BONELESS : Partie 2 | vikings

Chapitre 12

Aileas MacKenzie

Je me réveille doucement, une odeur de poisson cuit me chatouille les narines. Cela a pour effet de me redresser d'un coup et de courir hors de la chambre pour vomir manquant de taper contre une des domestiques autour du feu. Une fois à l'extérieur, je régurgite tout mon repas de la veille au point où il ne reste plus qu'une substance jaunâtre et visqueuse. J'entends les jambes de fer d'Ivar puis sa main se pose sur ma nuque ce qui a pour effet de me détendre. Il la caresse doucement et me tend un gobelet d'eau. Je l'accepte volontiers et le bois d'une traite puis je relève la tête et remarque la présence de Ragnar derrière son père, un air effrayé peint sur son visage.

- Ne t'en fais pas, mo ghràdh, ce n'est que ton petit frère ou ta petite soeur qui ne supporte pas le poisson.

Il hoche doucement la tête et s'approche de moi avant de fixer mon vomi et de grimacer. Je me dirige vers le premier banc que je vois et m'y assois. Ivar m'imite, toujours inquiet.

- Ça t'es déjà arrivé avec Ragnar? Il demande d'une voix sans émotion.
- Bien sûr. Je ne supportais pas l'odeur de la viande cuite. Ainsi que des fruits sauvages. Et Ragnar déteste ça maintenant.
- Je ne le savais pas. Pourtant il mange la viande que l'on lui donne.
- Je parlais des fruits, ris-je.

Il fronce les sourcils en soufflant un « oh » alors qu'une autre nausée me monte à la tête. Si je n'étais pas assise, je serais certainement tomber à terre.

- J'avais oublié comment c'était les premiers mois.

Le voir autant intéressé me mettait du baume au coeur. Il avait réellement mûri. Et je sais que cette fois-ci, l'enfant sera voulu par les deux parents.

- Hvitserk pense que tu es enceinte de deux ou trois mois.

Hvitserk et ses prémonitions. Il devrait s'occuper dr son avenir plutôt que de celui de son neveu ou sa nièce. À ce rythme là, il n'aura jamais d'autres enfants que Àlof, qui ne le sait même pas. Je penche légèrement la tête pour observer Ivar et Ragnar. Les grands yeux bleus du petit garçon sont obnubilés par ce que son père raconte sur la lame qu'il tient entre ses doigts. Remarquant, sans doute, mon regard sur eux, le plus vieux propose au petit de s'en aller plus loin jouer avec ses cousines. Le brun ronchonne au début ne voulant pas jouer avec elles puis décide de rejoindre le père de celles-ci, occupé à brosser un cheval. Ubbe l'accueille avec un grand sourire et le prend dans ses bras, le calant sur la monture.

- Après la grande guerre, lorsque notre deuxième enfant naîtra, j'apprendrais à Ragnar à se battre.
- Si l'avenir que Laoghaire a prédit ne se réalise pas, j'ajoute.

Il fronce les sourcils.

- Penses-tu que nous allons perdre?
- Je ne sais pas. Grâce à elle, notre futur est modifiable mais si nous perdons-
- Je vais gagné, Aileas. Je ferais n'importe quoi pour que nos enfants est un avenir long et glorieux.
- Glorieux?
- Ils sont les progénitures d'Ivar Le Désossé, ils accompliront de grandes choses.
- Tu es bien sûr de toi, je lui fais remarqué.

Il pose sa large main sur ma cuisse, ses iris bleus se plantent dans les miens.

- Crois-en mes paroles.

J'esquisse un sourire.

- Je te rappelle que tu n'étais pas aussi sûr de toi, il y a cinq ans. Tu te voyais comme un fardeau que personne ne voudra jamais.
- Mais ce n'était pas le cas. Tu as été là pour me prouver le contraire.