Chapitre 23

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- Tu es vraiment certaine qu'il n'a rien ? - demanda une nouvelle fois Terry, la respiration en suspend.

- Oui, oui, ne t'inquiète pas. Il se réveillera avec une belle bosse au front (et une dent en moins malheureusement). Allez, aide-moi plutôt à le coucher. J'aimerais qu'on soit parti d'ici avant que quelqu'un ne nous surprenne...

- Aucun risque, il avait donné congé à tout son personnel... - dit Terry sur un ton faussement détaché tout en hissant avec peine sur le lit le corps inanimé de la star hollywoodienne.

- Ah bon, mais pourquoi ? - fit Candy, la bouche ronde d'étonnement. Embarrassé, le jeune homme la regardait en se mordillant la lèvre.

- Tu ne me croirais pas si je te le disais...

- Vraiment, Terry, je ne comprends rien à cette histoire ! - s'écria-t-elle, agacée - Vas-tu me dire ce qui s'est passé dans cette chambre, oui ou non ?

Son regard se heurta alors à une paire de menottes en fourrure pendue à la tête de lit. Elle fronça les sourcils d'interrogation, de drôles de pensées lui venant à l'esprit confortées par la décoration chargée autour d'elle, les draps de soie de couleur pourpre, et ce parfum de cocotte qui flottait dans la chambre... Elle n'avait pas fait attention à tout cela en arrivant, trop absorbée qu'elle était à examiner l'hôte des lieux, mais à présent qu'elle avait retrouvé son calme, elle ne pouvait ignorer l'étrangeté de ce qui l'entourait.

- On dirait une boite à bonbons croisée avec une maison close... - se dit-elle, gênée d'être involontairement témoin de ce dont elle n'aurait pas dû être.

Un gémissement l'interrompit alors dans ses pensées. C'était l'endormi qui commençait à émerger de son sommeil forcé.

- Vite, vite, ne trainons pas ici ! - dit-elle tout bas en agitant les mains de panique. Elle vérifia une dernière fois son pouls et ses pupilles, puis d'un coup de menton, fit signe à Terry de la suivre. A pas de loup, ils sortirent de la chambre, traversèrent le salon, fermèrent le plus discrètement possible la porte derrière eux, puis s'éclipsèrent, à la limite de la téléportation tant ils étaient pressés de rentrer chez eux !

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Terry n'avait pas poussé la porte de sa cabine qu'il sentit une forte pression dans son dos. Déséquilibré, il tituba sur quelques mètres pour s'écraser avec fracas contre la table basse du salon. Surpris par la violence du coup, il se retourna, étonné. Candy le fixait, les bras croisés, d'un air déterminé.

- Maintenant, Terrence Grandchester, tu vas te mettre à table ou je te promets que tu vas le regretter jusqu'à la fin de tes jours !

Aux yeux furibonds qu'elle lui jetait, il comprit que sa menace était réelle. De toute façon, tarder encore ne faisait que reculer l'échéance inutilement. Autant affronter le couperet avec courage ! Avec un peu de chance, elle serait magnanime...

- Assieds-toi, je t'en prie... - lui dit-il en lui indiquant du regard le canapé. Puis, prenant une forte inspiration, il se lança dans son récit...

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Fou de rage, Terry s'apprêtait à défoncer la porte de son rival quand un éclair de lucidité lui traversa l'esprit. Puisque c'était Candy que cet « enfoiré » attendait, autant lui laisser croire que c'était bien elle qui le rejoignait... Il frappa donc à la porte tout doucement, s'amusant à en griffer le bois comme l'eut fait une demoiselle impatiente. Sans surprise, la porte s'ouvrit sur le playboy gominé, vêtu de ses plus beaux atours, compte tenu de la qualité de l'étoffe du kimono qu'il portait, largement ouvert sur sa poitrine imberbe...

Lettres à JulietteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant