ψ Chapitre 18 ψ

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Nous traversons les rues, deux par deux en file indienne depuis presque quarante minutes. Nashoba et Jolan ouvrent la marche, suivis par Adriel et Tekoa. Puis, il y a Ayden et moi, Méléna et Allan, Léon et Joshua, Kody et Ayanna, Billy et Matt, Gabriella et Kenneth, et enfin Giana et Karla qui ferment la marche. Nous sommes dix-huit. Dix-huit personnes avec des cibles dans le dos. Je transpire, mais je sais que ce n'est pas seulement dû à la chaleur. J'ai peur, je stress, j'angoisse. Peur de mourir, ou de voir mes amis mourir. Je dois à tout prix rencontrer le Prince, lui parler, comprendre qui je suis et d'où je viens.

C'est très silencieux, trop silencieux. Seul le bruit de nos chaussures sur le sable et les quelques graviers s'élève dans les airs. Nous marchons à l'ombre, dans des ruelles que Nashoba dit connaître par cœur, il sait où se trouvent les Coahomas et où ils ne se trouvent pas. Je lui fais confiance, je sens au fond de moi qu'il ne nous ment pas, qu'il veut que je rencontre le Prince. Je regarde Ayden de temps à autre, il semble concentré, dans ses pensées. Puis, sans vraiment réfléchir, un peu machinalement, je lui prends la main. Il me regarde, un peu surpris de mon geste, mais lorsque qu'il serre la mienne un peu plus fort, je comprends. Nous sommes ensemble, c'est tout ce qui compte.

— Tu sais, dit-il finalement, je suis un piètre médecin.

Je hausse les sourcils.

— Qu'est-ce que tu racontes ?

— Je n'ai même pas réussis à faire la différence entre un humain et un robot.

Il a beau dire ça, aucun de nous n'a réussit non plus.

— T'es pas le seul, souffle Méléna derrière nous.

Nous nous retournons pour l'observer.

— Au final, c'était celle qu'on croyait la plus innocente qui était l'espionne, continu Allan. Jamais je n'aurais cru que c'était elle la traître.

Méléna lui donne une tape sur l'épaule.

— Ne dit pas ça. Je suis sûre qu'au fond d'elle, la vrai Jana était là. Elle n'était pas seulement un robot, j'ai vu la peur dans ses yeux, l'angoisse. On ne peut pas faire semblant d'avoir ce genre d'émotions... Elle... Elle n'était pas une traîtresse...

— Nous allons l'enterrer Mel, déclaré-je. Elle aura un vrai enterrement, comme elle le mérite. Au fond, c'était un peu notre petite sœur à tous... Son fameux riz va nous manquer...

Je lâche un petit rire nerveux, les yeux humides. Ce n'est pas seulement à cause de la tristesse, mais aussi à cause de la colère. Quelles horreurs Atkins a-t-il encore fait et que nous ignorons ? Méléna me presse l'épaule. Je sais que les Survivants sont derrière moi. Je sais que nous allons nous en sortir, d'une manière ou d'une autre. Nous aurons un nouveau départ.

Nashoba se retourne et lève une main au ciel. Notre groupe s'arrête, et il désigne un immeuble à moitié détruit, dont l'entrée n'est autre qu'un trou béant.

— Nous allons faire une pause, vous devez vous hydrater.

Nous nous exécutons et entrons à l'ombre, dans l'immeuble. Les Survivants et moi nous rassemblons en cercle. Karla nous rejoint, je crois qu'elle s'entend bien avec Giana. Les Iclahomas se mettent un peu à l'écart, ils savent que les Survivants les tolère seulement grâce à moi. Chacun sort sa gourde et bois à grandes gorgées. Il fait extrêmement chaud, et tout le monde est trempé de sueur. Qu'est-ce que je donnerais pour sauter dans un lac bien frai.

Je décide de me lever et de rejoindre Nashoba, nous devons parler. A mon approche, les Iclahomas se redressent, le regard respectueux. Je ne me fais pas encore vraiment à cette attitude, donc je n'y prête pas trop attention.

— Nash ?

— Majesté ?

Je lui prends le bras et l'emmène un peu à l'écart.

— C'est encore loin ?

— Non, plus vraiment, je dirais une dizaine de minutes. Mais nous devrons être prudent, les Coahomas savent où se cache le Prince. Nous devrons attendre la nuit, lorsqu'ils regagnent leur vaisseau.

Je hoche la tête, ça me parait être une bonne idée, néanmoins, la nuit ne sera pas là de sitôt.

— Bien. Je peux te poser quelques questions ?

— Tout ce que vous voudrez.

Je regarde les autres Iclahomas avant de parler.

— Qui êtes-vous pour le Prince ?

— Jolan est son mentor, son bras droit en quelque sorte, dit-il en souriant. Il connaissait bien les parents du Prince. Moi, je suis celui qui gère toutes nos forces de défenses. Ayanna est notre médecin, c'est elle qui forme les jeunes Iclahomas à la médecine. Adriel et Tekoa sont deux soldats très efficaces.

Ils ont pris les meilleurs pour venir me chercher. Je me sens gênée.

— D'accord. Isha... Un homme je veux dire, m'a dit que le Prince était mal en point ?

Le visage de Nash se referme, c'est peut-être pire que ce que je croyais.

— Majesté, il... Le Prince est mourant, il ne lui reste probablement que quelques jours...

Mon souffle se coupe. Quelques jours ? Si peu ? Comment est-ce possible... Cette nouvelle me frappe comme un coup de poing en plein visage.

— Mais... Est-ce qu'on peut le soigner ?

Il détourne les yeux.

— Vous devez vous rendre près de lui, seule vous pouvez faire quelque chose.

J'ai tout d'un coup comme un poids immense sur les épaules. Le prince est le cœur de tout un peuple. S'il meurt, le peuple aussi, et moi je peux le sauver ? La vie de tout ce monde est entre mes mains, je commence à trembler. Je ne dois pas flancher maintenant.

— Tout ira bien Majesté, nous ne sommes plus très loin.

Je regarde le sourire de Nash, et perçois dans ses yeux tout l'espoir qu'il voit en moi. Il n'est pas le seul à compter sur moi, les Survivants aussi. Je dois mener ma mission à bien. Je prends un air déterminé.

— Bien, la pause est finie, on y va. On a un Prince à rencontrer. 

Les Survivants IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant