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On était dimanche. J'avais couru hier soir jusqu'à tard, avant d'aller me coucher et j'avais bien dormi.

J'envoyai un message à Cédric

Moi : J'ai essayé la course hier soir et ça a très bien marché ! Merci pour l'idée

Il ne me répondit pas, il devait sûrement encore dormir, il n'était que 10h.
Après avoir pris un bon petit déjeuné, j'appelai les gens pour la location.

La dame : Allô ?
Moi : Oui, bonjour, je vous appelai concernant la chambre que vous louez aux vacanciers.
La dame : Bonjour, bien sûr, je vous écoute
Moi : J'aurai voulu réserver pour deux semaines, du 1 au 16 août
La dame : Très bien, j'aurais besoin de votre nom et de votre numéro de téléphone
Moi : Lay, 06********.
La dame : Très bien, vous souhaitez la chambre pour combien de personne?
Moi : Une seule personne.
La dame : Très bien, les draps et le petit déjeuné sont compris dans le prix, je vous expliquerai le reste à votre arrivée.
Moi : D'accord,merci,  au revoir
La dame : au revoir.

Dans un peu plus d'un mois, je partais en vacances !
Je n'avais toujours pas de réponse pour le babysitting et j'espérai que cela marcherai. Sinon, je chercherai un boulot dans un bar le soir.
Mon portable vibra

Cédric : Cool ! Et de rien, tu as peut-être enfin compris que j'ai toujours raison 😉

Moi : Faut pas pousser quand même!

Cédric : Tu finiras par le dire tkt

Moi : Je crois pas non, monsieur à la grosse tête

Cédric : Pfff ! Ma tête va très bien merci

Moi : lol 😂

Cédric : Sinon, Tfq aujourd'hui ?

Moi : Rien de spéciale et toi

Cédric : rejoins-moi à la gare dans 10 minutes

Moi : Ok.....

La gare était un peu devenu un lieu de rendez-vous entre nous, c'était cool. Je m'habillai en vitesse, mis mes chaussures et pris mes clés. Mon visage avait déjà repris un peu de ses couleurs, j'aurais bientôt plus besoin de maquillage.
Une fois dehors, je me dirigeai vers la gare. A mon arrivée,il était déjà là comme toujours assis sur un banc.

- Faudrait pas rester trop longtemps ici sinon ça va faire comme la dernière fois, la star

Il souria à l'entente de ma voix et se tourna vers moi.

- Très bien, alors allons ailleurs.

On marcha côte à côte pendant quelques minutes.

- Alors la course, c'était bien,me demanda-t-il

- Super ! J'ai eu du mal à partir mais après c'était du pur délice ! Je ne comprend pas que tu puisses ne pas aimer

- Je ne suis pas super sportif, et puis je ne sais pas.....je n'aime pas courir.

- Tu n'es pas sportif ?! Tu vas me dire que tu restes sur ton canapé toute le journée et que tu as autant de muscles !

- Merci

- Je ne ferais aucun commentaire

- Je vais à la salle et je marche.

Je rigolai. On était arrivée dans un parc. On s'assit sur un banc.

- Tu vois la fille là-bas, dit-il en montrant une jeune femme assise sur un banc en face du nôtre

- Si tu me sors qu'elle est bonne, je te jure je pars.

- Elle est jolie, oui, mais ce n'est pas ça. Regarde ses yeux.

Elle avait les yeux d'un bleu tellement clair, presque blanc. Ses yeux étaient remplie de tristesse, cette fille était malheureuse. Elle était plutôt petite, enroulait dans un long manteau noir elle était presque invisible sur son banc noir. On aurait dit qu'elle avait peur, qu'elle ne voulait pas qu'on la remarque.

- Tu as vu sa tristesse.

- Oui, on dirait qu'elle se cache, repondis-je

- Oui, c'est vrai, elle se fond totalement dans le décor.

- Comme une larme dans une fontaine.

Il se retourna vers moi en souriant.

- Pas mal.

Il sortit alors un petit carnet noir de sa poche, ainsi qu'un stylo et se mit à écrire.

- Tu écris ce que je viens de dire ?

- Possible.....

Il ne me prêtait plus aucune attention. Il était concentré sur son carnet, les sourcils froncés, le regard fixe et la main énergique.
En regardant autour de moi, je me rendis compte de l'absurdité de la situation. Il faisait froid dehors, il était encore tôt et pourtant,nous étions là, dehors, à observer les gens. La jeune fille se leva et partie d'un pas lourd. Elle ne voulait pas partir, ça se voyait dans sa façon de marcher. C' était comme si tout son âme la retenait sur ce banc mais que ses jambes sourdes à cet appel de détresse, continuaient à avancer. Je me demandais où elle allait, pourquoi était-elle triste mais surtout, qu'elle était sa vie. Elle était jeune et pourtant on aurait dit qu'elle portait tout le poids du monde sur ses épaules. Elle me rappelait moi à une époque. À la mort de mes parents, je n'était plus la jeune fille insouciante et souriante, j'était devenue quelqu'un de triste. Cette partie de moi était revenue quand je suis arrivée à Paris et je luttais encore contre elle. Cette part de tristesse, tout le monde la porte, mais il y a ceux qui la combattent et ceux qui la laissent gagner. Je voulais redevenir heureuse et j'aurais voulu que cette fille fasse pareille que moi, qu'elle se batte pour retrouver sa part de joie. Mais vu son comportement et ses yeux tristes, pour elle, la partie était déjà terminée, et elle avait perdu.

Cédric était toujours en train d'écrire. Il était partie dans son monde, un monde qui lui appartenait, où la musique était maître.
Je commençais à avoir sacrément froid.

- Cédric, je vais y aller j'ai froid

- Attend, tu n'es pas en sucre, juste deux petites secondes.

Son ton était sec. Je le saoulais, ça ne faisait aucun doute. Je n'étais pas en sucre, c'était sûr mais si je tombais malade par sa faute, il allait m'entendre. Mon portable sonna à ce moment-là.

Moi : Allô ?
Une dame :Bonjour, je vous appelle concernant l'annonce que vous avez distribué dans la boîte aux lettres.
Moi : Oui ?
Une dame : J'aurais aimé faire appel à vous pour ce soir.
Moi : Très bien, combien d'enfants avez-vous ?
Une dame : Trois, de 4, 6 et 8 ans. Ce sont trois garçons mais je vous expliquerais tout ce soir, si c'est bon pour vous ? On dit 19h dans l'appartement numéro 7 ?
Moi : Très bien, à ce soir
Une dame : À ce soir.

Une bonne chose de faite, je ne savais pas combien le babysitting payé mais c'était toujours un plus.

Cédric releva enfin la tête vers moi, un sourire aux lèvres.

- J'ai fini, déclara-t-il

- Finis quoi ?

- Ma chanson. Viens, je vais t'emmener  quelques part

Il me prit la main et on se dirigea vers le métro, direction le 15e.

L'inconnu de la  Gare du Nordजहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें