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C'est fatigant

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C'est fatigant. C'est fatigant de tout ressentir. De se faire pénétrer par la moindre intonation de voix, la moindre remarque ironique ou non, le moindre haussement de sourcil, le moindre regard moqueur. C'est fatigant. Mettre des barrières entre le monde et moi pour éviter de tomber dans cette foule en délire et me faire piétiner par cette société égoïste. Un rien m'égratignait, un rien m'abattait. Parfois je me dis que si je savais dominer mes émotions et cette stupide sensibilité, je pourrais faire de grandes choses dans mes études, et puis dans ma vie. Du moins j'aurais assez de courage pour essayer. Mon cerveau est transi. Chaque jour je peine à me lever, en me levant tout de même, en me disant, « aujourd'hui tu vas reprendre le dessus, tu vas bosser et obtenir ce que tu veux ». Et puis le temps s'acharne. Il tourne et se retourne, et ma tête avec, mes yeux brûlent et mon corps ne veut plus bouger. Si les girouettes avaient un coeur, j'en serais une qui s'animerait en permanence. Et puis tout va trop vite, on s'imagine qu'on n'est pas à la hauteur, un rien vous transbahute d'une émotion à l'autre, d'une résolution au découragement, en quelques minutes, en quelques secondes, vous laissant profondément fatigué et profondément culpabilisé. « T'es pas à la hauteur. » Au fond, je n'ai aucune envie d'affronter cela. J'ai envie de me terrer quelque part, en attendant que ça passe. Faire disjoncter les nerfs, dans le fond ce serait pas mal. Couper le courant des pensées vaines, qui vous ralentissent et vous font écrire ces textes. Et mon temps qui s'envole, mes ambitions avec. Comment se tourner vers le monde quand l'intérieur se mue en obsessions folles qui tournent en boucle et vous laissent aussi démuni de bonheur et d'énergie ?

Même des mois après je pense encore à toi, et le doute est toujours là. C'est comme une brume d'incertitude, un brouillard qui me prive de mes sens, me laissant dans un état primaire ou je n'ai que des impressions, des ressentiments pour comprendre : Pourquoi des mois après tu es encore là ? Parfois, les larmes montent juste parce que je n'ai pas tes bras autour de moi. C'est idiot, mais, tu me manques trop. Je m'imagine à quel point je serai heureux à tes côtés, je m'imagine ces moments ensemble et c'est tellement, tellement beau que c'est horrible de se limiter à ma pauvre imagination. Et ça devient une torture de s'imaginer un bonheur si parfait sans pouvoir le vivre, tous les soirs, avant de s'endormir. Et ça devient insupportable ce temps que je dois passer sans ta présence. Et ça devient un cauchemar de dormir sans t'avoir à mes côtés. Et ça devient un enfer de ne pas pouvoir te sortir de ma tête.

Je marchais dans les rues sombres de la villes pour rentrer du lac, comme à mon habitude. C'était une de ces heures tardives où les coeurs brisés sortent, où plus personnes ne sort à part ces âmes en peine, où seul les esprits hantés par leurs démons font surface dans les rues. Je marchais le long du trottoir, au dessus des vies souterraines. Je sanglotais doucement, j'essayais de suffoquer le plus silencieusement possible. J'aurais dû continuer de marcher pour rejoindre ma maison après avoir quitté William et ses joyeux poisons qui nous font oublier, juste le temps d'une soirée, mais je me suis retrouvé à m'engouffrer dans l'une des bouches du métro Londonien. J'ai avancé, jusqu'à ce qu'il ne me soit plus possible de le faire et je me suis assis au sol. Je me laissais avaler par la fraîcheur et l'odeur sale du lieu. J'ai regardé à droite puis à gauche et comme personne ne se trouvait là, comme miraculeusement, je me suis dis que je pourrais enfin trouver la paix. Je me suis recroqueville sur moi même, j'ai posé ma tête sur mes genoux et je me suis laissé emporter par le courant de mes larmes.

- Hey ?

Je n'ai pas bougé. Je n'ai pas répondu. Je voulais être seul, pourquoi encore venir me déranger ? On m'a brusquement tirer par le bras, et cette personne qui était un homme m'a relevé d'un coup sec. Je n'ai pas fais mon poids lourd pour rester par terre car même si je le voulais c'était peine perdu, cependant je me suis débattu. Mais l'homme a insisté et dans un élan de désespoir j'ai déjeté mon regard brûlant de haine sur lui. Et ma haine n'a fait qu'augmenter.

- Qu'est ce que tu fous ici ? Je lui ai crié dessus. Tu me veux quoi ? T'en as pas fais assez ? Fallait que tu viennes en plus ? Pourquoi tu n'es pas venu plus tôt ? Ou pourquoi tu es partis tout simplement ?

Quand il s'est assuré de m'avoir bien mit en sécurité et qu'il n'y est plus de risque que je retourne sur les rails, il a commencé à me parler.

- Tu n'as pas le droit. Il m'a dit faiblement.

J'ai amèrement rigolé. D'abord doucement, puis ça s'est transformé en un fou rire. Je sentais la clope, j'avais sans doute absorbé l'odeur de quelques drogues et je puais l'alcool à des kilomètres à la ronde. C'est pathétique a quel point je me suis laissé tomber dans tout ça.

- Si je veux me foutre en l'air, je le ferais. Ce n'est certainement pas toi qui va m'en empêcher Harry. Parce que si moi je n'ai pas le droit, toi non plus. T'avais pas le droit de partir, de me laisser comme ca, de m'ignorer. De me regarder comme si je n'avais jamais eu d'importance pour toi. J'ai repris alors que des sanglots soulevaient ma poitrine. Pourquoi tu m'as laissé ? Pourquoi ? Sais tu seulement combien je t'aimais au moins ? J'ai dis en fondant en larme dans ses bras. Je ne t'aurais jamais laissé. Moi, je t'aurais aimé jusqu'à ce que tu meurs d'une surdose d'amour. Pas jusqu'à ce que je meurs d'une surdose de pilules périmées.

Il n'a rien dit. Il m'a juste regardé quelques secondes avant de se relever et de partir sans un mot, sans un regard. J'aurais voulu crier ton prénom pour que tu te retournes, que tu me regardes tristement en comprenant que tu perdais quelqu'un qui t'aimais vraiment avec un petit sourire amer en repensant au passé. Mais je n'ai rien fais. Mon cris est resté coincé au fond de ma gorge et je t'ai regardé partir, sans bouger. C'était sans doute trop tard.

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