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Cédric ne répondit pas. J'avais bien mi un point pour lui montrer que je ne voulais pas en parler. Je n'étais pas encore assez forte, et puis, lui non plus ne m'avait pas raconter l'histoire avec sa famille.

Le dimanche j'aimais bien rester au lit en pyjama jusqu'à tard. Je sortais de mon nid douillé simplement pour manger. Je n'avais encore pas dormi, comme toutes les nuits. Je ne voulais pas prendre de somnifères par peur de ne pas me réveiller. Je n'avais pas confiance en les médicaments en général depuis la mort de mes parents. Quand j'étais malade, je me reposais et restais chez moi. Les médecins, je ne les aimais pas. Je n'étais jamais allé à l'hôpital de mon plein gré et ne souhaitais pas y aller.
La fatigue accompagné chacun de mes pas. Le maquillage m'était devenu indispensable. Je ne survivrais pas longtemps comme ça. Je ne savais pas combien de temps un être humain pouvait vivre sans dormir. Le soir je plongeais dans le sommeil mais quelques heures plus tard, je me réveillais en sueur à cause de ce souvenir. Quelques heures de sommeil ne me suffisaient hélas pas. J'étais comme devenu un zombie dans un corps mortel. Je n'étais plus que la pâle copie de moi-même. Je voulais être heureuse, mais comment l'être quand votre passé sombre vous revient chaque nuit ? Peut-être qu'un psy pourrait m'aider. Lilla n'avait pas encore fini ses études mais rien ne m'empêchais de consulter. Mais si je choisissais cette option, il allait falloir que je devienne plus bavarde. Comme on dit, il faut affronter le mal par le mal......
J'irais voir un spécialiste quand je serais à bout, quand le matin je n'arriverai plus à me lever, comme dernier recours.

Cédric : rejoins-moi à la gare du Nord.

Il se réveillait lui....
Je me préparai rapidement. Un jean noir et un tee-shirt blanc ferait l'affaire. Mes baskets mises, je partis vers  mon lieu de travail. Automatiquement, mes pas me portèrent vers la café en face des quais. Il était là, de dos, assis sur un banc. Il regardait les gens partir.

- Tu n'es pas accompagné d'une jolie fille aujourd'hui dis-je en m'approchant

Il sursauta et se retourna.

- C'est bon elle est là, me dit-il en souriant

Je rougis lorsque je compris qu'il parlait de moi.

- Tu es mignonne quand tu rougis, continua-t-il en souriant toujours

- Bon et sinon tu voulais me dire quoi, le coupais-je en m'asseyant à ses côtés.

- Rien de spécial, je passais par là......

Le silence fut roi pendant quelques instants. On écoutait en silence le bruit du train qui part et de celui qui arrive,
Les gens qui pleurent et qui sourient en se prenant dans les bras.

- Sinon ça fais quoi d'être connu, repris-je

- C'est super, les fans qui t'arrêtent dans la rue pour un autographe, toutes les filles à tes pieds, des soirées tous les soirs, des galas, des concerts,....Mais le principal c'est que tu vis de ta passion avec tes meilleurs potes !

- J'ai dû mal à imaginer mais ça a l'air super. Après, déjà de vivre de sa passion, c'est une chance.

- C'est quoi ta passion, me demanda-t-il soudainement

Je réfléchis un instant. Ma passion....je ne crois pas en avoir vraiment eu une un jour. J'aime beaucoup de chose comme tout le monde mais de là à dire que c'est une passion. Je ne vis pas pour ça, je ne pense pas qu'à ça.

- Je ne crois pas en avoir, dis-je doucement en le regardant

- Aucune passion !? Il n'y a pas un truc que tu aimes faire plus que les autres ?

- Il y a beaucoup de choses que j'aime faire. J'aime beaucoup courir, repris-je, j'ai l'impression de revivre, d'être libre

- Ouais je comprends, je ressent la même chose quand je chante. Bon bah voilà, on l'a trouvé ta passion !

- Je ne sais pas si on peut appeler cela une passion........ça fais longtemps que je n'ai pas couru.

- Tu n'as qu'a t'y remettre, perso la course ce n'est pas trop mon truc, je préfère marcher ça amène l'inspiration.

Je le regardai en souriant. Pendant quelques secondes, j'avais presque oublié que je parlais à un chanteur reconnu par le grand public. Des milliers de filles aimeraient être à ma place.

- Donc tu passais par là et tu t'es rappelé d'une jeune fille que tu avais croisé il y a quelques jours.

- Ouais, c'est à peu près ça. J'étais à quelques mètres à peine de la gare et je discutais avec toi par message donc l'idée m'est venu naturellement.

- Tu cherchais l'inspiration, lui demandais-je en me rappelant sa phrase

- Ouais....tu le dis pas mais avec les autres, on prépare un nouvel album, alors faut trouver des chansons....

- Entre nous, la seule chanson que j'ai écouté de vous est "Sans s'arrêter", que j'ai d'ailleurs adoré, mais sinon je ne vous connais pas plus que ça.

- C'est cool, j'avais peur que tu sois une de ces fans hystériques à l'idée de rencontrer leur idole.
Et sinon, merci, j'avoue que je suis franchement fière de cette chanson.

- Ouais, dis-je d'une voie lointaine.

Il me regarda comme pour me sonder, puis reprit la parole,

- Pourquoi as-tu quitté ton village ?

La fameuse question. Je m'en doutais un peu qu'il allait me la poser. C'était normal après tout. Je lui avais dit que je venais d'un endroit situé à plusieurs kilomètres de Paris, alors je devais avoir une bonne raison de quitter mon petit village tranquille pour l'entière opposé qu'est Paris, une ville bruyante et pleine de vie.

- Je n'ai pas très envie d'en parler mais.......

- Mais...... ? Je sais que ce n'est pas facile de raconter un passé douloureux donc si tu veux pas m'en parler c'est pas grave t'inquiète

- Merci, lui dis-je en souriant, en gros on va dire que je suis partie pour fuir. Je n'avais plus la force de rester vivre là-bas. J'arrivais tout simplement plus à vivre avec ce poids sur les épaules, et tout là-bas me le rappelait. Alors je suis partie.

- Ouais je comprends, tu es partie pour te reconstruire une nouvelle vie ici, repartir à zéro.

- C'est ça, je n'aurais pas dit mieux.

Il souria. Puis soudain, on releva la tête en même temps. En face de nous se trouvait une fille d'une quinzaine d'année qui d'après sa tête, avait reconnu Cédric.

-"OH, j'arrive pas à y croire !!!!!! Cédric des NMRC !!! "

Elle se dirigea vers lui avec apparemment la ferme intention d'avoir une photo et un autographe. Je vis Cédric relever la tête pour regarder les gens autour de nous. La fille avait crié tellement fort qu'il y avait désormais un attroupement autour de nous. Que des femmes, folles de voir leur idole en face d'elles. On entendait des commentaires venir de partout.

"

- Regarde !!! C'est Cédric !!!

- C'est mon idole !!!

- Je veux trop une photo !

- AHhhhhhhh!!! Cédric !!!!!

- Je veux un autographe !!!

- C'est qui la fille à côté ?!?! Peut-être sa nouvelle conquêtes ?

- En tout cas elle est vraiment trop moche, en plus regarde sa taille, la fille elle fait 2 mètres !!

"

Cédric me regarda dans les yeux, me pris la main et on couru tous les deux comme des tarés pour échapper à ses fans. On était dans le 10 e, un dimanche et en fin de matinée, il y avait donc le marché. Je l'entraînai ainsi vers mon appart'. Ce n'est qu'une fois chez moi que notre course s'acheva. Je le vis regarder les lieux avec attention, en particulier mes photos. C'était en même temps assez difficile de les louper. Elles occupaient tous l'espace sur les murs de la pièce principale.
Après un instant de silence, il me désigna une photo où on me voyez accompagné d'une autre fille un peu plus vielle...

- C'est qui avec toi sur la photo ?

L'inconnu de la  Gare du NordWhere stories live. Discover now