Chapitre 17 - partie 1

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Candy, enveloppée d'un peignoir sortit de la salle de bain, puis se dirigea vers la porte-fenêtre de leur chambre qui s'ouvrait sur un petit balcon avec vue sur la mer. En arrivant la veille au soir à Plymouth,  ils avaient fait le choix d'un hôtel plus commun que de coutume mais propre et très confortable. De cette manière, Terry ne courait pas le risque que des relations de sa famille le reconnaissent en compagnie d'une femme avec laquelle il n'était pas (encore) marié. Ce n'était pas le micro-scandale que cela aurait occasionné qui le gênait car cela faisait bien longtemps qu'il se fichait de ce que les gens pensaient de lui, mais plutôt la réputation de Candy qui aurait pu être concernée, ce qu'il souhaitait plus que tout éviter. Ils s'étaient donc présentés à l'accueil sous le nom de monsieur et madame Darcy, dont l'allusion plaisante n'avait pas manqué de faire sourire Candy, grande admiratrice de Jane Austen et de ses œuvres. Le réceptionniste avait noté leur nom sur son registre sans sourciller et leur avait donné la clé de leur chambre en leur souhaitant de passer une agréable nuit dans son établissement.

La nuit avait été des plus agréables en effet et encore une fois bien trop courte pour les jeunes amoureux passionnés l'un de l'autre qu'ils étaient. Cela faisait bien des jours qu'elle ne s'était pas réveillée avec lui à ses côtés et le plaisir de sentir la chaleur de sa peau contre la sienne au réveil, l'avait tant émue qu'elle en avait presque pleuré. Bientôt, elle pourrait partager la même couche en toute liberté, sans crainte des jugements, et cette perspective la rendait encore plus impatiente de voir venir ce jour béni. Mais avant cela, il lui faudrait passer par quelques étapes qui allaient s'échelonner encore sur plusieurs semaines ; une éternité pour elle, mais une éternité avec Terry était loin de représenter un supplice...

La tête penchée sur le côté, elle achevait d'essuyer ses cheveux humides avec une serviette, le regard perdu vers l'horizon. Le ciel sans nuage se reflétait sur l'eau calme en un bleu azur éclatant, que seules quelques mouettes rieuses venaient perturber de leur vol rasant au dessus des flots. Elle l'entendit soupirer fortement et se retourna. Saisie d'émotion devant la vue, irréelle, qui s'offrait à elle, elle prit appui contre le battant de la fenêtre et se laissa aller à le contempler. Non, vraiment, jamais elle ne pourrait s'y habituer...

Il se tenait là, devant elle, couché sur le ventre, dans ce lit auréolé du soleil du matin. Même endormi, il lui donnait toujours l'impression déstabilisante d'être une pauvre mortelle en présence d'un dieu grec, un dieu de lumière assurément, tant irradiait de sa personne la perfection. Ses bras fins et musclés enfouis sous l'oreiller, il dormait paisiblement, la respiration lente et régulière, les traits détendus sans aucun tressaillement d'inquiétude. Sa mèche rebelle recouvrait en partie ses yeux bordés de cils noirs qui dissimulaient avec délicatesse ses vertes pupilles dont le pouvoir hypnotique savait lui ôter toute résistance. Son nez droit et fin, ses pommettes hautes, sa longue bouche relevée aux commissures dans un subtil et perpétuel sourire, sa mâchoire à la fois raffinée et virile, s'harmonisaient en un ensemble esthétique parfait qui lui renvoyait, sans aucune retenue, l'indécence de sa beauté qu'elle ne se lassait point d'admirer. Son regard émerveillé se déplaça vers son torse nu, révélant un ventre musclé aux abdominaux saillants, des épaules rondes dont la ligne se prolongeait en courbe douce vers la chute de ses reins qu'un drap froissé recouvrait, dont un pli, légèrement écarté sur le côté, révélait l'ombre naissante de son intimité. Ses oreilles rosirent à l'évocation de ce que ce troublant organe était capable de lui procurer, le souvenir de leurs joutes nocturnes ravivant en elle un émoi violent qui s'empara d'elle avec fulgurance. Une confusion de gémissements, de soupirs, de cris sourds se répandait en écho dans son esprit tandis que chaque parcelle de sa peau, frémissante, revivait avec intensité ces moments de fusion où leurs membres se nouaient et se dénouaient au rythme de leurs caresses, le balancement de leurs corps qui s'intensifiait jusqu'à la rage, le plaisir contrôlant leur chair et leur âme qui s'abandonnaient dans l'étourdissement, jusqu'à la rupture ultime de la jouissance...

Lettres à JulietteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant