Epilogue

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"J'ai longtemps réfléchis à ce que j'allais dire aujourd'hui. A la façon de lui rendre hommage, de parler de lui, de moi, de nous, tout en disant la vérité. On m'a demandé de faire un discours aujourd'hui parce que ça fait exactement trois cent soixante cinq jours qu'il a décidé de nous quitter. On m'a dit que c'est important de continuer à parler de lui, de continuer à le faire vivre à travers les souvenirs. Quand des services sociaux ont débarqués ici, quand ils sont venus me voir, ils m'ont dit que c'est important de raconter son histoire, de dire ce qu'il a vécu, d'expliquer ce qu'il a enduré. Ils m'ont dit que je suis celui qui l'a sans doute connu dans toute sa vulnérabilité et qui serait le plus dans la capacité à vous parler de ce qui s'est passé. Parce qu'il faut en parler. Ce qu'il a vécu, malheureusement, arrive à beaucoup plus de personnes qu'on ne le croit et il ne faut pas laisser cela passer sous silence pour ensuite pleurer la mort de nos camarades, de nos voisins, de nos potes, de nos amours. Ou de nous même.

Je pense que je peux séparer ma vie en deux parties distinctes. Avant la mort de Niall et après la mort de Niall. Parfois, j'oublie qu'il n'est plus là. Je n'oublie pas ce qui s'est passé, mon cerveau nie simplement la réalité. Parce qu'évidemment j'aimerais qu'il soit encore à mes côtés.  Il me manque. Et ce mot semble bien trop simple, bien trop faible, bien trop agréable par rapport à ce que je ressens au fond de moi. Parfois lorsque je dors, j'ai l'impression de le revoir, de l'avoir à nouveau dans mes bras, de l'entendre à nouveau rire, de l'écouter à nouveau parler, de sentir à nouveau ses doigts sur moi, de revoir chaque détail de lui et lorsque je me réveille et que la réalité me frappe, je m'effondre, tout simplement. Parce que c'est si dur. Parce qu'il as été celui qui m'a rendu heureux malgré toute sa souffrance durant des jours et des jours avec seulement quelques mots, quelques regards ou juste quelques souvenirs. Quand je me souviens qu'il n'est plus là, qu'il ne le seras plus jamais, quand je repasse devant sa maison sans y aller, quand j'attends devant ses anciennes salles de cours, quand je retourne au lac, quand je retombe sur ces photos de nous deux, quand on ressent son absence avec les autres gars, je sens au plus profond de moi cette intime douleur qui me fissure le coeur.

Parfois j'en veux à la vie de l'avoir laissé mourir. Je lui en veux parce qu'aujourd'hui nous aurions dû être chez moi, couché dans mon lit, je lui caresserais les cheveux et il m'embrasserait délicatement en souriant. C'est comme ça que ça aurait du se passer, n'est ce pas ? On aurait dû être heureux, ensemble. On serait allé au parc avec les gars et on aurait écouté quelques musiques en fumant une ou deux cigarettes. Il m'aurait aidé sur un devoir de science en rentrant et je n'aurais rien écouté parce que je serais en train d'observer combien il est beau lorsqu'il est concentré, un crayon entre les lèvres et ses lunettes posées sur son nez qu'il aurait retroussé comme il fait lorsqu'il réfléchit ou qu'il rigole. Je lui aurais fais remarquer qu'il est l'une des ces merveilles du monde et il aurait rougis avant de planter ses doux yeux bleu sur moi. Ma mère serait venu dans ma chambre pour lui proposer de rester manger et il aurait accepté. Il n'aurait pas beaucoup mangé, parce qu'il ne mange jamais beaucoup, mais il aurait été souriant. Et on serait allé se coucher dans mon lit. Je l'aurais pris dans mes bras et il aurait posé sa tête contre mon torse pour écouter les battements de mon coeur. C'est ce qu'il faisait tout le temps. Puis son téléphone aurait sonné deux fois. Une première, ça aurait été sa mère qui lui souhaitait une bonne nuit. La seconde fois, ça aurait été William qui lui proposait d'aller boire dans un parc et il aurait décliné, parce qu'il n'avait plus besoin de noyer ses problèmes. Parce que nous aurions été réunis à nouveau. C'est comme ça que ça aurait du se passer ! Alors j'en veux à la vie de nous avoir empêché de vivre notre belle histoire d'amour. Puis je me rappelle que c'est lui qui a provoqué sa mort alors j'en veux à la vie de ne pas lui avoir laissé de seconde chance. Et puis après je me souviens que si. Nous étions sa seconde chance, mais on a pas su le sauver. Tous les jours je m'en veux de l'avoir laissé se mener à sa mort. Parce que moi aussi je suis un coupable. On est tous des coupables ici. Moi, les gars, son beau-père, sa mère, son frère, William, cette bande de débile qui l'intimidait, tout ceux qui ne faisaient rien. Cette putain de société. Je me lève en m'en voulant d'avoir détruit une famille déjà détruite. Je vais en cours en m'en voulant d'avoir arraché à certains un ami, un pote ou alors juste un mec avec qui certains rigolaient en cours. Je rentre chez moi en me détestant d'avoir laissé quelqu'un de si pure s'en aller. Je m'endors en me haïssant de m'être autodétruit en m'enlevant celui que j'aime plus que tout.

Autodestruction | NARRY |Where stories live. Discover now