trois

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Il faisait encore jour, la brise fraîche se promenait distraitement avec moi tandis que le soleil me gratifiait de ses derniers rayons avant de léguer sa place à sa compère nocturne.

Je n'avais pas la tête à travailler, aujourd'hui, alors j'ai décidé de n'ouvrir aucun cahier. Tant pis pour la morale que ma mère me donnera, pour les insultes que mes mollusques de camarades me cracheront, pour le mépris des professeurs. Tant pis. J'avais besoin d'air frais, pur et de sérénité. Cette fois-ci, la musique que j'écoutais était partout autour de moi. Les chants d'oiseaux de différentes espèces. Le grésillement des insectes qui trottinaient entre les fleurs. Les champs qui me murmuraient que j'étais chez moi. Il n'y avait qu'ici que je pouvais trouver tout cela.

A la vue de l'étang, je réalisai que j'avais atteint le village voisin, séparé du mien par une frontière indicible mais reconnaissable à ce dernier. Au fil de mon chemin lent, les charmants seuils de portes défilaient sous mes yeux sans que je ne les regarde réellement. Jusqu'à ce que l'un d'entre eux, occupé, n'attire mon attention. Lui. Le garçon aux cheveux noirs, assis seul, les coudes posés sur ses genoux, la tête nonchalamment relevée vers moi. Ses yeux étaient de la couleur du ciel du soir, colorés d'une mince nuance de bleu, cachés derrière ses cheveux noirs comme le bitume qui envahissait cette fichue ville.

-Salut. dit-il, brisant le silence et gâchant l'agréable mélodie des champs.

Il s'agissait de la première fois que j'entendais sa voix, puisqu'il était muet en classe comme en dehors. Elle était cependant exactement comme je me l'imaginais; grave, distraite, vivante tout en voulant laisser croire le contraire.

-Tu attends quelqu'un? répondis-je, sans m'intéresser plus que ça à l'échange.

Je n'avais pas bougé d'un millimètre, les mains dans les poches de mon jean bleu clair, même pas en face de lui.

-J'fume une clope. trancha-t-il.

Je me disais qu'il n'avais pas envie de discuter, mais j'avais aussi comme l'impression que c'était sa façon à lui de discuter.

Il n'avait pas de cigarette dans les mains.

-Ah, j'avais pas vu. ironisai-je, narquois, ayant cependant remarqué les mégots éparpillés au sol.

-Passe ton chemin Jaemin. termina-t-il, agacé.

Je ris brièvement, esquissant un sourire malicieux alors qu'il me toisait encore. Ça m'amusait. Je m'exécutai et continuai donc ma route, nos regards se quittèrent.

-A demain!

Last Row || nominWhere stories live. Discover now