Chapitre quatorze

98 21 23
                                    

Je patientais. J'étai assise dans le salon de mon appartement à une heure du matin pour attendre, l'attendre lui et ses mensonges. J'avais eu le temps de bosser tous les cours, j'étais allée au boulot après les cours et bien sûr, pas une seule trace de ma voiture.Les étudiants de la fac me regardaient bizarrement à cause de ce qu'il s'était passé ce matin. Le petit baiser sur le front qui n'avait échappé à personne. J'avais mis un point d'honneur à éviter tout le monde, je n'avais aucune envie de répondre à leurs questions indiscrètes. Les filles me regardaient de travers, à croire que dans la promo il n'y avait que Baptiste mais, quand il n'était pas ici, c'était Zack que tout le monde convoitait. Les gars, eux, étaient plus surpris que jaloux et davantage de regards me suivaient. La moto était restée devant chez moi, son casque était tranquillement posé sur la une étagère du salon, il allait revenir et je l'attendais. En y repensant, si au moins il y a une chose de positive dans cette découverte c'est que je n'avais quasiment pas pensé à Zack, je m'étais seulement focalisée sur Baptiste et ce qu'il cachait encore. Je m'étais lavée et j'avais enfilé un jogging avec des chaussures plates, un t-shirt et un pull Nike. Finalement, je me levais et regardais par la fenêtre, je ne voyais strictement rien à part de la pluie sous les réverbères et une rue entièrement déserte. Je regardais un peu mieux dans l'espoir de voir quelque chose et remarquais ma voiture vers le fond de la rue, la moto y était aussi. Il y avait quelque chose d'étrange mais je ne saurais dire quoi. Si la moto et ma voiture étaient là, où se trouvait Baptiste à cette heure-ci ? Je prenais une doudoune et descendais dans la rue, il faisait moins froid mais la différence de température me fit frissonner. Il n'y avait que les lointains bruits de la ville mais ma rue était étrangement calme. Je marchais avec des pas rapides jusqu'à la voiture où je trouvais Baptiste appuyé sur la vitre côté conducteur. Donc, il avait trouvé judicieux de dormir dans ma voiture et en bas de l'immeuble. Je toquais au carreau énervée et il ne bougea pas d'un millimètre, je recommençais, rien. Il ne pouvait pas s'être endormi dans la voiture quand même ! J'ouvrais la porte et il me tomba dessus en gémissant, je le rattrapais au dernier moment, juste avant qu'il se s'écrase sur le trottoir. Je le remettais du mieux que je pouvais sur le siège et lui tapotais la joue, il ne se réveillait pas mais baragouinait des choses incompréhensibles. Je vérifiais sa respiration, irrégulière et me demandais ce qu'il conviendrait de faire. Je soupirais et appelais un ambulance, journée entièrement pourrie. 

***

J'avais dû dire que j'étais sa copine, qu'il était venu dormir chez moi et qu'il était tombé dans les escaliers avant d'aller à la Fac ce matin. Il avait soi-disant pris la voiture ce matin et je l'avais retrouvé comme ça dans la rue,à une heure. C'était du grand n'importe quoi mais, c'est ce que j'avais trouvé de plus crédible pour expliquer son état d'inconscience. J'avais passé la nuit dans la salle d'attente des urgence, à patienter pour des nouvelles. Il avait été pris en charge à deux heures et je n'avais pas eu de nouvelle depuis, il était six heures, je ne savais pas si je m'inquiétais réellement pour lui mais toujours est-il qu'il m'a gâché une journée et une nuit, en plus, je ne peux pas aller en cours dans cet état. Je ruminais de sombres pensées en regardant une brochure pour la contraception, je m'occupais comme je le pouvais, lorsque le docteur arriva. C'était un  monsieur d'environ cinquante ans, chauve,  dans une tenue de bloc opératoire,  il a des touffes de poils qui débordent du col et des bras étrangement velus aussi. Je réprimais un frisson en imaginant son dos et son torse, j'ai en horreur les poils. Il s'avança et dit :

-C'est vous qui avez amené Baptiste Russo ?

-Oui.

Il soupira et me dit :

-Il a pas mal souffert cette nuit et on lui a replacé la clavicule correctement. Il a eu une fracture de la clavicule droite, avec déplacement, le poignet droit est aussi fissuré et une grosse commotion cérébrale. Il avait quelques plaies à la tête mais rien de bien méchant, c'était une sacrée chute et il n'est pas passé loin de se faire le coup du lapin. 

Because... it's you ! T.1 [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant