ψ Chapitre 8 ψ

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La journée est passée très vite. J’ai dormi presque tout l'après-midi, et on vient de m’apporter le repas du soir. A présent, j'attends, trépignant d'impatience. Je guette l'arrivée de Karla. Je ne peux plus rester plantée là, à attendre, pendant que mes amis sont peut-être en danger. Certes ils ont un Terbang avec eux, mais qui sait si les Rouges, les Coahomas comme les appelait le chaman, ne pouvait pas le détruire ? Je chasse cette pensée, et me focalise sur mon évasion. J’ai l'impression de passer ma vie à me faire emprisonner et à m'évader.
Un léger tambourinement sur la porte me fait dresser droite sur mes jambes. Le verrou claque, et la porte s'ouvre. Karla apparait, vêtu de noir. Elle me donne des habits. Un haut sans manche noir et un legging noir, une tenue banale, mais confortable.
Je me change sur le champ. Karla parait gênée, c’est étrange on à prit un bain dans le lac ensemble après tout. Je n’y prête pas plus attention, et une fois habillée, nous nous ruons dans les couloirs.
Nous n'échangeons pas un mot, nous savons ce que nous avons à faire. Je me contente de suivre Karla, sans bruit, courant sur la pointe des pieds. Nous descendons quelques marchent, et arrivons devant une grande porte de fer. Probablement la seule vraie porte de tout le village. Karla toque avec des coups rythmés, probablement choisis, contre la paroi métallique. Un déclic se fait entendre, et un jeune homme apparait. Il a les cheveux aussi noirs que ceux de Karla, et la peau basanée. Il nous intime d'entrer rapidement, jetant un dernier coup d'œil derrière nous.
Je me retrouve alors dans une pièce où les murs sont recouverts de métal. La salle est remplie de motos, de grosses voitures, et même d'une voiture semblable au minibus que nous avions pris pour aller dans les Souterrains. Je suis émerveillée par tant de choses que je n’ai jamais vu. Je laisse mon regard vagabonder un peu partout.
Le garçon qui doit être Marco nous fait un signe de la main, et nous amènes dans un coin de la pièce immense. Deux sacs sont posés sur une table en fer, à côté d'une grosse moto.
— Karla, tu es sûre de vouloir faire ça ? Diego va être furieux...
Elle ne répond pas, enfile un des sacs sur son dos et me tend l’autre.
— Marco, je sais ce que je fais, dit-elle enfin.
Il claque sa langue sur son palais pour montrer sa désapprobation.
— Esta chica es una extranjera ! Estamos tu familia.
Elle lève les yeux au ciel, je ne comprend pas.
— Yo se. Pero tengo confianza en ella. Y tu ? Confías en mí ?
Il semble réfléchir, tout en me jetant un regard.
— Sí, ten cuidado. Vuelve pronto.
— Lo prometo, répondit-elle.
Il hoche la tête. Puis il pointe du doigt les sacs.
— Trois jours, en vous rationnant. Pas plus.
— On mettra pas trois jours, répondis-je.
Il me jette un regard rapide avant de se retourner vers la table.
— Tu penses encore que tes amis sont vivants alors qu'ils sont dehors avec les Rouges ?
— Ils savent se défendre, on a survécu à pire.
Marco laisse un petit rire s'échapper. Il se retourne face à moi, un révolver à la main.
— Y'a pas pire. Est-ce que tu t'es déjà retrouvé face à une de ces bêtes ? Est-ce que tu les as déjà regardés droit dans les yeux, lorsqu'elles étaient au-dessus de toi, prêtes à enfoncer leurs antennes dans ton crâne, et te sécher jusqu'à ce que ta peau se déchire sur tes os ?
— Marco ! Basta !
Il regarde Karla, avant de me jeter un regard de mépris. Puis, il tend l'arme à son amie. Karla l'attrape et le range derrière elle, comme si elle faisait ça tous les jours.
— Tu sais, répondis-je finalement Alice. Peut-être que toi aussi tu as vécu des choses horribles. Peut-être que tu as faillis mourir plusieurs fois. Mais je peux t'assurer qu'il y a pire. Tuer un homme de sang-froid c'est pire. Le regarder mourir, pendant qu'il se vide de son sang, c'est pire. Voir son ami se faire torturer devant soi, c'est pire. Être nez à nez avec un scorpion Rouge, qui te regarde, près à te bondir dessus c'est pire. Et ne crois pas que je ne sais rien sur eux. Je les ai vu faire, je les ai vu aspirer l'énergie d'un camarade à moi, qui devait avoir à peine dix-sept ans. Donc si, crois-moi, y'a pire. Maintenant on a perdu assez de temps comme ça, on y va.

Marco me regarde sans broncher. Il jette un regard à Karla, qui détourne les yeux. La mexicaine chevauche sa moto, et je l'imite en me plaçant derrière elle. Le garçon nous tend des casques, que nous enfilons sans dire un mot.
— Soyez prudente, tachez de ne pas mourir.
Karla fait un signe à Marco, et ils échangent une étreinte. Puis, ce dernier appui sur une grosse manette jaune, et le mur d'en face bascule vers le haut. C’est en fait une porte, qui bascule perpendiculairement aux murs, laissant entrevoir le noir de la nuit à l'extérieur. La lumière de la pièce court sur le sol dehors, à mesure que la porte s'ouvre. Karla fait gronder la moto quelques instants, et lorsque la porte est à son maximum, elle démarre en trombe.
Je jette un regard derrière moi, la porte se referme déjà, nous laissant dans une obscurité la plus totale. Seul le fard avant de la moto éclaire la route. L'air est frai, et le vent qui glisse sur mes bras me fait frissonner. Me voilà à nouveau dehors.
— Attendez-moi, j'arrive, murmuré-je pour moi-même.

Les Survivants IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant