Chapitre 34: Un visiteur

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12 h 30

Cela fait déjà plus de vingt minutes que Lisa a quitté le chalet et court, dans l'espoir de croiser une habitation, où elle pourrait demander de l'aide. Épuisée, elle s'arrête et s'appuie contre un arbre afin de reprendre son souffle. La main pressée sur ses côtes, elle respire lentement pour tenter de maîtriser la douleur lancinante de son point de côté. Toujours rien à l'horizon. Rien d'autre que de grands arbres. Elle observe les énormes racines de celui contre lequel elle a trouvé refuge. Il lui semble bien l'avoir déjà croisé.

Ce n'est pas le moment de tourner en rond.

Elle laisse échapper un râle de frustration en repérant les traces dans la neige qui pourraient bien être ses pas. Maintenant qu'elle est immobile, le froid se fait davantage ressentir. Lisa réajuste le col de son manteau et reprend sa route, en s'assurant d'emprunter un trajet qui lui semble inexploré. Elle repère un petit sentier sur sa droite et s'y engage. Après quelques minutes de marche, elle s'arrête à nouveau. Elle vient d'entendre un bruissement dans son dos. La jeune femme se retourne et scrute aussi loin qu'elle le peut, à travers les énormes troncs. Elle bondit et laisse échapper un petit cri, lorsqu'un écureuil surgit d'un buisson et grimpe jusqu'aux plus hautes branches.

À peine le temps d'être soulagée de cette première frayeur, voilà qu'elle entend crisser la neige derrière elle. Lisa se retourne lentement et sursaute en découvrant Will debout à quelques pas d'elle. La respiration saccadée et le corps secoué de tremblement, le garçon la fixe, le regard furieux.

— Pourquoi t'as fait, ça ? pleure-t-il.

— Tu oses me poser cette question, Will ?

— Tu veux aller à la Police ? Tu veux aller tout leur dire, c'est ça ? Je ne te laisserai pas faire.

Il glisse la main dans son dos et Lisa sent la terre se dérober sous ses pieds, lorsqu'elle le voit sortir une arme, avec laquelle il la braque. Elle lève les mains et tente de lui parler le plus calmement possible.

— Will qu'est-ce que tu fais ? Pose ça s'il te plaît.

— Non, je ne veux pas que papa aille en prison, pas à cause de moi.

— Calme-toi, Will et pose cette arme, je t'en prie. Personne n'ira en prison.

— Mais si ! hurle le garçon. Toi t'es partie, papa ira en prison et moi en foyer et ça, je ne veux pas, je ne veux pas, je ne veux pas...

De son bras tremblant, le garçon agite l'arme, Lisa tressaille et ferme les yeux à chacun de ses gestes brusques.

— Will, je te jure que je n'ai pas l'intention d'aller à la Police, je veux juste rentrer chez moi...

Un sanglot vient ponctuer sa phrase. Elle sait à quel point Will est instable sur le plan émotionnel et dans l'état où il se trouve, Dieu seul sait de quoi il est capable.

— Je voulais juste une famille. Est-ce que c'est trop demandé ?

Il baisse la tête, ainsi que son bras, ses épaules tremblant au rythme de ses pleurs. Lorsqu'il relève le menton, ses yeux, qui étaient jusque-là remplis de tristesse, n'expriment plus rien, son regard est totalement vide, ce qui fait frissonner Lisa. Elle se demande s'il s'est fait une raison et accepte son départ. Tout en la fixant, il lève à nouveau le bras et retourne l'arme contre lui, la pressant contre sa tempe.

— Will non ! s'écrit Lisa en pleur.

L'adolescent cligne des yeux et si Lisa, n'était pas autant envahi par l'effroi, elle aurait remarqué cette petite étincelle, qui vient raviver son regard.

Celle que je veuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant