undici

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𝚒𝚜𝚒𝚜 𝚐𝚒𝚘𝚒𝚊


on roule pendant vingt petites minutes avec mathieu, et comme d'habitude, il ronchonne parce que ça le stresse de voir que je le regarde tandis qu'il conduit. en vrai c'est plus fort que moi, je ne peux pas m'en empêcher.

et puis, là c'est différent parce que même si ce qui m'a frappé en premier c'était sa tenue et sa couleur de cheveux, il est également vrai qu'il a énormément bronzé pendant ses vacances au maroc et ça le rend encore plus beau, alors que je ne pensais pas ça possible.

mon cœur fond déjà en général, mais ce soir, il a du mal à le supporter. ses cheveux, sa peau et sa tenue. non c'est trop, vraiment.

– isis, s'il te plait... il soupire alors que je le détaille encore beaucoup trop.

– désolée, je dis en riant légèrement avant de détourner le regard.

– on est arrivés de toute façon, il ajoute en se garant.

j'ouvre ma portière pour sortir et mathieu qui a déjà fait le tour me tend sa main pour m'aider. je lui souris en la saisissant.

ça commence à m'embêter parce qu'alix a l'appart pour elle ce soir, et si mathieu continu comme ça je ne pourrais pas m'empêcher de le faire monter quand il me ramènera.

je relève la tête vers l'enseigne et ai un mouvement de recule quand je réalise.

– mathieu ! je m'exclame. ça va pas ou quoi ! t'as vu comment je suis habillée ?

il se rapproche de moi et pose sa main dans le creux de mon dos avant de se pencher jusque mon oreille.

– oui j'ai vu. et t'es parfaite comme ça.

tout mon corps frissonne. il ne me laisse pas vraiment le choix, attrapant ma main et me tirant vers le restaurant. on entre et on nous fait assoir rapidement. on commande et on nous apporte nos boissons pour commencer. le repas se passe très bien, il me parle de son album à venir, de tout ce qu'il a de prévu. je lui parles de mes études en école des arts décoratifs pour devenir styliste.

on parle de tout et de rien pendant des heures. pour la première fois, il ne me parle un peu plus en profondeur de lui, et j'ai l'impression qu'il se livre enfin un petit peu.

il y a ce côté renfermé, presque timide, chez mathieu, qui m'attire indéniablement chez lui. c'est ce côté inaccessible, comme s'il me défiait de le percer à jour. mais je prends le défi à cœur.

tout se passait parfaitement bien mais, juste avant qu'on ne se lève pour aller régler l'addition, on m'a interpellé.

– isis ?

j'ai reconnu instantanément la voix qui prononçait mon nom. j'ai regardé mathieu avant de me retour er. et je me suis sentie vraiment mal quand j'ai lu dans ses yeux qu'il n'était pas surpris. il savait qui c'était.

alors je me suis retournée lentement en me levant, mathieu sur mes talons.

– houssem.

– c'est marrant de te voir ici.

– j'habite ici, je réponds. toi, par contre... c'est étonnant.

– tu ne me présentes pas ? il demande.

je me retournes vers mathieu et il s'avance un peu vers nous.

– houssem, mathieu. mathieu, houssem.

– on s'est déjà vu je crois, dit houssem. tu fais du rap, non ?

– ouais.

houssem a ravalé difficilement sa salive. sûrement en se rendant compte que mathieu n'avait rien d'un ami. je n'ai jamais été aussi gênée de toute ma vie et je voulais vraiment disparaître mais bien sur, ça ne marche pas comme ça.

– on allait y aller, j'informe houssem. passe une bonne soirée.

– toi aussi isis. j'espère qu'on se recroisera bientôt.

– s'il te plait, je dis fermement.

– on y va, s'immisce mathieu en prenant ma main.

je lui souris et le suis timidement jusqu'au comptoir, laissant houssem seul.

cinq minutes plus tard on était dehors et on marchait jusque la voiture en silence. c'était horrible. je sentais qu'il avait envie de dire quelque chose, mais aucun de nous deux ne faisait le premier pas. en l'observant, je remarquais sa mâchoire contractée et devinais qu'il n'allait probablement pas parler du tout alors je me suis lancée la première.

– je suis désolée pour houssem, je dis doucement.

– c'est rien.

son ton froid me fit l'effet d'une bombe. je me sentais déjà mal mais là, c'était pire. je ne voyais même pas quoi ajouter. il était visiblement contrarié mais pas d'humeur à parler. le côté inaccessible.

– mathieu...

– tu veux que je te dises quoi ? il dit subitement en s'arrêtant.

je me mords l'intérieur des joues en me stoppant. il passe une main dans sa nuque et soupire longuement.

– je... je balbutie. tu sais ça fait un moment que c'est fini.

– ah oui ? parce qu'à l'intérieur il avait pas l'air au courant pourtant.

– eh, je m'approche de lui. je suis sérieuse. ce qu'houssem en pense c'est son problème. moi ça fait longtemps que je ne l'aime plus, et ça il peut rien y faire.

il souffle une nouvelle fois et hoche la tête, reprenant sa marche jusqu'à la voiture. je trottine un peu pour le rattraper et m'accroche à son bras quand j'arrive à sa hauteur. je relève la tête vers lui et remarque que ça lui a quand même arraché un sourire. on monte dans la voiture et on commence à rouler. aucun de nous deux ne dit rien au départ mais c'est au bout de dix minutes que mathieu brise le silence.

– tu sais j'voulais te montrer ce soir que je peux être quelqu'un pour toi. enfin j'voulais aussi me le montrer à moi-même. et puis ton ex est arrivé et là j'me suis dis « putain mec, qu'est-ce que tu fous là ? » tu vois ? parce que isis... c'est tellement évident que ta place est au bras d'un mec comme lui. pas moi.

et j'ai compris, pourquoi depuis le départ il mettait une distance. pourquoi il était toujours sur la réserve. pourquoi il me paraissait inaccessible.

mais à aucun moment je n'ai accepté ce qu'il pensait. ça m'a encore plus attiré. qu'il voit en moi une certaine valeur que de toute évidence houssem, lui, n'avait pas su voir en moi.

qu'il s'estime chanceux, que je sois à ses côtés. alors qu'il ne s'était encore rien passé entre nous.

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on entre un peu dans le vif du sujet ici, dites-moi ce que vous en pensez! j'ai trop peur de mal tourner l'histoire du coup je prends vachement mon temps pour voir si tout est cohérent, si tout a du sens etc

sogno di amarti / plkWhere stories live. Discover now