Celle que je veux

Chapitre 12: Des mots

Jour #50

– Pourquoi tu refuses de l'ouvrir ? demande Will.

Il est assis en face de Lisa, les coudes posés sur la table, le menton reposant dans les paumes de ses mains. Il est près de 23 heures ce samedi soir et ils viennent de terminer une énième partie de dames gagnée par Will. Cela fait trois jours que la jeune captive a rejoint cette nouvelle chambre et durant chacune de ses visites, le garçon tente de la pousser à ouvrir cette enveloppe qui traine sur la table depuis qu'il l'y a laissée.

Lisa lève sur lui un regard foudroyant et soupire bruyamment avant de se décider à répondre.

– Ce qu'il a à dire ne m'intéresse pas !

Elle commence à ramasser les pions qu'elle range dans la boîte. Will observe ses gestes en silence, puis soupirant à son tour, il s'appuie contre le dossier de sa chaise en croisant les bras, la mine boudeuse. Lisa ne peut s'empêcher de sourire devant son attitude enfantine.

– Tu n'as qu'à la lire toi, si tu veux tellement savoir ce qu'il y dedans !

Will éclate de rire, décroise ses bras qu'il repose sur la table, ses lèvres s'étirant en un sourire malicieux, il se penche et chuchote...

– Pas envie de lire les mots doux que s'échangent mes parents !

Le sourire de Lisa s'efface. « Mes parents »... C'est la première fois qu'il utilise ce terme.

– Will, écoute...

– Non, ne dit rien !

Il pose sa main droite sur l'enveloppe qu'il fait glisser vers Lisa, puis se lève en ramassant le plateau repas qu'il avait apporté.

– Juste lis-là s'il te plait, ça me ferait plaisir et je pense que ça te ferait du bien !

Il s'approche d'elle et dépose un baiser furtif sur sa joue.

– Bonne nuit ! murmure-t-il.

Lisa n'a pas le temps de répondre, que Will a déjà filé hors de la pièce. Elle tend une main tremblante vers l'enveloppe, la prend, respire profondément puis se décide à l'ouvrir. Après quelques secondes d'hésitation, elle tire sur la petite note qui s'y trouve, repose l'enveloppe et déplie le papier pour découvrir, à sa grande surprise, une écriture plutôt soignée, aux lettres légèrement penchées :

« Bonjour Lisa,

Ta nouvelle chambre te plait-elle? Il serait grand temps que l'on se rencontre, qu'en penses-tu ? Dans le tiroir de ton bureau, tu trouveras de quoi m'écrire si l'envie te vient de me répondre (ce qui, je te l'avoue me ferait énormément plaisir).

Dans l'espoir de pouvoir te lire bientôt

Sincèrement,

James »

Lisa reste un instant à fixer la signature au bas de la note : James... Tel est donc le prénom de cet homme qui la retient prisonnière ici. Cet homme qu'elle hait au plus haut point, sans jamais l'avoir rencontré.

D'un geste brusque, elle froisse la feuille dans sa main et la lance à travers la pièce, en grognant. Elle regarde la petite masse froissée terminer sa course sur le parquet, puis se lève brusquement pour se diriger vers le bureau. Elle ouvre le tiroir à la volée pour y découvrir des stylos, du papier et un paquet d'enveloppes identiques à celle que ce dénommé James lui a fait parvenir. La jeune femme prend une feuille, un stylo et griffonne à la hâte.

«Ah c'est nouveau ça?!

Depuis quand mon avis vous intéresse-t-il? Vous me gardez ici contre ma volonté, depuis des semaines, je ne comprends pas pourquoi tout d'un coup vous avez besoin de mon accord.