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Marre d'être en bas, loin des étoiles.  

Avoir le coeur brisé est un fait

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Avoir le coeur brisé est un fait. Briser celui des autres en est un autre. Je ne saurais jamais dire ce qui est le plus douloureux. Ce que je sais c'est que je tiens plus à Harry qu'à moi même alors savoir que je lui brisais le coeur était insupportable. Quand on aime trop éperdument, on se retrouve pris au piège de nos sentiments et ça devient très vite dévastateur.

Je tentais de rentrer chez moi, comme je pouvais. A travers les rues sombres, ma vue brouillée, mon coeur en miette. Je sentais mon coeur battre puissamment dans ma boîte crânienne et un étourdissement traversa mon corps me faisant vaciller. Ma respiration était saccadée et mon coeur battait à tout rompre. C'était insupportable. Je peinais a reprendre une respiration normale. Des nausées me prirent et ma vue était suffisamment floue pour que je distingue à peine les composants de la rue. Au loin, j'entendais une voiture arriver. Je me suis frotté les yeux pour mieux voir la route. La voiture se rapprochait de mon emplacement à une vitesse pressée. Inconsciemment je traversais la route. J'entendais la voiture arriver, mais je ne bougeais pas. Je restais planté en plein milieu. Je savais que la voiture arrivait beaucoup trop vite pour s'arrêter à temps. La scène est passée comme au ralentie. Un klaxon, des phares, des cris. Et puis moi, au milieu de la route. C'était peut être ma chance finalement, de partir d'ici. Ça ne serait ni réellement un accident, ni vraiment un suicide. Et puis la voiture avait fini par arriver. Je suis passé sur le capot, je crois, avant d'être retombé lourdement sur le sol.  Ma tête à rebondit sur le goudron et puis plus rien. Le néant.
Cet instant de répit n'a pas duré longtemps. Seulement quelques secondes. J'étais secoué par un homme apparemment paniqué. Doucement j'ouvrais les yeux, effort accompagné par un gémissement. Mon dos était douloureux. Non, en réalité tout mon corps était douloureux. Tout devenait plus clair devant moi, mais de grosses larmes coulaient le long de mes joues.

- Niall... Niall ? Tu m'entends ? Demandait une voix que je connaissais bien.

Cette personne me tenait fermement me faisant gémir de nouveau face à la douleur que sa poigne propageait dans mon corps étendu minablement au milieu de la route sous les feux aveuglants du véhicule.

- Pourquoi tu n'as pas bougé ? Il a crié. Qu'est ce qui s'est passé ? Putain c'est pas possible. Il se passe quoi dans ta tête en ce moment ? Criait la voix roque, remplie d'émotions.

- Tu me fais mal à la main, Greg. Je murmurais.

Il a lâché ma main pour placer les deux siennes sur mes joues.

- Pourquoi tu n'as pas bougé ? Il m'a demandé les yeux larmoyants.

Je suis resté silencieux et doucement il m'a aidé à me lever et monter dans la voiture. Mais l'angoisse qui m'avait abandonnée le temps de l'accident, reprit de plus belle et ma respiration se faisait de plus en plus irrégulière, les larmes plus nombreuses, les sanglots plus forts. Ajouté à cela, ma douleur. Je n'étais qu'un bon à rien. Rien de ce que j'entreprenais ne réussissait. En arrivant, je suis sortis en trombe de la voiture et je suis monté en courant, malgré la douleur et ma difficulté à respirer. Mon frère m'avait rattrapé dans le couloir, à l'étage, sans trop d'effort. Il a attrapé mes mains et j'ai tenté de me défaire de son emprise. Je bougeais dans tous les sens, je commençais à lui crier dessus. Mais il ne m'écoutait pas et continuait de me tenir. D'une façon incompréhensible, je me suis retrouvé face au mur à me cogner dedans. Je ne contrôlais plus mon corps. Je voulais arrêter de me faire du mal, car ça me causait des douleurs encore plus fortes suite à l'accident, mais je n'y arrivait pas. Il y avait comme une force en moi qui m'obligeait à agir comme tel. Mon frère a coincé mon corps avec le sien, et avec sa force supérieure à la mienne, il m'a fait m'asseoir. Intérieurement je paniquais car je ne savais pas qu'elles seraient les conséquences de tout ça. Je ventilais et je pleurais. Je tremblais dans les bras de mon aîné. Il tentait de me calmer, de rester calme lui aussi mais je crois qu'il avait peur, autant que moi. Il ne faisait que répéter les mêmes choses, mais mon esprit refusait de comprendre ce qu'il me disait. J'ai entendu une porte s'ouvrir et ma mère s'est approchée de nous dans son peignoir bleu et le visage fatigué. En la voyant je me suis mis a respirer encore plus irrégulièrement.

- Qu'est ce qui se passe Greg ? Elle a demandé, la peur la ravageant.

Greg n'a pas répondu et tentait de continuer de me calmer, mais je n'y parvenais pas. Cependant, je sentais doucement mes yeux se fermer. Et j'ai commencé à avoir encore plus peur car c'était incontrôlable. Je voulais rester éveillé mais mon cerveau en décidait autrement.

- J'ai froid Greg, j'ai sangloté.

Il a difficilement avalé sa salive et un voile supplémentaire de panique est apparu dans ses yeux qui se sont ouverts en grands.

- Appelle une ambulance maman, vite ! Il a dit rapidement.

Je crois que peu de temps après je me suis endormis. Lorsque mes yeux se sont de nouveau ouverts, j'étais pris en charge par des médecins, toujours couché dans le couloir de ma maison.

- De quoi sont dues toutes les blessures ? A demandé une ambulancière à mon frère.

- Il s'est jeté sous ma voiture avant que je le ramène ici. Il a dit tremblant.

La femme s'est approchée de moi, a caressé ma joue tendis qu'un homme prenait ma tension.

- Pourquoi as-tu fais ça ? Elle m'a demandé d'une voix douce, assez réconfortante.

J'ai parlé dans ma barbe, disant quelque chose que je n'ai moi même pas compris. Puis j'ai éclaircit ma gorge comme je pouvais.

- Je voulais voir ce que ça faisait. J'ai dis faiblement.

Puis ils m'ont embarqué dans le camion. Après avoir été soigné convenablement, je me suis retrouvé dans le bureau d'un psychiatre. Il a beaucoup parlé. Plus que moi en tout cas. J'ai tenté d'être le plus coopératif que je pouvais, comme Harry m'avait demandé un jour. Cette pensé me remémorait que je n'avais absolument pas pensé à lui après l'accident.

- Que s'est-il réellement passé dans ta tête ? M'a demandé le médecin sachant déjà ce qui s'était passé.

- Je ne...

- Arrête de te cacher derrière une formule toute prête que tu dis chaque fois que tu ne veux pas t'expliquer. Nous savons tous les deux que tu sais ce qui s'est passé. Il m'a coupé gentiment.

J'ai pris quelques secondes pour réfléchir à mes mots puis j'ai commencé à répondre pour de vrai.

- Sur le coup, ça m'a semblé être la chose à faire. Ça avait l'air d'être facile... Je me suis dis que se serait mieux pour tout le monde. Il n'y aurait plus sur Terre mon égoïsme, à penser qu'il n'y a que moi qui souffre. Je libérerais Harry de ma souffrance. Ça avait l'air si bien, tellement mieux de partir. C'est ce que j'ai toujours voulu en fait et... et....

De grosses larmes dévalaient le long de mes joues. Je tentais de reprendre mon calme et le médecin se montrait patient et compréhensif avec moi.

- Prends ton temps, il m'a dit.

J'ai respiré un grand coup.

- Le problème c'est que je suis un bon à rien. Même mon suicide je l'ai raté.


Autodestruction | NARRY |Where stories live. Discover now