hysteria

201 24 1
                                    


Ce sont les vibrations de son portable qui me tirèrent de mon sommeil. J'étendis le bras pour l'attraper sur la table de chevet mais trop tard pour décrocher. « Mickael » s'affichait sur l'écran en appel manqué. Lizzie n'était pas là, sa place dans le lit était vide mais encore chaude de sa présence. Je pris son oreiller entre mes bras et le respirait. L'odeur de ses cheveux s'était imprégnée dans la taie de coton que je serrai. Doux mélange de fleurs de tiaré et de noix de coco.

Au bout d'un moment, je finis par m'inquiéter de ne pas la voir revenir se coucher. Je me levai et descendis à la cuisine. Personne. J'ouvris toutes les portes de la maison et inspectai le jardin minutieusement sans succès.

Mon estomac commença à se nouer, une angoisse m'envahit et la peur prit la suite. Je pensai soudain à cet appel manqué. Et s'il était important après tout ?

Je remontai dans la chambre, m'emparai du téléphone sur lequel un nouveau message s'était affiché : « appel vocal ». La main tremblante, j'appuyai sur la touche qui allait me permettre d'accéder à son répondeur. J'écoutai attentivement, la voix de Mickael qui avait l'air paniqué, apeuré, il expliquait craindre pour la vie de Lizzie. Mes jambes me lâchèrent. Elizabeth était en danger. J'appuyai vite sur la touche de rappel et Mickael décrocha immédiatement. Il crut tomber sur Elizabeth.

- Elizabeth ? Y a un problème avec Mathieu, lança-t-il sans s'arrêter.

- Dis moi ce qui se passe Mickael, le coupai-je. Elizabeth a disparu.

Un court silence s'installa.

- Bon tu vas lâcher le morceau oui, criai-je à travers le combiné.

Je le sentis sursauter et il finit par m'expliquer que Mathieu avait vu les photos prises à New York et que fou de rage, il l'avait assommé et prit la fuite.

Les parents de Lizzie apparurent réveillés par notre conversation, l'air effaré. Ils comprirent de suite, sa mère se serra contre Jacques, son père, dont le regard s'était durcit.

Je raccrochai.

- Mickael va arriver, annonçai-je.

- Où est Elizabeth ? me demanda sa mère les larmes aux yeux.

- Je ne sais pas, avouai-je inquiet. Il faut appeler les secours.

- Je m'en occupe, dit Jacques.

Peu de temps après, Mickael arriva en courant dans la maison.

- Je pense savoir où il l'a emmené, dit-il essoufflé.

Les yeux de la mère s'illuminèrent soudain.

- Ca m'a fait tilt en venant ici, continua-t-il, c'est un endroit où nous allions petits. Il y a un vieux cabanon que peu de gens connaissent.

Il se tourna vers le père d'Elizabeth.

- Vous avez une carte des alentours ? je crois que je pourrais m'y repérer plus facilement.

- Oui, je vais la chercher, affirma-t-il en se levant.

Jacques réapparut avec l'objet de toute nos attentes , il l'ouvrit et Mickael l'étudia avec le plus grand sérieux.

- Je me souviens que c'était en haut des falaises, au milieu de nulle part, pensa-t-il a voix haute. Ça fait bien longtemps que je n'y suis plus retourné.

Il semblait perdu dans ses recherches. Un sentiment d'impuissance s'empara de moi. Les pires questions commencèrent à pourrir mon esprit, m'ôtant toute sérénité et toute patience. Le lion en cage se réveillait à nouveau. J'arpentai la pièce de long en large.Le temps nous était compté. Qui sait ce que ce malade serait capable de lui faire ? Nerveusement, je me mis à souffler. Mickael sentit mon impatience, mon agacement.

- Ça va me revenir c'est certain, s'autorisa-t-il à ajouter.

Je n'avais qu'une seule envie c'était de le prendre par le col et de le secouer pour faire sortir ce souvenir enfoui dans sa cervelle paresseuse.

- C'est là, j'ai trouvé, annonça-t-il triomphant.

Nous nous ruâmes vers la table afin de découvrir le repère secret. Un coin perdu effectivement, difficile d'accès. Pas de route jusqu'au bout.

- Allons-y tout de suite, ordonnai-je à Mickael. Jacques, vous restez ici pour indiquer aux secours où nous rejoindre.

Jacques accepta son rôle et nous partîmes avec le 4x4 que j'avais pris en location à mon arrivée.

Dans le véhicule, le silence s'installa laissant place à une angoisse naissante et une tension à couteaux tirés. Nous quittâmes la ville et la route goudronnée pour un chemin de campagne sinueux et caillouteux, longeant une végétation dense et toujours plus abondante. Au bout de quelques kilomètres, impossible d'avancer. Un chemin impraticable. Je stoppai le 4x4 et descendis pour continuer à pied. Mickael s'avançait avec moi, je le repoussai de la main.

- Reste ici. Il vaudrait mieux qu'il y en ai un qui puisse dire où je me trouve, expliquai-je.

Mickael acquiesça de la tête, il me donna les indications pour que je ne me perde pas et me laissa partir à travers la garrigue.

Je n'avais pour me guider que la lune, pleine cette nuit là, brillante et blanche. Mon allure était rapide et hésitante, le sol n'étant pas de niveau, je trébuchai souvent mais dans ma précipitation de la retrouver je persistai à garder le même rythme m'accrochant aux branches des arbres pour garder mon équilibre. J'accédai enfin au sommet de la colline, au loin éclairé par l'astre de la nuit, une maisonnette dont la toiture délabrée tenait comme par magie, résistante aux assauts du Mistral, été comme hiver.

J'avançai prudemment. Aucun bruit. Et si nous nous étions trompés. Je n'osai imaginer une telle éventualité. Je contournai le cabanon et atteignis une petite fenêtre.

C'est là que je la vis. Mon sang ne fit qu'un tour. Allongée sur une paillasse, les deux mains attachées dans le dos, je fus immédiatement soulagé de percevoir un léger soubresaut de ses pieds. Elle était en vie.

Je jetai un œil pour vérifier la présence de Mathieu . Personne. J'ouvris doucement la porte, elle grinça légèrement. Encore un coup d'œil à droite, à gauche et j'entrai.


R.E.A.LWhere stories live. Discover now