ψ Chapitre 3 ψ

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Si je n’étais pas assise, je serais tombée à la renverse. Cette révélation est comme un coup qu’on m'aurait porté à la tête. Ce que Karla vient de me révéler est tout simplement incroyable. Tout se passe soudain très vite dans ma tête. Les Autres, ce sont les Scorpions, c’est forcément ça puisque Karla avait parlé de bleus et de rouge. Donc les Scorpions ne sont pas créés par Atkins, mais ils viennent d'une autre planète ? Et les Araignées, que sont-elles ?
— Ce que tu dis est insensé ! M’énervé-je.
— Ce qui est insensé c'est que tu refuses de voir la vérité en face ! Ce sont des extraterrestres qui ont envahis notre planète.
D’un geste lent, je prend ma tête entre mes mains. Je suis complètement perdue. Tout ce en quoi je croyais depuis le début est remis en question.

Même si ils t'aident, les autres ne feront qu’une bouchée de toi et tes amis.

La voix de mon père résonne dans mon esprit. Je commence à comprendre. Il savait que les Scorpions se trouvent à la surface, que l’air est respirable. Lui aussi les avait appelé les Autres. Comment a-t-il pu cacher une tel chose ? Pourquoi ne pas avoir essayer de dire la vérité ? Et si… Et si c’est justement ce qu’il avait fait, cela expliquerait pourquoi Atkins avait voulu le faire exécuter. Mais cela voudrait dire qu’Atkins, voir tout le gouvernement, est au courant. Notre programme… Nous étions ceux destinés à nous battre contre les Rouges…
Karla claque des doigts devant mon visage, pour me ramener à la réalité.
— Dis-donc, j'ai pas fini, tu m'écoutes ?
— Oui, oui, pardon continue.
Même si je n’étais pas sûre de pouvoir en supporter davantage.
— Donc je disais, les Rouges semblent être plus nombreux que les Bleus. On ne sait pas ce qu'ils cherchent, ni pourquoi ils sont là, mais si jamais tu en croise un, tu as plutôt intérêt de courir.
Je me rappelle lorsque nous sommes sortis de l'expérience, ce que le Scorpion Rouge avait fait à Max. Cette pensée me glace le sang.
— Bien, continue Karla. Comme tu l'as sûrement remarqué, les Rouges ont une Ruche en plein milieu de la ville. Tous les soirs ils se regroupent autour d'elle et généralement ils n'en bougent pas jusqu'au lendemain. Mais c'est pas impossible d'en croiser un ou deux tout seul. On ne sait pas où est celle des Bleus, ou s’ils en ont une. On en croise plus ces derniers temps. Ils ne sont pas agressifs de toute façon.
— Je vois, et qu'est-ce qu'ils font quand ils se regroupent ?
— On en sait rien, répond Karla.
Puis, en claquant ses mains sur ses cuisses, elle se relève.
— Bon, maintenant je vais te demander quelque chose d'important.
— D'accord, acquiescé-je sur mes gardes.
— Est-ce que tu restes parmi nous, en sécurité, à l'abri des bêtes. Est-ce que tu es prête à avoir une nouvelle vie, à avoir un travail, peut-être même des enfants qui sait. Ou est-ce que tu veux retourner dehors, seule, à la merci de ses monstres prêt à te déchiqueter ?
Je ferme les yeux, prend une grande inspiration, et répond sans réfléchir :
— Mes amis sont dehors, je les ai abandonnés parce que je suis faible. Ils sont peut-être en danger à l'heure où je te parle. J'ai aussi fait une promesse aux gens que j'ai laissé dans les Souterrains. Je leurs ai promis de les libérer de leurs prison de terre. Beaucoup de gens qui m'étaient cher sont morts pour me permettre de m'en sortir. J'ai aussi fait la promesse à mon amie que je tuerais de mes propres mains le président. Et puis, il y a quelqu'un que j'ai laissé derrière moi, quelqu'un qui a risqué sa vie pour moi, qui a toujours été là. Et je suis partit sans lui. Alors Karla, ton offre est très alléchante je l'admet, mais je me doit de la refuser.
Elle ne dit rien pendant un moment. Elle se contente de m’observer. Son regard a changé, ce n’est plus un regard méfiant et hautain, mais plutôt un regard de compassion. Finalement, elle soupire et me fait signe de la suivre.
Nous marchons à travers la ville de pierre. Karla m’emmène à l'hôtel de ville. Nous pénétrons dans une salle immense, au milieu de laquelle est disposée une très grande table de pierre. Autour de cette table, des hommes et des femmes discutent entre eux. Je reconnais les deux hommes que j’ai vu à mon réveil. Ils se tiennent en bout de table.
Karla s'avance, les saluant dans leur langue. Tous prennent place sur des chaises autour de la table, et Karla me demande d'approcher.
— Je vais te présenter et raconter ton histoire, chuchote-t-elle.
Ce qu'elle fait aussitôt. Dans leurs langue, elle parle pendant un bon moment, faisant de grands gestes des bras. De temps à autres elle me jette des coups d'œil, mais je ne bronche pas. Une fois son récit terminé, un des hommes présent, (Diego) se lève pour prendre la parole. Il s’agit indéniablement du chef.
— D'après ce que j'ai compris, dit-il d'une voix claire, tu as perdu la mémoire ?
— Oui, répondis-je timidement. Mais des bribes de souvenirs refont surface en ce moment.
— Bien. Karla vient de nous dire que tu souhaites t'en aller, pour rejoindre tes amis ? Mais qui nous dit que tu ne mens pas et que tu ne vas pas amener ici les bêtes rouges ?
— Quoi ? M’offusqué-je. Pourquoi je ferait une chose pareille ? Je me fiche pas mal de votre ville. Vous êtes heureux ? Tant mieux pour vous, vous n'êtes pas ma priorité. Je n'ai pas besoin de votre accord pour quitter ces lieux. Mon but est de retrouver mes amis.
— Jeune fille, comprenez que nous sommes dans le droit de nous poser des questions sur vous, vous étiez si près de la Ruche ! Et tout le monde sait qu'il ne faut pas s'en approcher ! Intervient un homme.
— Mais bon sang, on en savait rien que c'était la Ruche !
Je commence à bouillir de l'intérieur, la rage que j’ai en moi commence à sortir par tous les pores de ma peau.
— Et de toute façon, hurlé-je, si vous ne vouliez pas qu'on découvre votre ville, pourquoi vous m'avez amenée ici ?!
Tous les regards se tournent vers Karla. Et les personnes présentes se mettent à parler en même temps, dans leurs langue. Tous hurlent et pointent du doigts Karla, qui semble essayer de se défendre. Lorsque soudain, l'homme à la barbe (visiblement le plus âgé de la pièce), se lève et hurle : « STOP ». Le calme revient dans la pièce. Il prend la parole :
— Karla n'a rien à se reprocher. Si elle avait laissé cette jeune fille mourir, elle s'en serait voulu toute sa vie, et tout le monde aurait été déçu d'elle. Mais en l’amenant ici, les gens sont aussi déçu de sa non-méfiance. Karla a préféré prendre toutes les responsabilités de ses actes, plutôt que de laisser mourir une fille, et perdre une vie humaine de plus. Nous ne sommes plus beaucoup, évitons de nous entre-tuer. Cette jeune fille mérite d'avoir le bénéfice du doute.
Le calme revient en moi, j’ai peut-être une chance de sortir d’ici.
— Et que proposes-tu ? Demande leur chef.
— Je propose qu'elle reste ici pendant trois jours. Et si à l'issue de ces trois jours, tout s'est bien passé, elle pourra partir. Mais si elle s'en va, elle ne pourra pas revenir. Mais au contraire, si cela venait à mal se passer, nous ferions le nécessaire. Karla en a la responsabilité, elle la surveillera.
Tous les regards se tournent vers moi. Je n’ai absolument pas envie de perdre trois jours. Mais je suis beaucoup trop faible pour entrer en querelle avec ces gens. Et il vaut mieux les avoir de mon côté en cas de problème. Ces trois jours me permettrons de me reposer, d'en apprendre plus, et de réfléchir à certaines questions. Je ne peux pas refuser de toute façon.
— Très bien, je suis d'accord, conclu-je d’un ton solennel.

Les Survivants IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant