Cher Albert,
J'aurais bien voulu te donner de mes nouvelles plus tôt mais comme je te l'ai annoncé dans mon télégramme, un événement bien précis a bouleversé le cours de mon voyage mais aussi celui de mon existence, ce qui a fait que je n'ai pu jusqu'à ce jour trouver le temps nécessaire pour t'écrire. J'espère que cette lettre te parviendra néanmoins avant mon retour. J'aurais pu t'envoyer encore un télégramme, mais c'est un moyen de communication qui m'oblige à être succincte et tu sais combien j'aime parler ! J'ai tant de choses à te raconter qu'une lettre ne suffira pas mais je vais essayer de t'en dire le plus possible.
Figure-toi que je me trouve depuis quelques jours à Londres. Pour être plus précise, je me trouve à la campagne, à une dizaine de kilomètres de la capitale, dans la demeure des Grandchester, pour la future célébration de mes fiançailles avec qui-tu-sais. Contre toute attente, le Duc de Grandchester s'est montré très chaleureux avec moi et très enthousiaste vis à vis de ce mariage même s'il aura lieu en Amérique. C'est la raison pour laquelle nous allons célébrer nos fiançailles en Angleterre, afin de satisfaire un peu tout le monde. Je n'ai pas encore rencontré les autres membres de la famille, mais Terry m'a fait comprendre qu'ils étaient un peu particuliers et peu avenants. J'angoisse un peu à l'idée de faire leur connaissance mais je sais que Terry sera à mes côtés et ensemble nous pouvons tout affronter sans crainte aucune.
Le château des Grandchester est si grand que l'on peut s'y perdre et le parc, immense, est une véritable merveille. Quand je m'y promène, j'ai l'impression de me retrouver à Lakewood, avec ses statues, ses fontaines, ses gazons d'un vert immaculé et ses haies épaisses et verdoyantes plantées tout autour pour protéger le domaine. Il ne manque que les roses blanches d'Anthony, si belles et si odorantes, pour parfaire le lieu. Je suis si heureuse que tout me semble irréel !
J'aimerais tant que tu sois là pour pouvoir partager avec toi ce bonheur qui m'habite depuis mon séjour en Italie... Ce que je ressens est tellement fort qu'il m'est impossible de le décrire avec des mots. Je crois n'avoir jamais été aussi heureuse et je n'aurais jamais imaginé pouvoir l'être à ce point un jour... Je peine encore à croire que j'ai retrouvé Terry ! Que je l'ai retrouvé et qu' il m'aime ! Qu'il ne m'a pas oubliée, qu' il n'a jamais cessé de m'aimer pendant tout ce temps, et bien que je sois en train de l'écrire, il m'est toujours difficile de me convaincre que cela est la réalité.
Il m'aime et il veut m'épouser ! Je vais bientôt m'appeler madame Candice Neige Grandchester et j'ai beau le répéter à haute voix, j'ai toujours l'impression que cela concerne une autre personne ! Aurais-tu pu penser qu'un jour ce que je n'avais même pas osé espérer se réaliserait ? Une petite voix intérieure me dit que tu y es certainement pour quelque chose car quand je repense à mon excursion à New-York, je réalise combien le trajet avait été orienté vers Terry, n'est-ce pas ? Patty m'a aussi avoué votre petite conspiration pour faciliter nos retrouvailles... Pour être vraiment honnête, cette incursion dans ma vie privée m'a tout d'abord contrariée puis j'ai rapidement réalisé mon erreur. Si vous ne nous aviez pas aidés à forcer le destin, nous serions certainement encore ces deux idiots incapables de revenir l'un vers l'autre. Vous aviez confiance en nous alors que nous en étions incapables, emmurés comme nous étions dans nos certitudes, aveugles et sourds à cette chance qui s'offrait à nous. Je frisonne d'effroi à présent en imaginant l'obscurité dans laquelle nous serions restés plongés sans votre initiative... Comment pourrais-je un jour vous remercier, tous ?
Tu as toujours été là, mon cher Albert, prêt à m'aider ou à me consoler. Tu as tant fait pour moi. Toi, ce protecteur et bienfaiteur bien-aimé qui agissait dans l'ombre jusqu'à ce que tu te révèles à moi, mon mystérieux Oncle William. Comme j'ai été surprise et en même temps soulagée ce jour là ! Ce ne pouvait être que toi de toute manière car personne d'autre que toi ne pouvait aussi bien me connaître et me comprendre. Je me demande encore comment j'ai pu l'ignorer pendant toutes ces années passées à tes côtés. Tu as toujours su ce qui était bon pour moi, c'est pourquoi tu as décidé de m'envoyer en Angleterre après le décès d'Anthony alors que je refusais d'y aller. Si tu ne l'avais pas fait, je n'aurais jamais rencontré Terry, et je ne me serais peut-être jamais remise de la perte incommensurable qu'avait représenté pour moi la disparition d'Anthony. Je n'aurais jamais compris qu'on pouvait tomber amoureuse une nouvelle fois, d'une autre façon certainement mais tout aussi fort assurément. Tu le savais, toi, c'est pourquoi tu m'as fait traverser l'océan, pour que la distance et le temps guérissent ma peine, et pour qu'une autre personne aussi merveilleuse qu'Anthony croise mon chemin. Je te dois mon bonheur présent, Albert, et je ne sais comment te chérir au delà de ce qu'une fille puisse éprouver pour son père. La force de ce lien invisible qui nous relie fait que je sais, d'ors et déjà, que quoi qu'il advienne, nous resterons toujours unis et cela me remplit de joie. J'ai trop besoin de toi dans ma vie et je nous la souhaite la plus longue possible ensemble. J'espère pouvoir un jour te rendre tout ce que tu m'as donné, mais je crois que je n'aurais pas assez d'une vie tant tu m'as apporté et comblée. Merci Albert, merci du fond du cœur...
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Lettres à Juliette
RomanceIL EST TOTALEMENT INTERDIT DE PUBLIER CETTE HISTOIRE SUR TOUTE AUTRE PAGE, GROUPE FACEBOOK OU DE LA RACONTER SUR YOUTUBE Dix ans se sont écoulés depuis que Candy est revenue vivre à la maison Pony. Ses amis, soucieux pour elle car elle n'a toujours...