L'inconnu de la Gare du Nord

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Je marchais vite, j'étais déjà essoufflée alors que je venais à peine de partir.
Cette nuit j'avais réussi à m'endormir bien après m'être couchée pour finalement devoir me réveiller deux heures plus tard. Et puis si je ne me dépêchais pas un peu plus je risquais d'arriver en retard au boulot.
Je sentais que cette journée allait être longue......

Et en effet, cela faisait maintenant deux bonnes heures que je travaillais et clairement j'étais épuisée, ma patronne m'en faisait voir de toutes les couleurs. C'était simple, j'étais arrivée en retard et elle me le faisait payer en me donnant toutes les tâches horribles à effectuer, du nettoyage des toilettes à celui des fenêtres.
J'avais ensuite une pose de trois heures à 14h et j'avais vraiment très faim vu que je n'avais pas eu le temps de manger le matin.

-Allez on y va, me dit Lilla en se dirigeant vers la sortie

Je la suivie en trainant les pieds, je n'avais absolument aucune motivation.

-Bon tu te dépêche la marmotte, enchaîna Lilla en me prenant cette fois par les épaules

-Je suis crevée si tu savais....

-Ça se voit je t'assure

Je m'en doutais, ce matin je n'avais même pas eu le courage de me regarder dans la glace de peur de voir mon visage sûrement tout gonflé par la fatigue et mes pleurs. Je n'avais pas fait de cauchemar cette nuit, je n'en avais même pas eu le temps, mais c'est des images qui me tenaient éveillées. Je n'arrivais pas à empêcher mon cerveau de me faire voir ces scènes de mon passé. Mais comme toujours, mes prières étaient restées sans réponse et mes nerfs avaient tout simplement lâchés et j'avais fini en pleure dans mon lit à 3-4 heures du matin.
Je ne sais pas ce qu'il y a de pire entre les pleurs de tristesse et celles de colère. Parce que cette nuit je n'étais pas triste, j'étais en colère. En colère contre le destin, en colère contre les gens et surtout en colère contre moi parce que je savais au fond de moi que mes larmes ne ramèneraient pas ma sœur, ni mes parents et n'effaceront pas non plus mon passé. Et à ces pensées,mes larmes redoublaient d'intensités comme pour me montrer encore une fois que je ne contrôlais rien, ni mon corps, ni mon destin. Comme si un être supérieur voulait me rappeler ces vérités que pourtant je connaissais déjà.

-Anna, je t'ai perdu là, entendis-je une voix m'appeler

-Je suis là, je suis là, finis-je par répondre d'une petite voix

Lilla me serra la main pour me montrer son soutient et ça me fis du bien.

On se dirigea vers la sortie de la gare du Nord, vers notre petite brasserie favorite. On essayait toujours d'y aller au moins une fois par semaine et souvent le lundi.
A notre entrée, la gérante releva la tête et nous salua en souriant. On ne la connaissait pas plus que ça mais on avait toujours le droit à notre petit sourire.

-Bonjour, comme d'habitude?

-Oui, s'il vous plaît, répondit Lilla avant de se tourner vers moi, bon raconte

-Raconter quoi?

-Ton dimanche

-Bah écoute, sympas, j'avais peur de m'ennuyer mais en fait pas du tout, la mère des petits m'a appelé pour que je les garde presque toute la journée en fait et du coup on est allé au centre commerciale mais c'était l'aventure. En plus, tu ne devineras jamais qui on a croisé

-Qui?demanda-t-elle avec curiosité

-Cédric

-Cédric?!Ton Cédric??!

-Alors déjà c'est pas mon Cédric, répliquais-je, et oui

Elle me fit un grand sourire avant de me demander comment ça c'était passé avec lui