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Quand le docteur est revenu dans la pièce retrouver son téléphone portable, je m'étais assis en boule par terre dans un coin de la pièce et je pleurais

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Quand le docteur est revenu dans la pièce retrouver son téléphone portable, je m'étais assis en boule par terre dans un coin de la pièce et je pleurais. Il est venu s'asseoir à côté de moi, lui aussi au sol, sans même prendre une chaise. J'ai ris amèrement parce que j'avais pitié de lui. Pitié qu'il s'abaisse à mon niveau. Il a attendu que je me calme, puis m'a tendu un mouchoir. Le silence à duré longtemps si l'on ignorait les hoquets puérils qui sortaient de ma bouche.

- Niallaëlle, il y a quelque chose que je peux faire pour toi ?

J'ai pivoté la tête avant de prendre la parole.

- Non. J'ai soufflé.

- Tu sais, parfois, rien que de parler ça arrange les choses. Ça peut débloquer un problème qu'on pensait insurmontable.

- Je n'ai pas de problème. J'ai dis.

Il n'a rien répondu.

- Je suis inquiet pour toi. Vraiment. Il a dit, la voix enroué, comme s'il allait se mettre à pleurer.

J'ai tourné la tête vers lui et j'ai vu des larmes aux bords de ses yeux tandis qu'il se battait pour ne pas les laisser couler.

-  Vous savez, parfois, rien que de parler ça arrange les choses. Ça peut débloquer un problème qu'on pensait insurmontable. J'ai dis, prenant soin de répéter ses mots.

Il y a eu un long silence avant qu'il ne prenne la parole.

- Tu me fais penser à mon frère, c'est tout. Il a soupiré alors qu'une larme se faisait un chemin le long de son visage. Mon grand frère était comme toi. Il aimait les piercings, les tatouages, le maquillage. C'était un punk comme disaient mes parents. Ses yeux étaient toujours cachés par une mèche. Son corps était très maigre. Il était anorexique apparemment. Il refusait de manger, se trouvant toujours trop gros. Et puis un jour, il était trop maigre pour continuer à aller bien. C'est ce qui nous l'a enlevé. J'ai aussi appris, plus tard, qu'il se scarifiait pour faire évacuer sa douleur, comme grand nombre d'adolescents.  Tu me fais beaucoup trop pensé à mon frère, je ne veux pas te voir partir, ça serait comme le perdre une seconde fois.

Je n'ai rien dis. J'avais juste écouté mon médecin me raconter son histoire. J'avais compris qu'il avait vu mes coupures et qu'il pensait que j'étais trop maigre, lui aussi.

- Moi aussi j'ai perdu mon frère. Mon frère jumeau. On avait treize ans.

Je n'ai rien dis, laissant cette histoire derrière moi.

- Appelez moi Niall, s'il vous plait. Les gens qui m'aiment m'appellent comme ça. J'ai dis.

Il a hoché la tête et s'est relevé en s'essuyant les joues. Il a reprit mon dossier en main et s'est de nouveau adressé à moi.

- Tu es très anémié, Niall. Il a fallu te faire une transfusion. Tu sais ce que c'est ?

J'ai hoché la tête et ai expliqué avec mes mots pour lui prouver que je savais de quoi il parlait.

- Oui, c'est quand on injecte du sang dans le corps.

- On a aussi examiné tes scarifications et soigné quelques unes d'entres elles. Ca fait longtemps que tu t'en fais ?

Je n'ai rien répondu, j'avais juste l'impression de tomber d'une très haute falaise, si rapidement que ça m'en coupait la respiration.

- Est-ce que tu sais ce qui les déclenche ?

Mon manque d'air ne m'aidait en rien pour retenir mes larmes, et doucement, silencieusement, elles se remirent à couler.

- Tu as besoin d'aide, Niall. Il a dit doucement. Tu es jeune, il a ajouté, il faut que tu prennent soin de toi, d'accord ? J'ai hoché la tête et il a commencé à se diriger vers la porte avant de se retourner vers moi. Tu es sur que tu ne veux rien dire ?

Il avait l'air vraiment inquiet pour moi alors j'aurais voulu lui dire que je ne me sens pas bien dans ce monde, que jamais je me sentais comme il faut. Des fois trop, des fois pas assez. J'aurais voulu lui dire que je ne suis pas une bonne personne, juste un déchet. Un mauvais livre ni attirant par sa couverture, ni attirant par son contenu. J'aurais aimé lui dire ce qui se passait réellement dans ma tête derrière tout ça, mais moi même je ne sais pas. J'aurais aimé lui dire combien je me sens mal dans ma peau. Combien c'est compliquer de s'aimer soi-même quand il y a une infinité de choses qu'on se reproche. Je crois que j'étais même sur le point de lui dire mais j'ai réalisé qu'au fond, je ne savais même pas quoi dire en réalité. Alors j'ai avalé ma salive et j'ai dis que non, ça allait aller. Et il est partit, me laissant là avec tous les mots que je n'ai pas dis.

Autodestruction | NARRY |Where stories live. Discover now