Sous les nuages du ciel bleu...

Passion

Un trait, fin et délicat. Les poils caressent la toile et l'effleurent avec douceur comme s'ils craignaient de l'abîmer. L'un après l'autre ils déposent sur elle à la manière d'une offrande une fine couche de ce mélange de teintes pâles. Le magicien qui guide cette baguette de bois finalisée par une touffe garnie de couleur stoppe un court moment son geste. Quelques secondes durant lesquelles il s'autorise à contempler le début de son oeuvre, ce premier pas vers un résultat qui il l'espère le comblera.

Penché vers l'avant, des mèches blondes lui cachent le visage. Impossible d'apercevoir son beau regard mordoré où se reflète son amour pour son fidèle compagnon. Un doigt levé, son pianiste semble s'animer.

Un son, apaisant et suave. Ses main caressent le clavier avec tendresse, elle lui transmet mille et un messages. Uni à lui il bâtit un monde aux sonorités enchanteresses et aux hymnes de guerres tombées dans l'oubli, pièce par pièce il se représente ce lieu merveilleux dans lequel chaque humain valserait au rythme de sa mélodie pour célébrer la paix.

Un pas après l'autre, leste et aérien. Ses pieds frôlent le parquet, si vivement que la rencontre entre les deux éléments semble ne pas s'accomplir. Soudés à l'air ses bras s'ouvrent au monde, dévoilant un corps fin et gracieux en mouvement. Poupée de porcelaine en action elle se tâche d'atteindre la perfection, veille à chacun de ses geste les accomplit avec minutie tel l'horloger devant son ouvrage. Elle ne s'autorise pas la moindre erreur, pas la moindre pièce défaillante.

Un mécanisme sans défaut. Les rouges de métal glissent les un sur les autres, s'épousent, se pressent pour au final fusionner entre eux et créer un être, unique et animé de vie. Marionnette de l'humanité il observe et engendre à son tour, de crédulité et d'ignorance, un pantin au crâne vide. Et il s'interroge sur cet univers de son avenir...

Questions et interrogations... Emportées dans ce syphon sans fond... Son coeur surpris à faire des bonds. Il ne sait plus où il en est, il se sent vide. Un homme sans cervelle... Des murmures lui parviennent, ils n'y prête pas attention pris dans le feu de l'action. Concentré sur cet objectif, ce rêve... Un ordre, une directive... Et il s'envole... Il décolle vers le ciel tel un oiseau aux plumes voluptueuses... Une de ces plumes qui gratte le papier, bercée par la passion en toute légèreté...

15 / 07 / 18