L'inconnu de la Gare du Nord

19

"Il faut qu'on parle".
Son message ne contenait que ces petits mots là qui firent raviver mon coeur.
Que faire ?
La première pensée qui me vient à l'esprit fut qu'il m'avait débloqué.
Après ....c'était le trou noir.
C'est sur que j'avais envie d'avoir une explication avec lui mais j'avais peur.
Peur de ce qu'il avait à me dire
Peur de sa réaction
Peur qu'il me blesse encore plus
Même si je ne pense pas qu'il en serait capable, d'encore plus me blesser.
La seule chose qui en ce moment présent pourrait me faire tomber, me blesser au point que je ne puisse plus avancer, serait qu'il me parle de mon passé. Qu'il me rappelle les horreurs que j'ai vécu.
Alors que faire? Encore une fois je restais là, les bras ballants, attendant qu'une réponse miraculeuse traverse mon esprit.
Je me rendis compte que j'avais comme un boule dans le ventre. Une boule de stresse et d'anxiété à la fois, de peur et d'impatience. Je ne savais absolument pas quoi faire et je ne contrôlais plus rien, mon corps comme mon esprit.
J'avais besoin d'air!

L'air frais me traversa les poumons et le visage. Il était tard, dehors il faisait nuit depuis longtemps. Ma rue était calme. Sans un bruit je me mis à avancer sur le trottoir en inversant les étoiles.
J'avais un jour entendu dans un film, une remarque qui m'étais resté : "les étoiles, c'est elles qui nous relient avec le monde, qu'on vienne d'Amérique ou de France, de Chine ou d'Afrique, nous voyons tous les mêmes étoiles."

C'est un peu comme un fil qui nous permettrait de ne pas oublier qu'on est pas seul. Même si on est triste, même si on a peur, on est jamais seul. Il y aura toujours quelqu'un dans le monde qui souffrira comme nous voir plus, qui.nous comprendra, qui nous aidera.
Parfois, le seul moyen de ne pas sombrer, est de se dire qu'il reste des gens qui nous soutiennent et nous comprennent.

Boum !!

Je venais de percuter quelqu'un et de me retrouver par terre.
Super ! Comme si j'avais besoin de bleu sur les fesses.

Je vis une ombre, se faufiler près de moi afin de continuer son chemin.
Mais pour qui ce prenait-il?!? Pas un mot,pas un pardon, rien !
Je pris alors sa jambe que je tira avec force par le bas. Il se retrouva pas terre à côté de moi.
Cette proximité me permis de voir l'homme qui se tenait là.
Car oui c'était un homme.
Et pas n'importe lequel.

Cédric.

Il avait dans ses yeux un mélange de surprise, de peur et d'impatience.

- Tu as une drôle de manière de te défendre, finit-il par me dire sans aucunes émotions apparentent

Je le regardai également...

- Je me défend comme je peux...

- Je voulais te parler

- Je sais, lui dis-je simplement tout en me relevant

Je n'avais jamais aimé les longues attentes, je n'avais pour ainsi dire aucune patiente, et encore moins lorsqu'il s'agissait de ce genre de chose.

Cédric, sans que je mis attende, me prit pas la main m'entraîna à sa suite.
Il marchait d'une allure soutenue sans pour autant se presser. Les rues étaient comme par habitude, presque déserte, une chance pour lui.

On finit pas arriver dans son studio.
Son studio !?!
Que venais-je faire dedans.
Je me posais encore cette question quand il m'y poussa à l'intérieur m'entraîna vers son étage.

- Je voulais simplement te faire écouter quelque chose...

Je ne m'y attendais pas du tout.
Je pensais qu'il allait vouloir s'expliquer  avec moi pour ....je ne savais même pas. C'était lui qui avait voulu tout arrêter, c'était lui qui ne voulait plus me voir, c'était lui qui sans aucun état d'âme m'avait  bloqué. Que penser.....

Regretter?? Non

Pas Cédric

Il voulait encore une fois, se servir de moi? Cela paraissait difficile à croire mais toute vérité n'est pas forcément bonne à entendre.

Il me lâcha, se mit dans la cabine, brancha ses appareils et se mit à chanter. Et encore une fois, je l'adorais. Il avait un talent fou et ça,même moi je ne pouvais le nier.

Par contre, la raison de ma venue ne m'apparaissa que plus tard, au moment du refrain. Sa chanson était en réalité une sorte de mot d'excuse pour se faire pardonner.
Elle racontait simplement l'histoire d'une personne qui ne faisait pas toujours les.bons choix et qui par la suite regrettait. C'était sa façon à lui j'imagine, de me dire qu'il avait mal agit et qu'il le savait au fond de lui. Il le savait mais il ne  se l'avouait que trop tard et qu'il lui avait fallu du temps avant d'avoir le courage de m'en parler et de s'excuser.

Quand les dernières.notes se firent entendre, il posa son casque et vient me rejoindre.

-Je suis désolé, je ne veux pas perdre l'une de mes seules amies pour un simple mal-entendu. J'étais énervé et je voulais juste être seul et puis, j'ai commencé à te parler mal alors que tu n'y étais.pour rien. J'avais juste.besoin d'un bouc émissaire j'imagine et c'est tombé sur toi et pour ça je suis vraiment désolé.

A voir sa tête, je voyais qu'il n'avait pas l'habitude de s'excuser et que ces quelques mots lui coûtaient malgré lui mais qu'il prenait son courage a deux mains pour me les dire. Et mon cœur se serra à cette remarque. Évidemment que j'allais lui pardonner. J'étais beaucoup trop attaché à lui et ces paroles m'avaient touché malgré moi,malgré le mal qu'il m'avait fait. Cependant je me rappelais aussi des.paroles de Lilla, je n'étais pas encore amoureuse,mais pour encore combien de temps? A quel moment j'allais finalement me rendre compte que j'avais perdu et que mon bonheur ,ou mon malheur, ne dépendrait plus qu'une seule personne? Je ne le savais pas. Mais j'espérais que ce moment n'arrive jamais.

J'avais besoin d'un ami..., pas d'une souffrance en plus.