U : Remords

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Trois jours. Cela faisait maintenant trois jours que Yumi m'avait appris le décès de William. Aujourd'hui était le jour de son enterrement, et je ne serais même pas présent. Mon père, ne pouvant pas être là pendant mes congés, avait engagé un professeur particulier en mathématiques qui pourrait également me surveiller. Il voulait absolument que je travaille encore plus. Et il n'avait pas tord, pour une fois. Je ne me sentais pas de taille d'affronter le chagrin de ses parents ni les remarques de Yumi. Le décès de mon rival ne me toucha pas tant que ça, après tout, il s'était salement comporté. Je ne souhaitais pas sa mort, mais disons qu'il l'avait bien cherché. Je ne pensais pas qu'il pouvait être pervers à ce point, allant jusqu'à menacer Aelita de la tuer. Pauvre Jérémy, il avait bien dû avoir peur de ne jamais la revoir vivante, il l'aimait tellement. Comme j'aimais Yumi, mis à part qu'elle préférait que l'on fasse copain-copain. Cette fille, je l'avais dans la peau, je ne pouvais me défaire de ses beaux yeux et j'en souffrais. C'était ça la passion, la souffrance. Je me concentrai sur mes logarithmes et mes exponentielles. Comme cet énoncé me semblait difficile ! Je me tournai vers mon professeur attitré, Monsieur Bertrand :
-Je ne comprends pas l'exercice, soupirai-je exaspéré.
Il s'approcha à pas lourds et observa ma feuille :
-Je ne peux rien te dire, c'est à toi de le comprendre, c'est également pour ça que ton père m'a engagé, avoua-t-il gentiment.
Après vingt bonnes minutes, je réussis à le démarrer et à bientôt le terminer. Mon professeur vérifia la réponse :
-C'est correct, tu deviens bon, dit-il en souriant.
Enfin ! Je commençais à devenir bon en maths, mon père allait sûrement me lâcher un peu.
Pendant ma pause, Monsieur Bertrand engagea la conversation.
-Tu sais, tu es tout à fait capable de raisonner pour réussir un exercice, seulement, tu me sembles un peu ailleurs. C'est à cause d'une fille ?
Je n'avais pas vraiment envie de parler de Yumi.
-Je préfère ne pas en parler, bougonnai-je.
Je pensai tout d'un coup à Jim. Je venais de répéter sa phrase culte. Décidément, ça nous faisait des points communs : la phrase, le fait que je veuille devenir prof de sport et le jardin secret.
-Tu es sûr ?
J'hésitai un instant à me confier. Je ne pouvais plus me faire du mal comme ça, je devais en parler à un homme, et pas à mon père.
-Elle s'appelle Yumi, c'est une amie proche, elle sait que j'en pince pour elle, mais j'ai peur que ça ne gâche notre amitié. Un autre gars la convoitait, William, avec qui elle passait beaucoup de temps, plus qu'avec moi. Il était instable émotionnellement. Et puis, il a été tué dans un accident de scooter il y a quelques jours. J'ai cruellement pensé qu'à présent, ce serait facile pour moi de prendre sa place et d'entamer quelque chose avec elle. Je ne suis même pas allé à l'enterrement, j'aurais dû y aller coûte que coûte, elle doit se sentir mal et je ne suis même pas là. Elle ne me le pardonnerai jamais, et j'ai peur pour notre amitié, racontai-je tristement.
Si je perdais l'amitié et la confiance de Yumi, je perdais tout ce que j'avais construit.
-Tu sais Ulrich, les femmes sont compliquées, mais une fois rentré au lycée, soutiens-la, parle-lui, et tu verras que si elle ne t'en veux pas trop, au fur-et-à-mesure, tu te rendras compte que tu es en train de te rapprocher d'elle. Vas-y en douceur, elle vit quelque chose de très difficile, me conseilla-t-il.
-Je ne voudrais pas qu'une éventuelle relation amoureuse mette en péril notre amitié, insistai-je.
Il posa sa main sur mon épaule :
-Quand j'étais jeune comme toi, je nourrissais un sentiment amoureux envers ma voisine et meilleure amie, Catherine. Je le lui ai avoué, mais elle ne ressentait pas la même chose que moi. Pourtant, on est resté amis, et on a toujours des contacts, ce qui n'est pas ton cas.
Je le regardai, perplexe :
-Que voulez-vous dire ?
-Ton amie sait que tu en pinces pour elle mais elle ne t'a pas dit que ce n'était pas réciproque, et ça veut tout dire.
Je me remémorai les moments passés avec elle, rien que tous les deux. C'est vrai, elle n'avait jamais rien nié. Elle ressentait donc la même chose pour moi ! Ou elle se sentait mal à l'aise par rapport à William peut-être, ce que je n'espérais pas.
Et quand Sissi me courait après, elle avait une tendance à la jalousie. Je me souvins de la fois où je suis tombé dans la piscine, inconscient. Sissi voulait me faire du bouche à bouche mais Yumi avait pris les devants et s'apprêtait à le faire quand Jim est intervenu.
-Vous avez raison, conclus-je.
Je repris ma séance et, avant le dîner, je passai un coup de fil à Yumi.
-Salut Yu', vraiment désolé pour tout à l'heure mais mon père a engagé un prof particulier, alors j'ai intérêt à bosser, m'excusai-je.
-Je ne t'en veux pas, je sais que ton père est dur avec toi et qu'il veut que tu sois à la hauteur. Et puis, un enterrement n'est jamais très gai. Il valait mieux que tu ne viennes pas, me rassura-t-elle.
-Tu ne m'en veux pas trop ? lui demandai-je avec appréhension.
-Non Ulrich, je ne t'en veux pas. Je dois t'avouer que lorsque tu m'as envoyé le message, j'ai cru que la mort de William ne te faisait ni chaud ni froid mais bon, ton père est sévère, expliqua-t-elle.
Je fus soulagé de entendre le dire.
-Et comment va Aelita ?
-Mieux, elle semblait triste malgré ce qu'il lui avait fait. Jérémy la soutient comme il peut, elle se sent coupable d'avoir déposé plainte, alors qu'elle a fait le bon choix. Elle pense qu'il s'est suicidé, répondit-elle d'une voix douce.
-Et toi, tu y crois ? m'informai-je, dubitatif.
Elle laissa planer un moment de silence.
-Ça ne me paraît pas impossible. Il savait qu'il aurait des problèmes avec la gendarmerie et je sentais qu'il tenait beaucoup à son image, soupira-t-elle.
-Tu tiendras le coup ?
-Oui, c'est gentil de t'inquiéter pour moi, mais bon, d'ici une grosse semaine, on recommence le lycée. Hiroki va bientôt revenir de chez Johnny, et Aelita va partir chez sa mère une semaine. Jérémy va bosser ses cours et Hélèni va essayer de connaître un peu mieux son futur beau-père.
-Et Odd ? demandai-je, étonné qu'elle n'en parle pas.
-Il n'est pas venu, il est fauché.
À ce moment, ma mère m'appela pour le dîner.
-Bon, et bien je dois te laisser, ma mère m'appelle. Bon courage.
-À bientôt.
Je n'avais pas tellement envie de dîner, surtout avec mon père en face de moi qui n'hésitait pas à me faire des remarques.
Je pris ma fourchette à la main droite pour la plonger dans la purée de pommes de terre et de carottes que ma mère avait préparé.
-Ulrich, tu es droitier et tu as un couteau, donc ta fourchette, tu l'utilises avec ta main gauche et ton couteau avec celle de droite, me sermonna mon père.
-Ça va, c'est bon, maugréai-je énervé.
-Voilà pourquoi ta mère et moi ne t'emmenons jamais à nos dîners professionnels, ajouta-t-il d'un air satisfait.
Je lui décochai un regard assassin. Toujours pour me rabaisser, celui-là, et ma mère ne disait rien du tout. Elle se contentait d'observer, mal à l'aise. Il était clair que mon père ne lui laissait aucune place pour s'affirmer en tant que femme et en tant que mère. Mon géniteur représentait tout ce que je haïssais dans l'humain : le mépris, l'égoïsme, l'indifférence, la domination et l'avarice. Il avait rencontré ma mère grâce à un ami ingénieur et là, il lui avait sorti tout son baratin, et ses connaissances, ce qui l'avait immédiatement séduite, et il ne se lassait pas de s'en vanter. Cet homme était de ces individus m'as-tu vu qui passaient leur temps à montrer leur avoirs et qui se servaient de leur femme comme d'une Porsche pour la montrer aux autres et ainsi se faire un nom au milieu de gens lambda. Tout mon contraire. Derrière ma carapace, je pensais avant tout à l'autre, et à son bien. Un peu comme ma mère. Elle était trop gentille, trop humaine, et ça, elle l'avait payé en rencontrant mon père. Il lui interdisait de sortir en-dehors de ses heures de boulot pour voir des amis, il l'autorisait juste à faire les courses, avec un horaire à respecter, elle était vraiment tombée sous sa coupe.
Après le dîner, le géniteur alla s'installer confortablement dans le canapé, devant un débat politique alors que ma mère s'empressa de débarrasser et d'aller faire la vaisselle. Je décidai de l'aider, et je voulais également lui parler.
-Maman, tu trouves que c'est normal que la mort de William ne me fasse pas grand chose ?
Elle se tourna vers moi tout en lavant la vaisselle :
-Et bien, tu ne l'appréciais pas trop. Nous réagissons tous différemment face à la mort de quelqu'un, du coup qu'est-ce qui est normal ou qui ne l'est pas ? m'expliqua-t-elle avec philosophie.
Je me sentais un peu rassuré, cependant, j'avais envie qu'elle me parle de son couple.
-Avec papa, comment ça va ?
Elle se ferma un peu avant de me répondre :
-Normal, comme d'habitude, il ne fait rien pour m'aider.
-Tu sais, ce qu'il te fait, c'est de la pression psychologique, donc de la violence conjugale, donc de la maltraitance. Tu peux porter plainte, lui assurai-je.
-Porter plainte contre ton père ?! Tu veux rire ?! J'ai beau être ingénieur civil, si je me retrouve seule, je ne pourrai jamais te payer l'internat, ni la maison, répliqua-t-elle.
-Rassure-moi, tu as mis de l'argent de côté, non ?! m'exclamai-je, sceptique.
Elle secoua la tête :
-Non, ton père est tellement radin qu'il épargne de son côté et que mon salaire passe à payer la maison et les factures.
-Mais il est en train de te plumer, là ! m'indignai-je.
-Je sais bien, ai-je vraiment le choix ? Si je tente une action contre lui, il pourrait me quitter, rétorqua-t-elle.
-S'il te quitte et qu'il n'a pas ma garde, il sera de toutes façons obligé de te verser une pension alimentaire, la raisonnai-je.
-Tu as raison, je vais voir ce que je peux faire. En attendant, essaie de bien travailler.
Je pris congé et montai dans ma chambre. Elle paraissait vraiment perdue et ça devait encore être pire en mon absence. Le reste des vacances se passa de la sorte.
Lorsque je rentrai au lycée, j'avais hâte de revoir Odd. Par chance, il m'attendait déjà dans la chambre, couché sur son lit.
-Alors mon pote, content de revenir ? lui lançai-je.
-Bah, tu sais, ça m'a fait un choc d'apprendre la mort de William, du coup, pas hyper content non plus. Et toi ?
-Couci couça, ça ne va pas trop entre mes parents, mon père fait pression sur ma mère, il lui manque des cases, du coup je n'aime pas de la laisser seule, lui racontai-je.
Je me tus un instant.
-Et avec Hélèni, comment ça va ? C'est le calme plat ?
Il secoua la tête.
-C'est dynamique alors ? le taquinai-je.
Il m'adressa un regard suspicieux :
-Dans quel sens ? rigola-t-il.
Il enchaîna :
-Je lui ai tout dit.
Que voulait-il dire, par tout ?!
-Tout ?!
-Ben ouais, elle était triste au téléphone à cause de sa mère qui a rencontré quelqu'un, je l'ai réconfortée et je lui ai dit combien je l'aime.
-Ah, direct, comme ça ? m'étonnai-je.
En même temps, il faisait ça souvent avec les filles, mais avec Hélèni, je ne pensais pas qu'il s'y risquerait.
-Oui, et elle ressent la même chose pour moi, jubila-t-il.
-Tu es sûr ? me moquai-je gentiment.
Il piqua un fard :
-Bien sûr que oui, se défendit-il.
-Et tu l'as déjà embrassée ?
Il leva son index et son menton :
-Non, mais ça ne saurait tarder. Odd le Magnifique sait toujours comment s'y prendre.
-Pour se ramasser des gifles ? ironisai-je, franchement amusé par ses râteaux précédents.
-Pas du tout.
-Ce n'est pas ce que pensent Claire, Magalie, Heidi et j'en passe, rigolai-je.
-Ça, c'était avant, maintenant, j'ai changé et, même si ça n'a pas marché avec Sam, notre rupture était une décision commune mûrement réfléchie, m'expliqua-t-il fièrement.
-J'ai du mal à croire que tu puisses prendre une décision mûrement réfléchie, soupirai-je.
Odd ne s'était jamais comporté de façon très mature, et je le voyais mal prendre une bonne décision. Il avait quand même rompu avec Sam, dont il était fou amoureux depuis le collège. Pourtant, lorsque Hélèni est arrivée, tout a changé, il a découvert une histoire triste et difficile d'une jeune femme blessée par la vie. Peut-être était-ce cela qui l'avait fait grandir, peut-être me trompais-je complètement sur lui et qu'il aimait réellement cette fille. J'avouais moi-même trouver Hélèni très belle et charmante mais il y avait cette douleur dans son regard qui me dérangeait et que je ne retrouvais pas chez Yumi. La voix de mon ami me tira de mes pensées :
-Ça va avec Yumi ?
-Au début, elle croyait que je n'étais pas venu à l'enterrement parce que je n'appréciais pas William. Je te jure, j'ai vraiment cru perdre sa confiance, il faudra absolument que je lui parle en face, l'informai-je.
-En même temps, c'est normal, mon pote. Elle appréciait beaucoup William et savait que tu ne l'aimais pas, c'est tout à fait banal comme pensée dans ce cas. Il a beau avoir détruit la vie d'Aelita, il peut-être souvent très compliqué de se détacher d'une personne que l'on aime.
J'avais rarement entendu quelque chose de sensé sortir de la bouche de Odd Della Robbia.
-Mec, tu viens de dire quelque chose d'intelligent ! m'exclamai-je, bouleversé.
Il haussa les épaules :
-C'est bien la preuve que je ne suis pas si con que ça.
Soudain, quelqu'un frappa à la porte. Il s'agissait de Jérémy, qui ne semblait franchement pas heureux.
-Ben alors, ta princesse t'a laissé tomber ? railla Odd.
Il se laissa tomber sur mon lit.
-Odd, je n'ai pas envie de rire. Aelita va mal, elle se sent horriblement coupable et sa semaine en Suisse ne l'a pas aidée. Je ne sais plus quoi faire, elle m'a dit qu'elle aurait mieux fait de mourir pour lui laisser la vie sauve, se lamenta-t-il.
-Écoute Jerem', si Aelita s'était réellement donné la mort, je suis sûr que William se serait rendu compte de sa bêtise et qu'il aurait sûrement fait la même chose. Il était coincé, le rassurai-je tant bien que mal.
-Tu ne peux pas savoir à quel point c'est dur, il s'agit de ma copine et je supporte de moins en moins de la voir dans cet état. J'ai envie de la voir heureuse, de pouvoir dissiper sa souffrance par un seul baiser, s'emporta-t-il.
-On veut tous la voir heureuse, rétorqua Odd.
-Donc, maintenant, on va aller dîner, et ensuite, vous allez passer un moment seuls tous les deux où tu vas lui montrer combien tu l'aimes, décidai-je.
Il hocha la tête et nous sortîmes de la chambre pour aller à la cantine, où nous retrouvâmes les filles.
La mine d'Aelita paraissait éteinte et c'est à peine si elle nous regarda. Je pus également voir Odd et Hélèni s'échanger des clins d'oeil complices.
-Alors, Odd, tu n'as pas une annonce à nous faire à propos de ta relation avec une jolie jeune femme ? le taquinai-je pour remonter le moral d'Aelita.
Il me jeta un regard suspicieux :
-Moi ? Pas du tout.
-Allez Odd, fais pas le gamin immature, insista Hélèni.
Il se racla la gorge un instant :
-Voilà, j'aime Hélèni, et on est ensemble, annonça-t-il sur un ton joyeux.
Cette dernière lui prit la main tendrement, devant les autres, estomaqués.
-Dis-donc, ça me fait penser au discours que tu as prononcé quand tu parlais de Claire, Magalie, Heidi, Azra et toutes les autres, s'amusa Aelita qui venait de sortir de son mutisme.
-Il n'y a guère qu'avec Yumi, Sissi et mon Aelita que la sauce n'a pas pris, renchérit Jérémy qui semblait heureux de voir sa copine sourire.
-C'est parce que Sissi, elle n'a toujours pas pigé que son cher Ulrich ne l'aimait pas, ajouta Yumi.
Cette remarque me déstabilisa un peu, et j'essayai de décrypter le message que la jolie japonaise voulait me faire passer. Elle détestait Sissi et sa mentalité de gamine pourrie gâtée.
Je la sentais aussi jalouse, elle paraissait vouloir me garder rien que pour elle, et cela me conforta dans l'idée que je devais continuer à me battre pour elle.
Je la détaillai un instant. Ses beaux cheveux soyeux poussaient, elle avait décidé de les garder plus longs, et ses yeux foncés de caractère contrastaient avec son visage angélique. Réellement, Yumi m'attirait énormément, et ce, depuis le premier regard, dans le gymnase, lors d'un combat de Penchak Silat. Il m'avait fallu plusieurs années pour l'apprivoiser, cette adolescente solitaire, toujours vêtue de noir.
La voix de Jérémy me tira de mes pensées :
-Alors, vous pensez faire quoi l'année prochaine ? questionna-t-il.
-Si tout va bien et que mon père ne m'a pas tué d'ici-là, je démarrerai un cursus en STAPS pour faire prof de sport. Et toi ? lui demandai-je en retour.
-J'hésite entre l'informatique et la physique quantique, mais j'aurai plus à apprendre de la physique quantique.
-En tous cas, moi, j'irai à l'Université étudier la physique quantique, intervint Aelita en lui prenant la main.
-Vous en avez, des aspirations ! Allez à la même université, suggéra Hélèni.
Je me tournai vers Yumi :
-Et toi ?
-Je vais étudier le droit, je veux devenir avocate pour défendre les autres, répondit-elle avec un sourire.
-Et moi, je ne sais pas encore si je vais aller dans une école d'art ou au Cours Florent, renchérit Odd.
Hélèni le regarda dans les yeux :
-Tu peux faire ce que tu veux, je serai toujours avec toi, de toutes façons, je peux faire mon cursus d'éducatrice où je veux.
-T'es trop gentille, Nini, murmura-t-il.
Elle lui donna une tape derrière la tête :
-Je veux bien tout mais il ne faut pas exagérer, non plus, railla-t-elle avec un grand rire sonore.
Nous avalâmes goulûment nos tartines, et alors que Jérémy avait emmené Aelita discuter dans un coin et que Odd était parti se promener avec Hélèni, je décidai de retenir Yumi pour lui parler également.
-Yumi, je sais que ça ne va pas trop pour le moment, et j'aimerais que tu saches que si tu as un problème, tu peux m'en parler, je serai toujours là, déclarai-je en lui tenant le bras.
Elle se jeta dans mes bras, des larmes dans les yeux. Je ne l'avais jamais vue si désemparée.
-Oh Ulrich ! Je me sens tellement mal, c'est de ma faute ! sanglota-t-elle.
-Mais de quoi parles-tu ? lui demandai-je, interloqué.
-William faisait tout pour que je l'aime. Il m'offrait des fleurs, m'invitait à passer du temps avec lui, était aux petits soins pour moi. Et tout ce que j'ai trouvé à faire, quand il m'a proposé d'aller aux États-Unis avec lui et qu'il m'a embrassée, c'est le rejeter et ne pas l'aimer. Il en est mort, de désespoir ! s'exclama-t-elle.
-Écoute Yumi, tu ne peux pas revenir en arrière. Ce qui est fait est fait, et il a fait du mal à ta meilleure amie, la raisonnai-je.
-Non, mais il ne méritait pas une fin si jeune ! protesta-t-elle.
-Je sais bien, et ça m'a fait de la peine. Pense bien que si j'avais voulu le voir mourir, vu mon impulsivité, je me serais déjà chargé de son cas. Celle qui me fait le plus de peine, c'est Aelita, parce qu'elle a porté plainte contre lui et croit qu'elle a signé son arrêt de mort.
Elle renifla, elle ne pleurait jamais, c'était la première fois que je la voyais pleurer devant moi.
-Elle n'y est pour rien ! Elle a fait ce qui est juste, affirma mon amie.
J'essuyai ses larmes avec mon pouce. Elle était désormais légèrement plus petite que moi.
-Oui, et c'est pour ça que l'on doit continuer à avancer coûte que coûte. On doit tous faire notre deuil de William, il ne reviendra jamais. Ça va être compliqué, mais le temps cicatrise les blessures, même s'il ne les referme jamais totalement. C'est un nouveau chapitre qui commence, notre dernière année tous ensemble, en on se doit d'en profiter comme il le faut, la réconfortai-je.
Elle sourit :
-Toi, on croirait que tu es toujours de mauvaise humeur et tu as le don de remonter le moral aux gens, me complimenta-t-elle.
Je lui pris la main et lui souris en retour.
-Bon, je vais aller faire mon devoir de math, annonça-t-elle.
Elle me quitta en faisant un signe de la main. J'en profitai pour monter dans ma chambre et faire du rangement en attendant Odd. Il devait sûrement être en train de rouler des pelles à Hélèni, le connaissant. Je n'avais pas envie de ranger ses affaires, du coup, je m'étendis sur mon lit pour l'attendre et je sombrai très bientôt dans un profond sommeil qui se prolongea jusqu'au matin.

Code Lyoko - Et MaintenantWhere stories live. Discover now