Kidnap | Z.M |

45.

Dépassée par toute cette histoire, je me laisse tomber sur le canapé, à côté de ma jeune sœur qui s'est mise à jouer avec sa bague.

Tout ça, en comparaison à ce qui nous attends, ce n'est rien du tout.

-Que s'est-il passé après votre discussion ? La questionnais-je en me tournant vers elle.
-J'étais morte de fatigue alors je me suis endormie sur le canapé. Le lendemain, il m'a ramenée à la maison, sans même m'adresser un mot et depuis ce jour la, je n'ai plus de nouvelles.
-Sais-tu où il est partis ?
-Non, aucune idée, dit-elle en haussant les épaules.

Son regard planté dans le mien, je peux y lire de la tristesse, une tristesse profonde qu'elle endure depuis longtemps.

Un blanc s'installe et je ne sais pas si j'aime que la pièce soit si silencieuse ou si je n'aime pas, étant donné que la maison dans laquelle j'ai été enfermée l'était la plupart du temps.

Elle quitte son regard du mien et se remet à jouer avec sa bague.

-Est-ce que tu comprends maintenant, pourquoi tout est de ma faute ? Dit-elle d'une voix à peine audible.

Il y a encore beaucoup de choses que j'ai du mal à comprendre et des liens que je ne parviens pas à faire, mais je crois avoir compris pourquoi elle m'a dit ça.

-Zayn m'a kidnappée pour se venger de ce que tu as fait à son cousin Elias.

Elle tourne sa tête vers moi et la hoche de haut en bas pour confirmer mes dire.

J'en profite pour la détailler. Elle a l'air si fatiguée.. Ses yeux sont cernés, son teint est pale, ses joues sont creusées, certainement du à une perte de poids. Malgré cela, je la trouve toujours magnifique.

-Quand Elias est partis pour de bon je n'avais plus envie de sortir, plus envie de voir personne, j'étais complètement vidée mais je n'avais pas le choix de faire avec. Je crois que le plus dur c'était de ne pas pouvoir en parler. Puis ne réalisant pas qu'il n'était plus là, ne réalisant pas tout ce qu'il s'était passé, un espoir au fond de moi me laissait croire qu'il finirait par revenir. Enfin, plus le temps passait et plus j'ai compris qu'il ne reviendrait pas et que tout était terminé.
-Sauf que tout n'était pas terminé, rectifiais-je.
-Pas vraiment puisque j'ai appris que j'étais enceinte.

Je prends sa main délicatement et la serre dans la mienne.

-Jade... pourquoi tu ne m'as pas dit que tu étais enceinte ?
-Parce que je pouvais pas en parler Lina. Comment j'allais te dire que j'étais enceinte, d'un homme plus vieux que moi, qui en plus de ça, faisait parti d'une grosse organisation et qui était donc un trafiquant, meurtrier et j'en passe ? Sachant que tu n'étais même pas au courant que je le fréquentais. Alors non, je ne me voyais pas te le dire et j'en avais surtout pas la force.

Je me sens tellement stupide de ne pas avoir vu, de ne pas m'être rendue compte.

-J'étais déjà enceinte de trois mois lorsque tu es venue à la maison t'occuper de Jordan et moi ce fameux week-end quand papa et maman sont partis, c'est d'ailleurs ce vendredi soir que tu t'es faite enlever.. Et j'en avais tellement marre d'aller mal, tellement marre d'être désagréable avec vous, de vous mentir et de ne pas savoir quoi faire pour ma grossesse que je voulais t'en parler Lina. J'avais décidé de tout te dire ce week-end la parce que j'avais besoin de ton soutient et même si j'avais peur de ta réaction, au fond, je savais que tu allais me conseiller et me soutenir. Si vendredi soir je suis restée enfermée dans ma chambre, c'est parce que je voulais éviter de penser au moment où j'allais tout t'avouer et surtout éviter de penser à ta réaction, m'annonce-t-elle.

Elle poursuit en se mettant à fixer le mur en face d'elle.

-Lorsque notre petit frère est venu me voir en panique à cause des bruits qu'il y avait en bas, je pensais vraiment qu'il avait fait un cauchemar. En descendant j'ai aperçu une lumière puis une ombre et mon cœur a cessé de battre. Quand je me suis enfermée dans ta chambre, j'ai compris que ce qu'il allait se passer était mauvais. J'avais peur Lina, peur pour toi, Jordan et peur pour.. le bébé. Puis s'en est suivis ton réveil et ta demande que nous nous enfermions dans la salle de bain. Je voulais pas te laisser y aller seule mais j'avais tellement plus la force de prendre sur moi, de te proposer de l'aide que je n'ai rien dit. J'ai pris Jordan dans mes bras, je l'ai serré très fort en pleurant et j'ai fini par entendre des pas derrière la porte, des pas qui n'étaient pas les tiens.