Remords blancs

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Paris…
Capitale de la France, grande ville attractive touristique et surnommée “La ville des lumières”. En l'occurrence, j’utiliserai plutôt le terme de ville “la plus polluante de l'année”, Paris mériterait largement ce titre lorsque l’on voit les voitures qui vont et viennent dans un parfait concert de coup de klaxon, le bus qui les suit en renchérissant, on se retient de soupirer.

J’accole ma tête contre la surface froide de la fenêtre tandis que me parviennent les voix en provenance de l’INJA* , ce doit être le cours de sport… J’entends de là, les instructions du professeur et les bavardages de ces élèves…
J’y prête peu attention, perdue dans mes songes.
Finalement les voix s’amenuisent, passe aux murmures pour finalement se taire

Un coup d'œil au ciel me permet d’entrevoir sa couleur claire due à l’été qui ralentit la cadence et augmente les journées, dix-huit heures et demi déjà… Au loin, une horloge sonne, laquelle ? Je n’en sais rien… D’ailleurs peu m’importe.
Je fixe le plateau déposé là par une infirmière, celle-ci ne prend pas la peine de dire mots, elle repassera plus tard, je le sais.
Ma main se pose sur un verre, tout de plastique blanc, je le déteste. Je le hais plus que tout au monde. Mais il le faut, le reste, c’est pour la bonne forme, lui c’est pour la vie.
Sans autres cérémonies, bon gré mal gré, je fiche d’un geste les pilules dans ma bouche et avale ce liquide si précieux.

Sans m’occuper de cet immondice de repas je reporte mon regard dehors, sur le ciel plus particulièrement… Pour une fois que ces satanés buildings ne me gâchent pas la vue...
Je m’en veux de râler ainsi, après tout je devrais remercier ma bonne étoile d'être encore là…
Un oiseau s’envole, juste sous mon nez. Des fois, j’aimerais être comme lui… Légère, sans obligations, contraintes et malheurs… À voler seule ou en groupe parmi les nuages, heureuse, je serais heureuse… Comme je le fus un temps où l'innocence régnait encore.

Innocente et naïve… Si égoïste… En quoi ai-je changé d’ailleurs ? Assise là à me soucier de mon sort inutile, en quoi ne pourrais-je pas me qualifier d'égocentrique ?
Je suis misérable…
À prendre sur le temps des autres, leur manger de l’énergie, de l'espoir, leur faire couler des larmes.
Je suis horrible...

Et je m’en veux, je m’en veux chaque jour de mon existence je m’en veux d'être né ainsi, avec ce détail qui change tout, qui bouleverse notre vie, la leur.
Et je contemple, chaque jour, je contemple ce monde qui aurait mieux fait de ne pas m’accueillir...

*Institut national des jeunes aveugles

Sous les nuages du ciel bleu...Where stories live. Discover now