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" Quand on ne sait pas, on a peur. "


- Harry... J'ai peur. J'ai dis, hésitant.

- De quoi tu as peur ? Il m'a demandé en se retournant vers moi.

- Je sais pas. C'est venue comme ça. Et je peux plus m'arrêter d'avoir peur. J'ai tout le temps peur.

Harry est venu s'assoir près de moi. Il a soulevé mon tee-shirt et m'a demandé silencieusement s'il pouvait touché. J'ai hoché la tête et l'ai laissé caresser mes cicatrices. Je l'ai vu un peu grimacer, mais il n'a rien dit.

- Ne t'en fais pas, je vais bien. J'ai essayé de le rassurer.

- Quand même Niall ! Ça doit faire un mal abominable ! Et puis je ne pense pas qu'on va réellement bien quand on fait des choses pareilles.

- Ca ne fait pas si mal, et puis ce n'est pas ça qui compte. Le plus important c'est que je me sens mieux après. Ça me soulage. Quand je me sens mal, ça me soulage. C'est comme ça que j'extériorise. C'est ma façon à moi.

- Tu te sens souvent mal ?

- Ça dépend, j'ai répondu.

- Et là?

- Avec toi je ne me sens jamais mal Harry.

Il m'a serré dans ses bras et nous avons passé la journée à parler.

- Niall, pourquoi tu ne sais jamais ?

- Je sais pas.

Il a fait les gros yeux, et j'ai un peu rigolé.

- Je fais pas exprès, je te jure. C'est bizarre je sais, mais je t'avais déjà expliqué Harry, dire les choses, ça me fait flipper. Je ne sais jamais ce que je pense. J'ai toujours l'impression d'être partagé entre deux idées. Je ne sais jamais ce que je ressens. Je ne sais jamais ce que je dois décider ou choisir. Ça m'angoisse de devoir faire des choix. J'ai toujours l'impression qu'on va me regarder avec des gros yeux, qu'on va se moquer de moi ou me faire regretter. Quoi que je fasse. J'ai beau réfléchir je ne sais pas qui je suis, ni qui j'aimerais être. J'ai beau chercher il n'y a rien qui me motive. Pas de projet, pas de but. Je n'arrive pas à imaginer un avenir, mon avenir. Ça me fait peur tout ça. Alors je préfère ne pas savoir que de me prendre la réalité dans la gueule.

Il a approché son visage du mien et m'a embrassé. Je l'ai laissé m'allonger sur son lit et son bassin s'est balancé contre le mien me faisant arquer le dos. J'ai dis son prénom, en le gémissant presque et ça a fait vibrer nos langues.

Lorsqu'elle est rentrée, la mère d'Harry lui a dit que son père ne pourrait pas allez voir un match de football avec lui. Harry était très déçu et l'a donc appelé. Il a calmement écouté les explications de son père et donné son point de vue. Il ne s'est pas énervé et n'a pas non plus pleuré comme je l'aurais fais. Moi j'aurais pleuré toutes les larmes de mon corps que mon père me dise ça. Mais de toute façon, je n'ai déjà plus le droit, ni de voir mon père, ni de sortir, alors ça ne risquait pas de m'arriver.
Harry avait dit ce qu'il pensait et ce qu'il ressentait, sans problème. Il était à l'aise avec ça. Jamais honte de rien. Il prend chaque pensées de l'autres, donne les siennes, il a l'air heureux.

- J'aime pas faire semblant. Si ça me plait ou que ça me blesse, je le dis. Tu peux en être sur. Il m'avait dit.

J'aimerais être comme lui. Capable d'oser, sans problème. Ne jamais réfléchir, avoir peur, être embarrassé, craindre. Moi, je bouillonne sans arrêt. Ca ne s'arrête jamais dans ma tête. Je pleure tout le temps. J'évacue, mais j'ai toujours mal. C'est devenue une légende dans la famille, que je pleure. Une histoire incontournable, dans les réunions familiales. Un mythe qu'ils ne cessent d'évoquer, pour que personne n'oublie. Que je suis une pleurnicheuse, une fillette. A chaque réunion de familles ressortent les vieux dossiers. Tout le monde les connait par coeur, mais, comme si ça faisait plaisir à chaque individu, ils s'amusent à se les remémorer. Pas tous, sinon on n'en finirait jamais. Seulement les plus gênant, les plus stupides. Et c'est ce qui allait encore ce passer ce soir là, puisque je devais rentrer chez moi spécialement pour aller les voir.

- Vous vous souvenez lorsque le maître de Niallaëlle nous a téléphoné pour venir le chercher car ça faisait des heures et des heures qu'il ne cessait de pleurer, depuis qu'il leur avait dit qu'un jour le soleil s'éteindrait ! Rit mon beau-père.

- Quel âge avait-il déjà ? Rit d'avance l'une de mes tantes, connaissant parfaitement la réponse.

- Presque treize ans ! Se moque parfois mon frère, d'autre il le dit sur un ton ennuyé.

- Oh et puis l'année dernière ! Hausse la voix de mon beau père, de nouveau, histoire d'en rajouter. Il s'est même pissé dessus tellement il avait eu peur, lorsqu'il a vu deux types se taper dessus dans une rue ! Il a eu la peur de sa vie le gamin ! Dès que tu lèves un peu la voix, il flippe et se met à chialer ! Et ma collection d'arme, même pas il l'approche ! A croire qu'elle va lui sauter à la figure ! Rit-il de plus belle.

Après ils m'oublient un peu, débattant sur ce que font les jeunes normaux de mon âge.

Les entendre rires de moi faisait un mal incroyable. Des fois j'ai mal à en crever, sans réelle raison. Mais, paradoxalement, j'ai pas vraiment envie que ça s'arrête. Parce que si je perds ma douleur, c'est le vide. Il n'y a plus rien du tout. Alors j'ai mal, je pleur, mais dans un sens ça me console. Il y a en moi, un paradoxe inégalable. Quelque chose qui fait que je ne fonctionne pas comme le reste du monde. Comme un jouet mal monté, un chargeur mal branché, une articulation mal formée. Je ne fonctionne pas dans le bon sens, pas comme le reste du monde. Pas comme je devrais fonctionner. Pleurer me console. Me blesser me fait du bien. N'être personne m'arrange et être quelqu'un ce n'est pas moi. Et, à force d'être un paradoxe, à force de ne pas être conforme, à force d'être cet individu inclassable et pourtant catégorisé avec ces inconformes, je suis fatigué. Fatigué de me battre pour rien, fatigué d'avancer sans savoir où aller. Fatigué de ne pas être capable de dire ce que je ressens, de tout garder pour moi et de ressentir sans cesse cette sensation abominable d'être brûlé de l'intérieur, d'être anéanti sans avoir le contrôle de quoi que se soit. Parce que ce qui se passe en moi, n'est que le résultat d'un combat perdu contre les autres. Les autres, les gens, les personnes qui nous entourent, que l'on croise dans la rue, à l'école ou chez sois ne sont qu'un combat constant. Une lutte éternelle contre laquelle on sait d'avance qu'on à peu de chance de gagner, pourtant on s'use tout de même à utiliser le peu de force que nous avons pour les combattre. Et pour moi ce fût, sans surprise un combat perdu. Et je déteste cette sensation en moi, qui me rappelle à chaque instant que je ne suis rien, que le vague trophée pour ces monstre assoiffés de voir la douleur dans les yeux d'autrui. Alors quitte à choisir, je préfère m'autodétruire plutôt qu'assister à ma destruction gouvernée par ceux qui m'entourent.

Autodestruction | NARRY |Where stories live. Discover now