Last Row || nomin

vingt-quatre

Merde.
En voulant me débarrasser de Mark hier soir, j'en avais totalement oublié mon but principal qui était d'appeler Renjun. Je n'y avais aucunement pensé et le voici à présent à courir droit dans ma direction, probablement pour m'envoyer son poing dans la mâchoire au vu de son air furax. Et je savais à quel point Renjun pouvait être féroce parfois.
Au choc de son corps contre le mien, qui faillit nous projeter au sol, ses bras m'entourèrent avec une force démesurée.
Mon souffle se suspendit, de peur de le perdre définitivement.

-Tu m'fais mal, je vais bien t'inquiète.

Lui non plus ça ne lui serai jamais venu à l'esprit que je puisse être capable de sécher des cours mais au fil de mon récit, il avait compris que mon complice n'y était pas pour rien. Fort heureusement, il n'insista en rien au sujet de ma disparition.

Je rejoignis ma salle mais sans extraire les affaires de mon sac puis qu'aujourd'hui, nous n'avions pas cours et allions voire des pièces de théâtre extrêmement ennuyeuses. Non contents à cette idée, chacun trouvait de quoi se plaindre avec son voisin ou autour de soi tandis que je gardais le silence, ne cherchant même pas à appréhender la tournure de cette journée.
Nous allions nous asseoir dans des rangées de sièges confortables et tenter de retenir ce qu'on allait nous dire au cours de la matinée et de l'après-midi. Ça ne pouvait de toute façon pas être pire qu'un cours.

Quel imbécile.

Les élèves arrivaient par petits groupes et parfois seuls, comme lui. Il me passa devant, inclinant la tête, un visage léger, ouvert, presque... heureux. Il n'aurait eu qu'à sourire pour que j'en soit certain. Mais c'était encore cette foutue apriori qui l'en empêchait, ou peut-être s'agissait-il de quelque chose d'encore trop contraignant à réaliser quotidiennement de façon naturelle. Il atteignit sa place sur le siège de laquelle il se laissa tomber, au vu du bruit sourd qui me parvint.

Tout le monde était présent. Le prof nous indiqua où se trouvait le bus à prendre pour s'y rendre. Comme toujours, je m'étais assis dans les premières rangées, trop paresseux pour m'aventurer plus loin dans le véhicule. Mon sac, sur le siège d'à côté afin d'indiquer aux prochains que ce siège n'allait avoir comme seul occupant que ce dernier.
L'engin démarra, et tout le monde étant assis vers le fond, j'étais seul, serein.
De toute façon le trajet allait à peine durer une dizaine de minutes; il ne fallait pas oublier qu'en ville, toutes les activités étaient concentrées en des zones précises et stratégiques.

On se bousculait pour sortir et échapper à la chaleur du bus et espérant que la salle soit climatisée. Moi-même étant loin de l'agitation du reste de la classe, je faisais les frais de la chaleur qu'ils produisaient, étouffante. Désorganisés, on se glissait entre les rangées de sièges comme les profs nous l'indiquaient au mieux, feintant de contrôler la situation malgré le chaos que c'était. Les lumières étaient éteintes, puisque nous étions en retard et que la représentation allait commencer et faisant râler les spectateurs déjà présents. Un véritable chantier. Ça criait, ça râlait, ça insultait, ça riait, ça discutait, et moi, ça m'amusait; confortablement assis dans mon siège tout à gauche de la salle à admirer ce désastre qu'était ma classe. La voix off se faisait entendre et tout le monde n'était pas encore assis mais quelqu'un apparut à côté de moi alors que je somnolais encore, sortant mon sac instinctivement pour laisser l'accès au siège et entendis la personne s'asseoir.

La pièce commença, et j'entendais vaguement ce qu'il se disait, presque totalement endormi. De toute façon, ça ne faisait rire personne, ce n'était même pas drôle alors au lieu de me forcer à rester au moins conscient, je me laissais sombrer dans un sommeil bercé par le bruit de fond. Jusqu'à ce qu'une secousse sur ma main ne me réveille, en colère. Je fis semblant de ne pas m'en apercevoir, avec l'espoir que l'importun me croie endormi et me laisse tranquille.