Chapitre dix

104 25 16
                                    

C'était une belle journée ensoleillée. Autour de moi le soleil se levait et venait baigner les montagnes d'une clarté éblouissante, tout était en harmonie. Le paysage était à couper le souffle et je ne me lassais pas de les regarder une par une afin de graver chaque détail de cette perfection. La route était en lacets et l'ascension n'en finissait pas, ce n'était pas pour me déplaire, j'étais bien, je me sentais respirer et flotter tel un électron libre. Je parvenais à ressentir chaque chose autour de moi et mes sens étaient décuplés par le bonheur qui ne me lâchait plus. Nous nous arrêtions au sommet de la montagne et il descendit pour se dégourdir les jambes. Je le regardais faire charmée par chacun de ses gestes, tout en lui m'inspirait paix et harmonie, je pourrais le suivre dans n'importe quelle contrée à ce moment précis. Il tourna la tête en souriant vers moi, ses yeux me regardaient avec une troublante sincérité. Il se mordilla la lèvre inférieure avant de me tendre les mains pour m'inviter à le rejoindre. Je restais immobile à le détailler de la tête au pied tout en passant par son torse et sa taille qui ne me laissaient pas indifférente. Je donnerais tout pour rester avec lui plus de temps, je voulais que ce moment se fige et que je garde chaque sensation, chaque sentiment et chaque détail encrés en moi. Je finissais par ôter le casque et descendre de la moto. J'attrapais une de ses mains et il me serra avec douceur et sécurité contre lui. Aucun de nous deux ne parlaient, les mots sont parfois superflus et les regards parlent d'eux mêmes. Il s'arrêta et passa ses mains sur mes hanches, je souriais, il approcha sa bouche doucement au contact de la mienne et y déposa enfin ses lèvres. Je sentais mon cœur exploser comme à chaque fois que nos corps se touchaient...

-Paula ? Hé !

Je me réveillais en sursaut. J'ouvrais les yeux sur l'amphithéâtre passablement complet, je m'étais endormie en cours. Je relevais la tête en soupirant, Thibault me poussait l'épaule, il secouait la tête incrédule, je devais faire peine à voir, il dit :

-Tu as vraiment besoin de sommeil, toi...

Je me redressais entièrement complètement ensuquée, le prof ne m'avait pas vue et je me faisais violence pour ne pas refermer les yeux. Ce rêve. Je dormais tellement mal et peu en ce moment la nuit que le jour je ne pouvais m'empêcher de faire des siestes ou tomber comme une mouche. Puis, le rêve que je venais faire semblait tellement réel que j'avais l'impression d'avoir vraiment vécu ce baiser, sauf que ce n'était pas le cas. C'était tout excepté que ce qu'il se déroulait vraiment dans ma vie depuis ces quelques deux derniers mois. Aujourd'hui, cela fait plus d'un mois que Baptiste a déserté et dans mon rêve, j'avais insisté pour qu'il reste ce soir là. J'avais été bien plus courageuse et honnête que ce que je ne le suis vraiment, je n'avais pas attendu que le temps passe, je n'étais pas retournée avec Zack et je n'avais pas continué à me voiler la face. Le pire dans ce rêve c'était qu'il ressemblait à ceux que je fais depuis une petite semaine, toutes les nuits, toujours la même chose. J'avais quasiment élu domicile chez Zack et nous dormions tous les deux, on allait en cours ensemble et nous nous douchions même ensemble, "pour faire des économies" c'était ses dires. Je ne voyais pas d'inconvénients à ce qu'on se lave ensemble, il aurait pu être honnête puisque cela devenait systématique : la douche se transformait en partie de jambes en l'air. Tout portait à penser que nous vivions la parfaite relation et la majeure partie de nos amis en étaient certains, cependant, depuis un mois, je n'avais plus aucune envie de le voir ni d'attirer son attention, j'aime son contact mais ce n'est plus comme autrefois. Je ne refusais presque jamais quand il me faisait des avances mais, quelque chose avait changé en moi, il ne m'attirait plus autant qu'avant. Je ne suis pas idiote... je savais pertinemment que Baptiste m'avait d'une certaine façon marquée et que contrairement à ceux que je prétendais aux autres, il me manquait à sa façon. Des petites parcelles de la personnalité de Baptiste me manquait et j'avais envie de pouvoir le croiser en ville ou le voir arriver en retard en cours. Rien. Baptiste n'était plus et ses amis ne trouvaient pas la situation plus louche que ça. Puis, comment avait-il pu partir comme ça ? Où était-il ? Je m'efforçais tant bien que mal de me le sortir de la tête mais cela s'avérait de plus en plus complexe à mesure que les jours passaient et que les questions s'entassaient au coin de mon cerveau. Zack aussi s'était rendu compte de quelque chose mais ne disait rien, il devait sans doute espérer que cela était lié à autre chose que le départ de Baptiste, de toutes façons tout le monde avait bel et bien vu que Baptiste ne venait plus en cours.

Because... it's you ! T.1 [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant