Chapitre 37: Lâcher prise

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Lisa se réveille en sursaut et se redresse. Le front humide et la respiration haletante, elle observe son environnement et constate qu'elle se trouve bien dans le salon et non pas enfermée dans la cave. Elle soupire en fermant les yeux. Ce n'était qu'un cauchemar. Pourtant, elle s'y croirait encore. Sa jambe prisonnière de la chaîne, le foulard sur ses yeux, qui la plonge dans le noir le plus total et surtout, l'odeur abjecte du détective, qui est encore très présente. Elle est prise d'un haut-le-cœur lorsqu'elle réalise que ce sont ses vêtements qui en sont encore imprégnés. La jeune femme attrape l'extrémité de son pull qu'elle fait passer par-dessus sa tête, pour s'en débarrasser. Elle le lance à travers la pièce avec rage. Cela ne suffit pas, le parfum de Konrad lui prend encore à la gorge.

Lisa se lève et regagne sa chambre. Dans la salle de bain, elle se déleste de ses habits et se glisse sous la douche. Elle se frotte ardemment de la tête aux pieds, alors que le récit de Will tourne en boucle dans sa tête. Le robinet ouvert, l'eau fraîche tombe sur ses cheveux, glisse sur son visage, puis le long de son corps. Le contact du liquide glacial avec sa peau lui coupe le souffle. Elle suffoque, le temps que son corps s'adapte. Ce choc thermique a le mérite d'anesthésier également ses pensées. Elle laisse encore couler l'eau une bonne minute avant de se réfugier dans un peignoir. Lisa éponge ses cheveux à l'aide d'une serviette. Elle se badigeonne ensuite de crème hydratante et d'eau de toilette. Tout ce qui peut l'aider à masquer une éventuelle trace persistante du parfum de Konrad.

Il est plus de dix-neuf heures trente quand elle revient dans la chambre. Elle revêt un T-shirt et un pantalon de pyjama, puis se jette dans son lit pour étouffer un cri dans l'oreiller. Elle ne peut s'empêcher de repenser à Will et à ce qu'il lui a fait. Elle tourne sur le dos et entend la voix de James qui lui parvient depuis le bout du couloir. L'état de ce dernier lui revient à l'esprit. Peut-être qu'il se sent mal ou qu'il a besoin d'aide. Elle se lève à la hâte.

Dans la pénombre, elle aperçoit la lumière sur le sol qui lui indique que la porte de la chambre de James est ouverte. Sa voix résonne encore, mais ce ne sont pas des appels à l'aide, il semble s'entretenir au téléphone. Lisa avance jusqu'à la porte et glisse un œil discret à travers l'entrebâillement. Debout devant son bureau, James lui tourne le dos et ne remarque pas sa présence.

- Oui, on fait comme ça. Très bien, je te remercie Larry. Oui à bientôt.

Sa conversation terminée, il pose le téléphone sur le bureau. Lisa frappe deux coups contre la porte, pour se signaler. James se retourne, apparemment surpris de la voir là.

- Tu n'étais pas censé te reposer ? lance-t-elle d'une voix douce en s'appuyant contre le chambranle.

Il lui sourit, puis écarte les bras, paumes de mains vers le haut.

- Je vais très bien comme tu peux le voir.

Un silence s'installe. Alors qu'elle observe James, Lisa se remémore leurs différents échanges. La haine qu'elle éprouvait à son égard lors de leurs tout premiers contacts épistolaires. La peur qui l'habitait lors de leur premier face à face. Sans oublier la confusion qui la perturbait en découvrant sa personnalité, mois après mois. James rompt le silence.

- Comment tu te sens, toi ?

Lisa ne saurait quoi répondre à cette question. Trop de sentiments la submergent en ce moment, il lui est impossible de les dissocier pour les nommer. Elle se contente de hausser les épaules.

- Will m'a tout raconté.

- C'est ce qu'il m'a dit.

- Tu lui as parlé ?

- Oui, j'étais avec lui tout à l'heure. Votre discussion l'a beaucoup chamboulé, il a eu du mal à se calmer, mais il a fini par s'endormir, il n'y a pas longtemps.

Celle que je veuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant