Chapitre 23: Une branche

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James sort un grand saladier du placard et le pose sur le plan de travail puis déchire précautionneusement le paquet fumant et transvase le pop-corn d'un contenant à l'autre. Il ouvre le frigo à la recherche de boisson et sort la brique de lait, une bouteille de soda et une bouteille de jus de fruit. Derrière lui, les voix de Will et Lisa résonnent. Il pose les boissons sur le plan de travail et les observe. Ils sourient tous les deux et discutent joyeusement autour de cette pochette DVD. Leurs regards, leurs rires, il est content de voir cette complicité qui transpire dans leurs échanges. James sourit tristement. Malgré un départ dramatique, il est évident que le lien reste très fort entre ces deux-là. Il lui tarde que Will se décide enfin à parler.

Ils gloussent de plus belle puis Lisa sort deux disques de la pochette et la referme dans un claquement sourd.

Will se lève et après un clin d'œil à son père, il part en courant dans le couloir. Les sourcils froncés, James se demande où il va. Lorsqu'il tourne les yeux vers Lisa, il remarque le regard bleu de celle-ci posé sur lui. Elle lui sourit, il lui sourit en retour et repart dans les placards à la recherche d'autres choses à grignoter. Il trouve un paquet de chips mexicaines qu'il pose devant et tend la main pour attraper la sauce qui va avec.

— Besoin d'aide ?

La voix claire et si proche de Lisa le surprend, si bien qu'il se redresse un peu trop vite et l'arrière de sa tête vient heurter la porte du placard.

— Oh, est-ce que ça va ?

James porte la main sur son crâne et se retourne. Lisa est là juste derrière lui, le regard à la fois inquiet et amusé, une main sur la bouche. Main qui tente vainement de masquer ses ricanements. L'homme frotte doucement la zone d'impact qui n'est d'ailleurs pas si douloureuse.

— Je suis désolée.

— Ça va, rien de grave.

— Attendez, ordonne-t-elle.

Elle s'élance dans la pièce, ouvre le congélateur et récupère une poche de glace. James lève la main en secouant la tête.

— Non, non ce n'est pas utile je t'assure, ce n'est rien.

— Je me sens coupable donc si je peux au moins vous éviter une bosse.

Face à la détermination qu'il peut lire dans son regard, James ne peut que capituler. Il tend la main et attend qu'elle lui donne la glace, mais elle n'en fait rien. A la place elle se rapproche de lui et vient planter son regard dans le sien.

— Laissez-moi faire, souffle-t-elle.

Lentement, il se retourne. Il sent ensuite sa main droite se poser délicatement sur son épaule droite, puis avec tout autant de douceur, elle plaque la poche de glace sur l'arrière de sa tête. C'est un énorme contraste de sensation, la douceur et la chaleur de sa main sur son épaule et le froid glacial qui pénètre sa peau pour soulager sa douleur. Pour couronner le tout, son souffle chaud qui glisse sur sa nuque au rythme de sa respiration.

Ni l'un ni l'autre ne remarquent l'arrivée de Will dans le couloir. En voyant cette scène, l'adolescent s'arrête et les observe discrètement en souriant puis fait marche arrière et disparaît à nouveau.

— Est-ce que ça va mieux ?

— Oui, merci, répond James en se dégageant doucement.

— De rien.

Elle part ranger la poche, il la regarde faire, elle se retourne et revient vers lui en le fixant, l'air toujours un peu amusé. Il soutient son regard, un regard qui le déstabilise quelque peu. Jusqu'ici, dès qu'ils se retrouvaient seuls, le malaise de Lisa était palpable mais depuis qu'elle est descendue tout à l'heure, cela ne semble pas la déranger pour un sou. Bien au contraire, on dirait même qu'elle y prend plaisir. Rien ne l'obligeait à le rejoindre dans la cuisine, tout comme rien ne l'obligeait à soigner elle-même sa pseudo-blessure.

Celle que je veuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant