trente-et-un

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La porte de ma chambre se ferma enfin, mon sac retrouva un sol familier, mon cœur, mes muscles, mon esprit. Tout se détendit, fondit en un liquide constituant mon corps se déversant le long du mur lisse. Un regard dans le vide, avant de parcourir le décor simple de ma chambre, banale.

Par chance, ma mère était assoupie dans le salon faisant qu'un affrontement ne fut pas nécessaire.

J'aurais voulu travailler pour me changer les idées, oublier ce qu'il venait de se passer. Avoir craqué et m'être mis à courir à la seconde où il disparut derrière sa porte d'entrée. Mais malheureusement, j'avais déjà effectué tout le travail à faire pour cette semaine et je me retrouvais donc condamné à me laisser traverser de toutes parts par ces souvenirs et méditer dessus contre mon gré.

Je décidai donc de prendre une douche et retirai un à un les vêtements, ce sweat qui aurait été pour ma mère une raison suffisante pour entamer un débat sans fin épuisant. La température de l'eau était au maximum de ce que je pouvais supporter, autant dire étonnamment élevée; et mes muscles se relâchaient, très lentement, roulant au même rythme que les gouttelettes brûlantes qui traçaient calmement leur chemin sur chaque parcelle de ma peau. Ma vision bientôt cachée par mes mèches châtain trop longues, je passai une main fatiguée dans ces dernières, l'autre me servant d'appui contre la paroi de la douche et certaines échappèrent au geste.

Ai-je bien fait de me laisser faire? N'aurais-je pas dû m'éloigner en m'offusquant que cet agissement était trop indiscret et intolérable? J'aurais peut-être dû.
Mais pour être honnête, ce contact avait été si soudain, innocent, irréfléchi et même en y plaçant toute la volonté du monde... C'était délectable, ma raison autant que ma foi avaient cédé leur place à une nécessité irrationnelle de me laisser aller.

Juste là, sur le seuil de la porte, il m'avait souhaité de rentrer en sécurité, puis du courage dans le cas d'un éventuel affront entre ma mère et moi. Avant de m'embrasser sur le front.

Quelque chose d'illogique prenait place. Au contraire de ce que mon cœur me dictait, je me posais la question et j'avais des doutes, savoir si ce que je laissais se produire était bon. Censé. Possible.

Et puis mon cœur me désillusionnait de magnifiques images que je ne pouvais chasser dès lors que me regard se trouvait loin de sa personne.
Mais il y avait autre chose qu'il fallait prendre en compte; et c'était lui. Ce qui traversait son âme à lui, s'il était en paix avec toutes ces choses et j'étais bien conscient de la difficulté qu'il traversait en faisant toutes ces choses. Il s'agissait bien de la raison pour laquelle l'impact de ses attentions, de ses mots était si grand sur ma personne, sur mon cœur, sur mon corps.

Malgré mes efforts, rester convaincu qu'il n'était pas question de tenir à ma personne juste parce que je tenais à la sienne m'était de plus en plus douloureux. Je m'interdisais de le penser, je n'en avais pas le droit. Même si je le voulais terriblement.
Il découvrait ces choses là, la proximité, la confiance, la complicité, l'intimité, avec un autre être humain. Un jour, il finira par découvrir qu'il n'agissait pas de la bonne façon avec moi, parce que j'aurais pour lui été un ami.

Et tout s'arrêtera.

Ça faisait mal, mais il fallait que je puisse me convaincre de ça. Parce que c'était tout ce à quoi j'avais droit.

Après avoir laissé s'écouler eau et savon entre mes omoplates en rinçant mes cheveux, j'éteignis l'eau et sortis de la douche. J'enroulai une serviette blanche autour de ma taille avant de sécher mes cheveux avec une autre.

Une fois des vêtements propres enfilés, je vérifiai que ma mère ne soit pas réveillée et sortit de nouveau de ma chambre, puis de la maison.

Last Row || nominOù les histoires vivent. Découvrez maintenant