ψ Chapitre 9 ψ

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Nous avons passés la nuit dans un immeuble en ruine de la ville. Ce sont la chaleur ambiante et les rayons du soleil qui me réveillent. Doucement, je me relève sur un coude, me rappelant où je suis. J’observe autour de moi, et mon attention se porte sur Karla, assise sur un sceau retourné. La jeune mexicaine nettoie nerveusement son arme, tout en jetant des coups d'œil de droite à gauche. Je me met debout, et cela attire l'attention de Karla.
— Ca va, bien dormi princesse ? Je croyais que tu voulais retrouver tes amis rapidement.
— Pourquoi ne m'as-tu pas réveillé alors ? Répondis-je sèchement.
Karla baisse les yeux et se relève, puis se dirige vers les sacs sans me lancer un regard.
— C'est juste que... murmure la Mexicaine. T'avais l'air de bien dormir, et apparemment vu ce qu'il t'arrive tu en avais bien besoin.
Je me détend. Finalement Karla n’est pas aussi sévère que ce que je pensait, elle a bon fond.
Nous avalons un petit-déjeuner léger, et Karla sort une carte de son sac.
— Ok, dit-elle. C'est un plan de la ville, tu vois les zones coloriées en rouge ? Ce sont des bases où Ils se sont établis.
— Et ça, au centre ? Demandé-je en pointant un énorme cercle rouge.
— Ca, c'est la Ruche. On présume que c'est leur vaisseau, il est immense, c'est là qu'ils retournent chaque soir. Et en vert ici, tu vois ces traits ?
Karla pointe  du doigt des fines lignes vertes, qui couvrent preste toute la surface de la ville, telle une toile d’araignée.
— Ce sont des passages dans les ruines, à couvert, m’explique-t-elle. Tous les jours, les patrouilleurs essaient de trouver un nouvel itinéraire. C'est la dernière carte, la dernière mise à jour.
— D'accord, et on va passer par ces chemins ?
— Exactement. Tu vois, on est ici, à l'Est de la ville. Toi et tes camarades, je vous ai vu au Sud-Ouest là en bas. C'est là qu'on se rend, c'est le dernier endroit où on les a vu.
Karla a plutôt un bon plan jusque-là. Je suis sûre que je vais les retrouver.
— On avait posé notre Terbang au Sud par ici, dis-je en indiquant sur la carte l'endroit.
Karla relève un sourcil, elle n’a sûrement aucune idée de ce qu’est un Terbang.
— C'est quoi un Terbang ? Un camion ?
— Heu non, réfléchis-je. C'est une sphère en métal, avec des hélices au-dessus, et qui vole.
Karla éclate de rire.
— Un hélicoptère quoi ?
— Non, un Terbang, rétorqué-je. C'est une énorme sphère, à l'intérieur c'est comme un salon. Mais le nôtre est une ancienne version.
Karla soupire en repliant la carte.
— Ok, bon on ira voir si ton engin volant est encore là-bas.
— Oui.
Après avoir établi notre plan, nous nous relevons, et je me contente de suivre Karla qui entame la marche. Nous passons entre des immeubles effondrés, sous d’énormes morceaux de béton entremêlés les uns aux autres. Je suis pleine de poussière, nous avançons la plupart du temps à tâtons dans la pénombre – même si pour ma part j’y vois comme en plein jour. Mais c’est le seul moyen pour que les Coahomas ne nous repèrent pas. J’ai décidé d’arrêter de les appeler les Rouges. Ils ont un nom.
Karla mène la marche, je suiss non loin derrière, lorsque d'un coup elle s'arrête, le bras tendu sur le côté. Nous nous trouvons sous deux longs blocs de bêton, appuyés l'un contre l'autre, formant un passage triangulaire. Mais nous sommes arrivées au bout de ce tunnel improvisé, et nous trouvons face à une rue.
— Alice, chuchote Karla. Tu vois la cavité dans l'immeuble en face, c'est là qu'on va. On va devoir courir vite le temps qu’on sera à découvert, t'as compris ?
Je hoche la tête d'un geste vif. Il ne faut pas se faire repérer, la rue n’est pas large, normalement tout devrait bien se passer.
Karla s'élance en première, traversant la rue en courant, sans faire de bruit. Une fois de l'autre côté, elle s'engouffre dans l'entrée de la cavité, me faisant un signe pour que je vienne à mon tour. Je jette un regard à droite, un regard à gauche. Personne, pas de Coahomas. Je prend appui sur mon pied gauche, prête à bondir. Karla vérifie à son tour, et au signal de la Mexicaine, je m’élance dans la rue. Je cours sans faire de bruit, et lorsque je me trouve au milieu de la route, un bruit aigu me perce les tympans. La douleur me fait perdre l'équilibre, et je chute au milieu de la voie, complètement à découvert. Je suis pliée en deux, me bouchant les oreilles. La douleur est tellement forte qu'elle me décroche un cri. J’ai tellement mal, quelle est cette douleur ? Karla m’appelle, mais je l’entend à peine. Je me met à ramper, quinze mètre à peine nous sépare. Je sais que je suis à découvert, je dois faire vite. Je vois Karla, décontenancée, elle hésite, mais s’élance finalement vers moi.
— Qu'est-ce que tu fais, lève-toi ! m’ordonne-t-elle. Tu vas te faire tuer !
Je n'entend plus rien, c'est comme si on m’enfonçait une aiguille de chaque côté dans les oreilles. Des larmes coulent le long de mes joues tellement la douleur est insupportable. Karla n’a d'autre choix que de me prendre sous l'aisselle, faisant passer un de mes bras sur ses épaules. Nous courons en direction de la cavité, nous y sommes presque, plus que sept mètres.
Cinq mètres.
Trois mètres...
Lorsque soudain, tombée de nulle part, un Coahomas se jette devant nous, bloquant l'entrée. Karla, ni une ni deux, rebrousse chemin, avec moi sur son épaule. Elle sait qu'elle ne peut pas se défendre, son révolver est dans sa ceinture, sous ma hanche, mais elle n’arrivera pas à l'attraper. J’entend le bruit métallique du Coahomas derrière nous. Ses cris bestiaux qui tranchent l'air, ses pattes de fer qui foulent le sol à toute vitesse. Mais c'est lorsqu'un deuxième arrive à son tour, bloquant la deuxième entrée, que tout l'espoir que j’ai nourrit pendant une seconde retombe lourdement au sol. Je suis à moitié dans les vapes, incapable de bouger. Seule Karla peut nous sortir de là. Mais que peut-elle faire face aux deux Coahomas qui se jettent sur nous ? Rien. La mexicaine tombe au sol me serrant dans ses bras.
— Lo siento, chuchote-t-elle en me prenant contre elle.
Les deux bêtes courrent vers nous, prêtes à nous vider de notre énergie. Karla tremblante de peur, me tient dans ses bras.
— Lo siento, répète-t-elle. Lo siento Alice... Je suis désolé..
Mais c'est au moment où tout espoir semble perdu, que l'improbable se produit.

Les Survivants IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant