- Haaaaa, Terrence, quel empressement ! - s'écria Rudolph en sautillant de joie tout en l'invitant à entrer d'un geste gracieux de la main.

Devant cet étrange comportement, Terry eut un mouvement de recul, mais plus désireux encore d'avoir une explication, il hocha la tête et pénétra dans la pièce, dont l'éclairage tamisé l'interpela...

- J'ai donné congé à mon personnel pour que nous soyons plus tranquilles... - lui dit tout bas Rudolph avec un clin d'oeil complice tout en lui tendant une coupe de champagne.

- Je n'ai pas peur d'affronter vos gardes du corps, vous savez ! - répliqua Terry en refusant la coupe.

- J'en suis certain mon ami, mais pour ma part, j'aime bien faire ce genre de choses dans la discrétion...

- Je comprends, il ne serait pas de bon ton que tout le monde soit au courant de votre attitude envers tous ces maris ou compagnons dont vous convoit'...

Son interlocuteur l'interrompit en fouettant l'air d'un revers de la main.

- Rhoooo, oublions ces histoires de bonshommes !... L'essentiel, c'est que vous soyez venu, Terrence, les autres ne comptent pas... ou ne comptent plus...

Devant la singularité de ces propos, le front de Terry se plissa tandis que tout son corps se raidit, sur la défensive.

- Qu'est ce qu'il mijote, celui-là ? - se dit-il tout en l'observant du coin de l'oeil se diriger en chantonnant vers le gramophone. D'un geste aérien, ce dernier déposa le bras de l'appareil sur le disque et une douce musique se mit jouer. La tête penchée sur le côté, les yeux fermés, ses bras virevoltant au rythme de la mélodie, il revint vers Terry en se balançant, ses mules en cuir frôlant le sol.

- Décidément, ce type est vraiment bizarre ! - se dit-il, déconcerté par l'allure et le comportement de plus en plus étranges de la star américaine. Il se moquait de lui, il n'y avait pas de doute ! Comment pouvait-il fanfaronner devant lui tel un paon tout en faisant semblant d'ignorer la raison de sa visite ?! A bout de patience, Terry le saisit au vol et l'empoignant par le col de son kimono, plaqua son nez contre le sien.

- Valentino, je ne suis pas venu ici pour cueillir des pâquerettes ! Nous avons à parler !!!

Terry vit alors passer une lueur étrange dans le regard du bourreau des cœurs, lequel, profitant de cette providentielle proximité, s'enhardit et d'un bond, lui plaqua un baiser sur la bouche ! En réaction, le jeune aristocrate le repoussa vivement et bascula dans son élan contre la banquette derrière lui.

- Q... Qu'est ce qu'il vous prend, Rudolph ??? - s'écria-t-il d'une voix hystérique. Il tenta de se relever, mais déjà ce dernier s'asseyait à côté de lui, le buste penché en avant et le cou tendu vers lui.

- Excusez-moi, Terrence, mais ce fut plus fort que moi .Vous étiez si près de moi que je n'ai pas pu résister à la tentation de vous embrasser. Vous m'en voulez ?

Terry était tellement choqué que rien de compréhensible ne sortait de sa bouche. Rudolph se glissa alors contre lui et nullement effarouché, se mit à jouer avec les boutons de sa chemise, tandis que son autre main remontait le long de son biceps (bandé et surtout tout disposé à user de sa force de catapultage !...)

- Otez vos mains de moi !... - grogna Terry, mâchoires serrées.

Sa voix, cette fois, avait repris un aspect normal, ferme et menaçante, mais visiblement pas assez convaincante, son entreprenant interlocuteur persistant dans son entreprise de charme.

- Haaa, Terrence ! Si vous saviez comme je suis heureux ! Au fond de moi subsistait un doute, mais maintenant que vous êtes là, je n'en ai plus...

Lettres à JulietteWhere stories live. Discover now