérit la seconde voix masculine.
-Non, bien sûr. Mais elle risque de rester dans cette chambre jusqu'à la fin, elle peut rester dix ans, vingt ans, ce sera trop dur pour vous, les raisonna le premier homme.
Tout d'un coup, tout le monde se tut. La conversation reprit quelques temps après.
-Avant de la débrancher, je vais vous laisser lui dire adieu, fit le premier homme.
Les deux autres personnes pleuraient.
-Aelita, que dire. Je vais t'avouer qu'avant d'accoucher, j'espérais secrètement avoir un garçon. Sûrement parce que j'ai toujours voulu un frère. Mais qui a réussi à sauver le monde quand ce satané virus l'attaquait ? Qui a réussi à retrouver ma trace ? Qui a toujours bien travaillé au lycée ? Un garçon ? Non, ma fille dont je suis si fière. Ma fille. C'est si dur de te perdre à nouveau, ma chérie. J'espère que tu seras heureuse là haut, je t'aime, déclara la voix féminine brisée.
La seconde voix masculine parla :
-Mon amour, je ne trouverai jamais quelqu'un d'autre comme toi. Tu m'as fait grandir, Aelita. Je me souviens encore de notre rencontre, nous étions si jeunes et timides. Je voudrais juste te voir près de moi ou te rejoindre, la vie sans toi sera juste impossible, et tu manqueras à tous tes amis : Odd arrêtera de blaguer, Ulrich sera encore plus silencieux, Yumi se sentira coupable et tu manqueras même à Hélèni. Je te promets de faire payer à William ta souffrance.
William ? Ce nom me disait quelque chose.
-Je crois qu'il est temps, le moment est venu, soupira le premier homme.
Je sentis quelqu'un m'embrasser le front. À moins que... Jérémy ! Il savait tout ! Et Maman ! Ils étaient là tous les deux, et on allait me débrancher. Je devais les revoir. Je n'avais pas le droit de laisser Maman une seconde fois. Je fis un effort colossal et plongeai dans la lumière. Je ne me trouvais plus dans le tunnel, seule une lampe austère m'éblouissait.
-Attendez ! Elle a ouvert les yeux ! s'exclama une infirmière.
Ma mère et Jérémy se précipitèrent sur moi.
-Aelita ! Ma chérie ! Tu es vivante ! pleura ma mère en me prenant la main.
-Tu nous as fait peur ! renchérit Jérémy avant de m'embrasser l'autre main.
Comme j'étais intubée, cela m'empêchait de parler.
-C'est un miracle ! Dire que j'allais la débrancher, on a bien fait d'attendre, d'ailleurs, je pense qu'on peut enlever le tube et lui mettre un simple appareil à oxygène, jubila le médecin.
On m'enleva le tube de la gorge et je toussai. On me mit l'appareil qui rentre dans chaque narine pour respirer et je pus prononcer mes premiers mots.
-Jérémy, qu'est-ce que tu fais en Suisse ? Tu devrais être au lycée avec les autres, le raisonnai-je.
-Mais enfin, ma place est avec toi ma puce, tant pis pour le lycée, j'ai eu peur de ne pas te revoir, avoua-t-il avec des larmes dans la voix.
Je fus émue par ses paroles sincères.
-Je suis désolée pour tout, m'excusai-je.
-On sait tout, et William le payera cher, m'assura ma mère.
J'éclatai en sanglots, c'était si bon de les revoir, et Jérémy avait fait le déplacement pour venir me voir, quel homme merveilleux. Il essuya doucement mes larmes et déposa un baiser sur mes lèvres.
-Maintenant, elle va devoir reprendre des forces, on va la garder jusqu'au moment où l'on jugera qu'elle peut sortir, expliqua médecin.
Il sortit de la chambre avec les infirmières. Jérémy me prit par la main.
-Avec ta maman, on s'était dit que tu pourrais revenir à Kadic. Tu reviendrais en Suisse un week-end sur deux et ta maman monterait te voir l'autre week-end. Ma mère est même d'accord de l'héberger, ainsi, on se verrait aussi en dehors du lycée. Qu'est-ce que tu en dis ? proposa-t-il.
Je laissai éclater toute ma joie.
-Bien sûr que oui, mon amour ! acceptai-je avec quelques larmes.
À ce moment, un homme d'une soixantaine d'années pénétra dans la chambre. Il s'agissait d'Alain Chevry, le fameux prof de maths que ma mère fréquentait. Un homme grisonnant, de taille moyenne, portant des lunettes, assez mince avec un certain charisme. Je l'avais rencontré plusieurs fois et il s'était toujours montré agréable, attentionné et avec pas mal d'humour. Il avait un fils et une fille de la trentaine.
-J'ai entendu dire que la petite s'était réveillée, Martha, lança-t-il joyeusement à ma mère.
-Oui, il y a une heure à peine. Le médecin était prêt à la débrancher quand elle a ouvert les yeux, c'est extraordinaire, approuva-t-elle.
Il la prit par la taille et s'adressa à moi :
-Alors, comment vas-tu ? Et qui est ce jeune homme ? demanda-t-il en se tournant vers Jérémy.
-Un peu fatiguée, mais ça va. Et je te présente Jérémy, ça fait pas mal d'années qu'on est ensemble.
Les deux hommes se serrèrent la main.
-Tu sais, ta mère a eu très peur. Ne refais plus jamais ça, me gronda gentiment Alain.
-C'est promis, et puis il n'y a pas qu'elle qui a eu peur, ajoutai-je.
-Si vous voulez, vous pouvez retourner à la villa, j'ai envie d'être un peu seul avec elle, je prendrai un bus, décida Jérémy.
-On va plutôt aller faire un tour et on te reprendra après, sourit ma mère.
-J'ai entendu ce que tu m'as dit avant mon réveil, lui dis-je avant qu'elle ne s'en aille.
Elle me sourit, simplement.
Une fois seuls, je pus me laisser aller. J'étais en colère contre William et triste d'avoir fait tant de mal à Jérémy et à ma mère.
-Jérémy, qu'est-ce qu'on va faire, il n'arrête pas de m'insulter et de me rabaisser ? me lamantai-je.
-Écoute chérie, on va rentrer en France, de toutes façons il est aux États-Unis. Quand il reviendra, Yumi ira lui parler et après on ira porter plainte, m'expliqua-t-il.
-Mais il va tout révéler ! Et on va avoir des ennuis, ma mère aussi ! protestai-je, apeurée.
-Non, il ne dira rien, sinon il va s'enfoncer aussi, me rassura-t-il.
-Il m'a touchée, révélai-je tremblante.
-Quoi ?!
-Quand j'étais seule avec lui dans le camping car, ajoutai-je.
Je vis ses yeux lancer des éclairs.
-Le fumier ! Je vais lui montrer ce qu'il se passe quand on te fait du mal ! s'emporta-t-il d'un air déterminé.
Nous restâmes silencieux un moment.
-Tu sais, j'ai fait ça un peu sur un coup de tête, sans réfléchir aux conséquences, m'excusai-je encore.
Il prit mon visage entre ses mains :
-Hé Princesse, tu n'as pas à culpabiliser, c'est William le fautif, et je veillerai à ce qu'il soit puni, murmura-t-il doucement.
Je caressai son bras un instant.
-J'ai peur de ce qu'il va m'arriver, maintenant que tu sais. J'ignore de quoi il est capable s'il me retrouve, sanglotai-je désemparée.
-Il ne t'arrivera rien du tout, on est là pour te protéger, tu te souviens de ton arrivée de Lyoko ? On s'était juré de te protéger quoi qu'il arrive, je ne le laisserai jamais toucher à un seul de tes cheveux, répliqua-t-il sûr de lui.
-Les autres sont au courant ? questionnai-je.
Il hocha la tête :
-Oui, Yumi a été choquée, surtout qu'ils se sont embrassés, et Ulrich le sait, il s'est énervé sur elle. Mais je crois qu'elle a compris, d'ailleurs elle doit avoir une conversation avec lui, me raconta-t-il.
-Pauvre Ulrich, décidément, il n'a pas de chance avec Yumi, soupirai-je d'un air désolé.
-Par contre, Odd, il est à fond sur Hélèni, rigola-t-il.
Je roulai de grands yeux, pas vraiment surprise :
-Ça ne m'étonne pas de lui, les jolies filles, ça le connaît. Et elle ?
-Je n'en sais rien, elle a l'air plus sérieuse. Elle ne parle pas beaucoup d'elle, je crois qu'elle a un passé compliqué, répondit-il en haussant les épaules.
Il enchaîna :
-Et si j'envoyais un texto aux autres pour leur dire que tu es réveillée et que tu reviens à Kadic ?
-Excellente idée, ça va les soulager, approuvai-je avec joie.
Peu de temps après, ma mère et Alain vinrent chercher Jérémy car les heures de visites étaient terminées. Pendant une semaine, ils me rendirent visite régulièrement, ma mère restait la moitié de la journée, et Jérémy l'autre moitié. Ils étaient vraiment aux petits soins, et je pus passer des moments inoubliables avec ma mère.
Un jour, alors que ma mère et Jérémy étaient dans la chambre, le médecin entra pour annoncer une bonne nouvelle.
Il s'adressa à moi :
-Et bien, nous avons constaté que vous avez repris les forces nécessaires pour sortir. Et si en plus, vous connaissez l'origine du problème et que vous pouvez le régler, c'est encore mieux. Je crois que vous pouvez remercier votre mère d'avoir appelé les secours à temps, sinon votre petit-ami n'aurait jamais pu vous revoir. Il semblait si inquiet et hors de lui à l'idée de vous perdre, annonça-t-il sur un ton enjoué.
-Merci à vous de ne pas m'avoir débranchée, répondis-je en retour.
Il sourit et serra ma main, celle de Jérémy et celle de ma mère avant de nous dire adieu.
-Allez, on rentre à la maison, me dit ma mère en me prenant par les épaules.
Je rassemblai mes affaires avec leur aide et nous montâmes dans la voiture direction Vevey.
-J'ai réservé un vol pour Paris demain après-midi, vous aurez pas mal de cours à rattraper au lycée. Je l'offre aussi à Jérémy, pas question qu'il paie deux fois l'avion alors qu'il s'est occupé de ma fille, déclara-t-elle.
-C'est gentil de votre part, la remercia-t-il.
-On l'annoncera aux autres sur Skype tout à l'heure, proposai-je.
-Oui, je les préviens, décida-t-il.
Une fois chez moi, nous préparâmes des spaghettis au thon et aux olives pour le dîner. Je repris goût à la cuisine avec Jérémy, ma mère nous laissait faire. C'était si agréable de partager à nouveau ces moments de complicité. Tout d'un coup, un spaghetti tomba hors de la casserole et moi, gourmande, je le mis en bouche. C'est alors que Jérémy prit l'autre bout afin de terminer par un baiser comme dans "La Belle et le Clochard", ce qui me fit rire.
Après le dîner, nous montâmes dans la chambre qu'occupait Jérémy pour appeler les autres sur Skype.
Il se coucha à moitié sur le lit et j'en fis autant, me lovant contre lui, son ordinateur sur ses genoux. Comme prévu, les autres nous attendaient.
-Ah, voilà la plus courageuse ! s'exclama Odd en me voyant.
-Tu nous a fait peur ! ajouta Hélèni.
-Tu aurais pu y rester ! renchérit Yumi.
Je fus émue par cet élan d'amitié et je remarquai que Yumi et Ulrich semblaient très distants.
-Du calme, je suis en vie, ne vous inquiétez pas, les rassurai-je.
-Oui, mais n'empêche que William à quand même failli te tuer, maugréa Ulrich.
Yumi ne scilla pas, elle savait sans doute très bien qu'elle avait eu tort de se laisser amadouer par William.
-Et sinon, il t'envoie encore des messages ? s'inquiéta Hélèni.
-Oui, mais je ne réponds jamais. Il me traite de pute, de traînée, et j'en passe. Alors je garde tout pour la police.
-Des toutes façons, on n'a pas le choix, après ce qui t'a fait, fit Yumi d'une petite voix.
Elle devait avoir peur de le perdre, mais elle n'aurait pas le choix.
-Les gars, j'ai une bonne nouvelle, on rentre demain après-midi, mais on va devoir vous laisser parce qu'on se lève tôt, annonça Jérémy.
-C'est trop bien ! s'enthousiasma Odd.
-Je pourrai rencontrer Aelita en vrai, s'extasia Hélèni.
-Et on va pouvoir faire avancer les choses, compléta Ulrich.
-À demain, termina Yumi.
On termina l'appel et je me tournai vers Jérémy.
-Pourquoi dis-tu qu'il faut se lever tôt ? On a du temps, lui demandai-je sceptique.
-Parce que j'ai envie de te faire l'amour, répondit-il avant de m'embrasser passionnément.
-Pas tout de suite, allons voir le coucher de soleil à mon balcon, proposai-je.
Il accepta et nous sortîmes sur mon balcon. Au loin, le soleil se couchait sur le lac.
-C'est romantique, chuchotai-je.
Il me déposa un baiser sur le front.
-Pas autant que toi.
Il prit possession de mes lèvres et ne les lâcha plus jusqu'à la fin. Après, il m'emmena dans sa chambre où le lit était plus grand et ses baisers se firent plus nombreux et insistants. Il descendit sur mes seins, qu'il téta avec avidité et descendit encore plus bas. Il ôta son jeans et il me laissa voir l'ampleur de son désir. Je repensai au message de William. Jérémy était loin d'en avoir une petite, elle ne semblait pas longue mais plutôt épaisse.
-On va voir si William a raison ! me lança-t-il en riant.
-Tu as un préservatif ?
-Et comment, j'en ai toujours avec moi depuis les vacances, on ne sait jamais, avoua-t-il avec fierté.
Il avait bien mûri, envolée la timidité de l'adolescence, elle avait laissé place à un homme sûr de lui.
Je ne pus m'empêcher de gémir quand je le sentis en moi, mais cette fois, je voulais prendre les devants et être maîtresse de notre plaisir.
-Alors mon beau, tu aimes quand je m'occupe de tout ? murmurai-je à son oreille.
-Plus que tout, souffla-t-il.
Nous n'avions plus aucune honte à parler sexe entre nous où à se dire des mots crus.
Le rythme s'accéléra, jusqu'au moment où il explosa en moi, ce qui me fit monter au septième ciel.
Après, nous tombâmes comme des masses, toujours nus, dans son lit, jusqu'au matin.
C'est ma mère qui nous réveilla :
-Les amoureux ! Il faut se lever, sinon vous allez rater l'avion !
Je me réveillai dans ses bras et il m'embrassa fougueusement les lèvres.
-T'as entendu, mon cœur ? Pas le temps pour les câlins, rigolai-je.
Je me rendis dans ma chambre où j'enfilai un jeans et une blouse blanche à fleurs rouges en col V ainsi que mes tennis. Nous descendîmes dans la cuisine où ma mère nous attendait.
-Alors, bien dormi les amoureux ? Vous deviez être fatigués ! nous taquina-t-elle.
-Et comment, Jérémy ne me laisse pas tranquille, plaisantai-je.
-C'est plutôt l'inverse, répliqua-t-il en riant.
Après avoir mangé une bonne tartine à la confiture et préparé nos bagages, nous prîmes la route en direction de l'aéroport de Genève, où il fallut dire au revoir à ma mère.
Elle me prit dans ses bras, tendrement, ce qui me rappela mon enfance.
-Que tout aille bien. Jérémy, prends soin d'elle, on se voit bientôt, dit-elle avec douceur.
-Je n'y manquerai pas, assura-t-il.
-À bientôt, Maman, je te donnerai des nouvelles.
Durant tout le vol, je dormis, blottie contre Jérémy, des larmes dans les yeux. Je pleurais ma mère, la savoir inquiète me fendait le cœur et je pris conscience de l'ampleur de mon erreur. La mère de Yumi devait venir nous chercher pour nous ramener au lycée, ce qu'elle fit une fois arrivés au terminal.
Elle prit gentiment mon visage dans ses mains.
-J'ai appris ce qu'il s'était passé. Tu es très courageuse, me félicita-t-elle avec bonté.
-Encore un peu, je ne me réveillais pas, ils voulaient me débrancher, répliquai-je.
Elle nous conduit jusqu'au lycée, où nous allâmes chercher nos clés à l'accueil mais la dame nous dit que le proviseur voulait nous voir à notre retour. Je me sentais un peu mal à cette idée. Pourtant, il nous reçut avec un grand sourire.
-Bonjour les enfants, comment allez-vous ? J'ai appris pour Aelita, nous salua-t-il.
-Ça va mieux, répondis-je en souriant.
On voyait les cicatrices sur mes bras.
-Si elle a failli mourir et que je suis parti sans autorisation, c'est à cause de William Dunbar, il n'arrête pas de la harceler sexuellement, expliqua Jérémy en colère.
-Je suis navré mais je ne peux rien faire pour vous, William n'est plus élève ici, c'est du ressort de la police, s'excusa Mr Delmas désolé.
Il reprit avec un sourire :
-Et j'ai bien reçu à nouveau votre dossier, Mlle Stones.
-Vous allez punir Jérémy ? lui demandai-je, peu rassurée.
Il secoua la tête :
-Non, pas pour cette fois, il s'agissait d'une urgence. Je ne vais pas punir quelqu'un parce qu'il est allé soutenir la personne qu'il aime alors qu'elle allait peut-être mourir. À sa place, j'aurais fait la même chose. Mais que ça ne se reproduise plus.
-Vous avez notre parole, approuva Jérémy d'un air solennel.
Il nous laissa récupérer nos clés, et dehors, c'était la fin des cours. Nous tombâmes nez à nez avec les autres.
-Princesse ! Tu nous a manqué ! s'écria Odd en me donnant une tape dans le dos.
Hélèni s'approcha, heureuse de me voir. Elle était encore plus belle en vrai et cela ne m'étonnait pas que Odd craque pour elle.
-Du calme mon gars, moi aussi je voudrais en profiter, le sermonna-t-elle en lui donnant une tape à l'arrière de la tête.
Elle me prit dans ses bras alors que l'on ne s'était jamais vues. Elle me paraissait si proche, comme une sœur.
-Merci Jérémy, c'est génial de nous la ramener, le remercia Yumi.
Elle aussi me fit un câlin, cela faisait si longtemps que l'on ne s'était vues.
-Alors, il était comment Jérémy ? me lança Ulrich, joyeux pour une fois.
-J'ai pris soin d'elle tout le temps que j'étais là-bas, répondit-il à ma place.
-J'aimerais que quelqu'un prenne soin de moi comme ça, avoua Hélèni avec envie.
-Si tu veux, je suis là, moi, fit Odd en la regardant amoureusement.
-Odd, tu es marrant mais non, quelqu'un de plus sérieux, rigola-t-elle.
La mine d'Odd passa radicalement du sourire à la tristesse.
-Eh je suis désolée, ne le prends pas comme ça, je ne voulais pas te faire de peine, s'excusa-t-elle.
Il se retourna en riant :
-Je t'ai eue ! Je le savais, qu'en réalité, tu m'aimes !
Elle lui donna un grand coup dans le dos en riant :
-T'es vraiment trop con !
-Bon, les amoureux, c'est pas ça mais nous, on dois monter nos affaires, déclarai-je.
-Installe-toi dans la chambre de Yumi, j'irai dans la tienne, c'est ta place, me proposa Hélèni.
-Non, tu es avec elle et c'est bien, je ne ferai jamais un truc pareil, c'est ta place. Et puis, si on est deux, Jérémy, il va faire comment pour venir me voir dans ma chambre ? refusai-je gentiment.
Odd ne manqua pas de se moquer de nous :
-Vous savez que c'est interdit de faire taktak à l'internat ? railla-t-il.
-Je m'en fiche, à partir du moment où nous sommes tous les deux consentants, répliqua Jérémy en haussant les épaules.
-C'est pas comme avec William, ironisa Ulrich.
-Qu'est-ce que tu insinues ? Que William est prêt à violer une fille ?! s'énerva Yumi.
-Et c'est reparti, soupira Odd.
-On ne sait pas de quoi il est capable, arrête de le défendre ! la sermonna Ulrich.
-Je ne le défends pas mais il ne faut pas non plus l'accuser des pires choses ! rétorqua Yumi.
-Et quand il te harcelait pour sortir avec toi ?! Ah non, j'ai oublié, tu étais d'accord qu'il t'embrasse ! riposta Ulrich, furieux.
-Ulrich, calme-toi, le raisonnai-je.
-Non, je ne me calmerai pas ! Parce que cette ordure a failli avoir raison d'une de mes meilleures amies et que personne n'a su la protéger !
Ses paroles me touchèrent énormément, on ne traînait pas beaucoup ensemble rien que tous les deux.
Yumi ne répondit rien, elle savait que Ulrich avait raison.
-Bon, et bien, moi, je vais déjà m'installer pour le goûter, tu viens Robby ? annonça Hélèni.
-J'arrive Nini, répondit Odd.
Robby ? Pourquoi ? On ne l'avait jamais appelé comme ça auparavant.
-Robby ? T'es sérieux ? me moquai-je gentiment.
-Bah ouais, fallait bien me trouver un surnom à moi aussi.
Il s'en alla pour rattraper Hélèni et, voyant que Yumi et Ulrich se faisaient la tête, nous décidâmes de les laisser seuls.
-Bon, et bien on va vous laisser et monter nos valises, déclara Jérémy.
Nous prîmes l'ascenseur qui nous amena à nos étages respectifs. Je cachait mes cicatrices avec un foulard noué à mon poignet. Plusieurs filles, y compris Milly, Tamiya et des plus jeunes s'inquiétèrent de mon état, on leur avait dit que j'étais malade. Même Sissi prit de mes nouvelles. J'entrai dans ma chambre, toujours la même depuis le début, peinte en rose et très agréable. J'ouvris la fenêtre pour aérer et déballai mes affaires et les rangeai dans la penderie. Je mis un peu de parfum Escada, j'aimais bien les odeurs fruitées et Jérémy ne pouvait pas y résister.
Cette année n'allait peut-être pas être si mauvaise finalement, et je comptais bien profiter de la dernière année que nous devions passer tous ensemble.

Code Lyoko - Et MaintenantWhere stories live. Discover now