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 N'oubliez jamais, même les déchets remontent à la surface.

 N'oubliez jamais, même les déchets remontent à la surface

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En cette nuit Londonienne, rien ne semblait avoir changé. Les restaurants étaient remplis, les cinémas bondés. Les parcs étaient occupés par des sans abris, les salons abondaient de jeunes alcoolisés et la lune remplissait les cœurs. La vie suivait son cours tandis que la mienne venait de s'écrouler. Et en parcourant les rues de Londres, le cœur écorché et les yeux troubles, je m'en rendais bien compte, que rien n'avait changé. Si ma vie venait de s'écrouler, de s'achever d'un coup, de s'anéantir si soudainement, celle des autres se poursuivait doucement, sans aucune interruption. J'avais envie de cogner à toutes les portes, d'appuyer sur les sonnettes des immeubles, d'arrêter toutes les voitures, de hurler ma douleur. J'avais envie de crier au secours une dernière fois, demander de l'aide, n'importe laquelle d'ailleurs. J'avais besoin d'une épaule sur laquelle pleurer, d'une oreille pour m'écouter, d'un cœur pour me comprendre. Je voulais qu'on m'entende, qu'on perçoive mon cri silencieux pour une fois. A tous ces gens qui vivaient tranquillement, je voulais leur dire que j'avais envie de mourir, que j'avais besoin d'aide, vraiment. Mais j'étais immobile, paralysé. Je n'étais plus capable de rien hormis marcher jusqu'à un lieu que je ne connaissais même pas en regardant les nuages. Eux aussi poursuivaient leur trajectoire. Je fumais ma troisième cigarette qui provenait d'un paquet déjà entamé que j'avais récupéré à la soirée, avec dégoût. Se détruire à petit feu. C'est exactement ce que je vivais. Je me détruit à petit feux jusqu'à ce que je finisse entièrement cendre.
Je regardais mon portable constamment, comme s'il allait revenir, m'envoyer un message pour me dire qu'en fait il ne voulait pas que ça se finisse, qu'il m'aimait encore. Que je lui manquais. Mais rien, l'écran était vide, comme moi. Même plus de photo en arrière plan. Rien. Du noir. Je le savais, c'était fini, terminé, plié, balayé. Je le savais mais ne voulais pas y penser. Comment j'allais m'en sortir seul ? Le cœur mort et méprisant. Les yeux vides et dérisoires. Je n'étais déjà personne. Était-il possible de devenir encore moins que rien ? J'étais détruit. Mort. Je dépendais réellement de lui. Le temps était épais, les secondes écrasantes. Les minutes avaient du mal à passer. J'avais du mal à respirer. J'aurais aimé lui dire que je n'avais plus peur, mais ces mots auraient sonnés faux.

Je me retrouvais encore à pleurer en écoutant une de ses chansons préférées couché dans l'herbe au bord de ce lac que je connaissais bien. Je ne l'aimais même pas cette chanson. Je ne sais pas ce qu'il lui trouve mais je ne peux pas m'arrêter de l'écouter. Comme si elle me permettait de me rapprocher de lui d'une façon ou d'une autre. Mais elle ne faisait que de me rendre encore plus triste, et me faire verser encore plus de larmes. Je la détestais et, comme si elle le faisait exprès, elle restait ancrée dans ma tête. C'était insupportable. Tu étais insupportable. Et je me hais de t'aimer autant. Mais je te déteste aussi. Je te déteste parce que je te donne trop d'importance. Je te déteste parce que tu es capable de me faire pleurer pour un rien. Je te déteste parce que finalement je suis incapable de vraiment te détester. Personne ne comptait pour moi. Je pouvais partir sans avoir peur de décevoir qui que se soit. Et puis je t'ai rencontré, toi. T'étais différent, ça m'a fait peur, j'ai tout gâché. En réalité, j'avais juste peur qu'un jour tout s'arrête. Peur de te perdre. Perdre la chaleur de tes bras autour de mon corps et ton sourire lorsque tu me regardais. Peur de perdre ton regard et tes attentions. Perdre tes mots, tes lèvres et surtout nous. Et c'est cette peur de te perdre qui a fait que je t'ai perdu. On vous dit toujours que la perte d'un être vous laisse avec une peine immense, mais on ne vous dit jamais qu'elle vous laisse aussi avec des dizaines de questions, qui ne trouveront jamais de réponses. Des centaines de larmes, qui ne trouveront pas de doigts pour les essuyer. Des milliers de sentiments, qui ne trouveront pas d'oreilles pour être exprimés. Une infinité de rencontres, qui ne remplaceront jamais celle qu'on a perdue. Je me suis souvent demandé ce qui se passera quand il m'aura abandonné. Quand il aura comprit que finalement c'est trop difficile de m'aimer. J'avais déjà compris que ça créerait en moi cette chose atroce que cette terrible envie de disparaître. Mais je ne pensais pas que ça serait aussi extrême. Autant insoutenable.
Et je le déteste pour ça aussi.
C'est étrange de penser qu'on peux tomber amoureux et ne plus s'aimer, que l'amour peut se transformer en haine, et que se sont les gens qui vous on le plus aimé qui vous feront le plus de mal... Pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître, c'est réel. Non c'est fini, je ne m'attache plus. J'ai compris que c'était voué à l'échec, qu'on avait beau se balancer des paroles pleines de vérités, l'amour finirait toujours par s'éteindre.
J'ai toujours cru qu'on brillerait plus longtemps que certains. Mais non. C'était faux. Je me suis trompé. Comme toujours. Parce que l'amour ce n'est pas mathématique. C'est tout simplement incontrôlable. Et désormais, après avoir vécu ce que c'était que l'amour. Le véritable amour. Maintenant que je sais ce que c'est que recevoir de l'amour. Du véritable amour. Maintenant que je sais que ce véritable amour est perdu rien que par ma faute. Que tout ceci n'est qu'un enchaînement d'événements que j'ai causé. Que l'amour que je continue de donné mais que j'ai perdu rien que par ma faute. Que je suis incapable de garder ce que j'aime et que tout finis par me couler entre les doigts. A cause de moi. Seulement moi. Je me sens comme un déchet.

- Tu te sens comme un detritus, une ordure qui n'a pas sa place dans ce monde. Mais c'est faux. Tu as l'impression d'avoir les os liquides et le coeur gazeux. Que plus rien ne tient en place en toi. Tu pleures encore les mêmes larmes et tu fumes plus de choses. Encore et toujours ces larmes que tu te surprends a laisser tomber sur une énième cigarette qui se consume et qui finit par s'éteindre. Tu essayes de sourire mais il n'y a même plus cette couleur de joie. Tu te sens vide. Alors tu te fais saigner pour t'assurer qu'il y a encore quelque chose en toi. Tu te sens trop plein. Alors tu te fais saigner pour évacuer ce trop plein de sentiments. Et puis tu te rends compte que ce n'est jamais assez. William, qui se tenait debout face à moi relève ses manches pour laisser apparaître ses bras parsemés de cicatrices similaires aux miennes. Harry a été pour moi, comme pour toi aussi sauveur que destructeur. J'ai pleuré dans mon lit, sous la douche. Même dans les chiotte. J'ai même finis par pleurer devant les autres. C'était moche, c'était pas beau. Il n'y a que les écrivains qui tendent les larmes belles. J'avais envie de mourir parce que je me sentais comme un déchet qui polluait cette planète.


Autodestruction | NARRY |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant