Chapitre 30: Rien qu'une raison

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Jour #140

Il est plus de dix-neuf heures ce vendredi soir, lorsque James rentre enfin. Il a passé une bonne partie de l'après-midi à couper du bois et à mettre de l'ordre dans le cabanon. Il ôte son manteau et l'accroche au portant. Sur la face interne de l'encolure, il remarque un long cheveu blond, dont il n'a aucun mal à deviner la provenance. Il soupire et change de chaussures, avant de se rendre à la cuisine pour se laver les mains. L'eau tiède sur ses doigts gelés lui fait un bien fou. Il sort une bière du frigo et s'apprête à l'ouvrir lorsque Will fait irruption, l'air inquiet.

— Tout va bien ?

— Bah j'sais pas trop, Lisa a encore pas voulu descendre ce soir. Elle dit qu'elle est fatiguée et préfère se reposer.

James comprend que Lisa cherche à l'éviter tout autant que lui, depuis hier. Il est temps qu'il aille lui parler. Il retourne au frigo remettre la bière à sa place.

— Tu as mangé ?

— Oui avec Lisa tout à l'heure. Je voulais qu'elle descende pour qu'on regarde un film, mais elle m'a dit qu'elle allait prendre sa douche et se coucher.

— OK, tu devrais en faire de même.

— Me coucher !? s'étonne le garçon outré.

James regarde sa montre, il conçoit qu'il est un peu tôt.

— OK... hum, peut-être que tu pourrais monter regarder le film dans ta chambre.

— Tout seul ? C'est pas drôle. Tu ne veux pas le regarder avec moi, toi ?

— Moi ? Je... je vais aller voir si Lisa va bien.

Un grand sourire découvre toutes les dents de Will.

— Dans ce cas, ça me va, je peux le regarder seul mon film.

Il part en reculant vers le couloir et lui lance avant de partir :

— Par contre, papa tu ferais mieux de prendre une douche toi aussi avant d'y aller.

James examine sa tenue. Son pantalon est parsemé de sciure de bois, son pull semble correct. Il lève légèrement le bras et constate qu'il ne sent pas la rose. Will a raison, un passage par la salle de bain est plus que recommandé, de plus, cela laissera plus de temps à Lisa.

Une vingtaine de minutes plus tard, le voilà debout devant la porte de la chambre de la jeune femme, deux bières à la main, à renifler son pull, en se demandant s'il ne s'est pas trop parfumé. Peut-être bien que oui. Il hausse les épaules, prend une profonde inspiration et cogne à la porte. Trois secondes, puis quatre, puis cinq et il entend enfin ses pas se rapprocher, actionner la poignée et ouvrir la porte.

— Quoi encore, Will ? soupire Lisa en levant les yeux au ciel.

Lorsque son regard se pose enfin sur lui, elle écarquille les yeux et fait un pas en arrière.

— Ah... c'est toi, bafouille-t-elle, le regard fuyant.

— Bonsoir, on peut parler ?

Il lève les deux bières, qu'il exhibe tel un laissez-passer. L'air déconcerté, Lisa sourit nerveusement et s'écarte pour le laisser entrer. Debout au milieu de la pièce, il la regarde refermer la porte, d'un geste très lent. Elle se retourne enfin pour lui faire face et il est une fois de plus frappé par sa beauté naturelle. Il la détaille des pieds à la tête, depuis son pantalon de pyjama, qui embrasse ses formes, jusqu'à son visage aux joues rosies, en passant par son t-shirt ample qui laisse deviner ses seins nus. D'une main maladroite, Lisa, visiblement mal à l'aise, réajuste ses cheveux encore humides, puis croise ses bras sur sa poitrine. Ils détournent tous deux le regard, se sachant où poser les yeux.

Celle que je veuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant