BONELESS : Partie 2 | vikings

Chapitre 29

Ivar Ragnarsson

J'avoue avoir été vraiment humilié lorsqu'elle m'a dit qu'elle espérait rester amis. Je m'étais mis à nu avec l'assurance qu'après un récit digne de ce nom elle se jetterait sur moi. Mais je n'ai eu le droit qu'à un malheureux baiser sur la joue. Je sors de mes pensées à l'entente d'un entrechoquement d'armes. Mes fils s'entraînaient ensemble. Ragnar semblait ne pas trop apprécier Knut et le lui faisait bien comprendre en lui mettant des coups déloyaux et en adoptant une attitude nonchalante. Il donne un coup de pied qui fait tribucher Knut et s'élance comme pour lui planter l'arme dans la gorge mais s'arrête à seulement quelques centimètres de celui-ci.

- Et voila, t'es à nouveau mort.
- Bats toi à la loyale, Ragnar, je braille.

Ragnar roule des yeux.

- Si je me battais à la loyale, ce serait moi sous l'épée.

J'arque un sourcil devant son air si sûr de lui.

- Bien, je dis.

J'attrape une épée à mon tour et lui fais signe de s'approcher. J'étais assis sur un tronc coupé, ce sera plus facile pour moi de manier l'épée vu que je n'ai pas à tenir l'équilibre avec l'aide de ma béquille.

- Je ne vais pas me battre contre vous, Père. Ce ne serait pas équitable.
- Tu sais combien d'hommes ont dit ça avant de se retrouver au sol, la gorge tranchée ou les boyaux ressortant de leur ventre.

Il s'excuse et se met en position d'attaque. Il fonce vers moi et élance son arme à ma droite, c'était trop prévisible. Je tape dedans à l'aide de la mienne et réussi non sans mal à la faire tourner sur elle même avant qu'elle ne se plante un peu plus loin dans l'herbe. J'attrape le bras de Ragnar alors qu'il semble perdu sur la situation et le rapproche de moi pour lui mettre la lame au cou.

- Et voilà, t'es à nouveau mort, je lui murmure à l'oreille répétant mot pour mot ce qu'il avait dit à Knut quelques minutes avant.

Je le lâche et le pousse. Il tombe à quatre pattes dans l'herbe. Je sens qu'il a quelque chose en tête et rattrape son épée pour se retourner et me foncer dessus. Je soupire et cette fois-ci troque mon épée pour une hache. Je coince son épée entre le manche mon arme et la lame alors qu'il chargeait pour m'attaquer et la lui vole des mains.

- Trop prévisible.

Il marmonne dans son coin.

- Je ne sais pas ce que cette Lagertha t'a appris mais soit elle explique mal soit tu n'as rien compris.

L'ainé se fige à l'entente du prénom si familier. Toutes les expressions de son visage l'ont quitté. Je me rends rapidement compte de mon erreur lorsqu'il s'en va sans un mot. Je jette un coup d'oeil à Osfrid, assis à mes côtés, qui secoue la tête négativement. Je me passe une main sur mon visage et me maudis intérieurement. Je tourne mon attention sur Vidar tentant de mettre correctement la flèche de son arc. Il avait également tout entendu mais n'avait préféré ne rien dire et faire comme si de rien était.

Knut ne sait pas où se mettre et décide de rejoindre Vidar pour lui montrer comment utiliser un arc.

- Levez un peu plus le coude, j'entends une voix féminine que j'aurais pu reconnaître n'importe où.

Elle tenait une corbeille rempli de fruits sauvages. La brune pose sa corbeille près de nous et s'approche des garçons, m'ignorant totalement. Elle se met derrière Knut et lui montre geste par geste comment atteindre sa cible. Elle se comportait avec lui comme avec nos fils et mon coeur s'emballait un peu plus à chaque fois en voyant son instinct maternel prendre le dessus. Il y a deux jours, je l'ai surpris en train de nettoyer le visage de Knut en lui parlant doucement.